De Romy Schneider... à Sarah Biasini

1942

Le petit frère de Romy, Wolfdieter naît le 21 juin 1942. C'est un petit garçon docile qui se plie sans mot dire à toutes lesfantaisies de sa grande soeur : elle l'affuble de costumes extravagants, lui interdit le moindre mouvement pendant d'interminables éances d'essayage, l'admoneste vertement dès qu'il montre des signes d'impatience. Puis elle l'embrasse comme sa poupée préférée, sitôt le supplice terminé.

Les deux parents, cette fois encore, ne sont pas assez présents et le couple s'effrite peu à peu.

1944

A six ans, Romy est scolarisée à Berchtesgaden. Entre les heures de classe et les devoirs à la maison, l'existence sécoule, paisible. Romy reçoit une éducation traditionnelle, où les vertus morales et l'obéissance se conjugent avec les bonnes manières.

1945

Séparés depuis 1943, les parents de Romy divorcent. C'est une période sombre pour Magda. Hésitante, c'est tour à tour une épouse délaissée qui ferme les yeux pour sauver les apparences, et une femme blessée pour une jeune femme, une actrice, plus jeune.

Abandonnée par son mari, Magda doit aussi lutter pour un quotidien plus âpre. L'Allemagne, pays vaincu et ruiné par la guerre, ne tourne plus aucun film. Seule avec ses deux enfants, elle doit accepter de petits engagements, des cachets médiocres.

1949

Romy entre, le 1er juillet, à l'internat Goldenstein, un château situé à 5 kilomètres de Salzbourg. l'enseignement catholique y est austère malgré la bienveillance des soeurs : les longues heures d'études succèdent aux cours intensifs, les devoirs du soir aux prières et les élèves n'ont droit qu'à une visite par mois dans leur famille.

L'armée américaine ayant établi un poste de commandement dans la maison de Mariengründ, les visites se font rares et compliquées. Wolfi n'a pu venir que deux fois seulement pour une courte visite à sa soeur.  Isolée, Romy se confie peu.

1951

Pour son 13e anniversaire, Romy reçoit un journal intime qui devient son confident "Peggy". Elle le remplit et y ajoute de nombreux dessins et collages où ses parents sont côte à côte. D'ailleurs, la célébrité de sa mère lui vaut une certaine popularité auprès de ses camarades de pensionnat.

Romy assume l'héritage d'une dynastie de comédiens : dans les pièces montées par soeur Teresa, l'aisance de son jeu, sa faon de danser enthousiasment déjà son jeune public. Mais jamais ses parents ne sont venus assister à l'une des représentations... Wolfgang, le père de Romy, ayant eu vent de ce succès fait parvenir à Romy un superbe costume de Méphisto.

Extrait de "Moi, Romy" :
11 novembre 1951 : "Oh ! J'ai bien envie de me sauver cette nuit. Ce serait chouette, une gentille petite aventure de jeune fille. J'en serais capable, et même, personne ne s'en apercevrait ! Alors j'irai à Paris ou à Mexico et je jouerai un cow-boy dans un théâtre !"

1953

Magda Schneider épouse l'hôtelier et grand chef cuisinier, originaire de Cologne, Hans Herbert Blatzheim. En juillet, Romy quitte l'internat pour regagner Mariengründ afin de rencontrer son beau-père que Magda lui demande fermement d'appeler "Daddy". A la rentrée, sa mère l'inscrit tout d'abord à l'Ecole des Beaux Arts de Cologne. Cet été-là, Magda est très occupée : après une longue traversée du désert de huit ans, le producteur Kurt Ulrich lui propose le premier rôle de son prochain film "Lorsque refleuriront les lilas blancs" du réalisateur Hans Deppe.

Le 15 juillet, un coup de téléphone vient interrompre les vacances... C'est Magda : le réalisateur cherche une adolescente pour interprêter le rôle de la fille de Magda dans le film. Après un bout d'essai à Berlin, Romy est sélectionnée et découvre l'atmosphère d'un plateau.

Le film est un succès et la presse adresse à Romy un excellent accueil. Les débuts de l'adolescente à l'écran sont si remarquables qu'elle signe déjà pour le film suivant, "Feu d'artifice", une comédie musicale avec Lili Palmer. L’ambiance sur le plateau sera dynamique qui aboutira à un film agréable. Romy a découvert sa voie.

1954

Quelques mois plus tard, invitée à la projection de "Valse d'adieu à Munich", Romy rencontre le producteur : Ernst Marischka. Le gros et jovial Ernst va changer sa vie. Ce vieux monsieur pétillant et charmeur s'entend à merveille avec Magda et Daddy Blatzheim et profite du succès de Romy pour la conduire de plus en plus loin et de plus en plus haut.

Son projet : évoquer la jeunesse de la reine Victoria d'Angleterre. L'actrice pressentie pour le rôle est évincée par Romy. Magda est également engagée dans la distribution. "Les jeunes années d'une reine" sera le deuxième d'une longue série de huit films que la mère et la fille, inséparables, vont tourner sous l'oeil enchanté du public. Ce film sera le premier grand succès commercial de Romy.

Encouragé, Marischka met en chantier un nouveau film dont Magda et Romy sont à nouveau la vedette car le duo attire désormais les foules. Pourtant le film, « Mam’zelle Cri-Cri », déçoit un peu par sa naïveté.

1955

Romy est en train de devenir célèbre. Sur ces quelques intrigues sentimentales, Ernst Marischka vient de réinventer la recette d’un triomphe facile.

Et ainsi arrive « Mon premier amour » (remake d’un film de 1924) qui ne laisse pas un souvenir impérissable mais qui permet à Romy l’un de ses premiers rôle « moderne ». Mais Marischka revient avec une grande promesse « Tu vas faire rêver toutes les jeunes filles d’Europe ». Romy âgée de 17 ans ne se doute pas qu’elle va devenir prisonnière d’un mythe.

En août 1955, Romy passe ses vacances à Berchtesgaden. Vacances studieuses où les journalistes sont très présents et fixes l’image d’une Romy épanouie dans une robe à pois revenue à la vie champêtre. Mais déjà, elle étouffe sous les conseils de sa mère et de son beau-père.

Mais « Les jeunes années d’une reine » était un bout d’essai pour le but final de Marischka : une comédie sentimentale sur la vie d’Elizabeth d’Autriche, dite « Sissi ». Pour ce film à gros budget, aucun détail ne sera négligé (des costumes somptueux, des prises de vue en extérieur et une musique faite sur mesure) afin de recréer les fastes impériaux. A sa présentation, le film provoque un délire et le bouche-à-oreille fonctionne mieux que la presse. En quelques semaines, les recettes du film dépassent celles d’ « Autant en emporte le vent » et est exporté dans toute l’Europe, sans parler du merchandising…

1956

Marischka décide aussitôt de faire un second épisode et « Sissi impératrice » provoque un enthousiasme similaire et les jeunes filles commencent à adopter le style « princesse ». Mais Romy proteste et ne comprend pas que l’on puisse imaginer une suite. Elle commence à se sentir lasse d’interpréter ce personnage idéalisé, sans parler des désagréments infligés : la perruque pèse plus de six kilos et lui provoque de violentes migraines. Mais ma pression de son entourage est un calvaire et elle cède.

Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes en 1957 et Romy reçoit un "bambi" (l’équivalent des "Oscars") pour un rôle pourtant quelque peu anachronique dans une Europe ou la mode est aux "rebelles" (James Dean) et à l’érotisme (Brigitte Bardot)…

A 18 ans, Romy est célèbre dans le monde entier et plus riche qu’elle ne le croit. Hans Herbert gère sa fortune et place l’argent. Il lui accorde 6000 francs (anciens) d’argent de poche par mois. Traquée par les journalistes et les admirateurs, Romy joue à cache-cache.

Toujours en 1956, Romy tourne un film moins spectaculaire mais tout aussi efficace pour son public. Il s’agit de « Kitty ». Elle souffle un peu. A la fin de cette même année, Romy fait la connaissance de Host Buchholz à l’occasion du tournage de « Un petit coin de paradis ». Avec ce jeune comédien, que la presse considère comme le « James Dean allemand », se noue très bientôt une idylle, faisant la joie des journalistes et des lecteurs avides de romantisme.

1957

Mais à travers cette romance, très surveillée par Magda par ailleurs, Romy prend également ses distances vis-à-vis de ceux qui l’ont guidée et notamment de sa mère pour qui elle conserve cependant une affection entière. C’est avec joie, cette fois, qu’elle accepte de jouer dans « Monpti ». Le sujet la comble : il lui permet, tout d’abord, de changer d’emploi puis de découvrir Paris et enfin de retrouver Horst avec qui elle partage la vedette.

Monpti va représenter une véritable étape dans la carrière de Romy. Filmée adroitement dans quelques situations teintées d’un érotisme que n’auraient pas désavouées certaines personnalité de la « nouvelle vague », elle provoque le plus vif mécontentement auprès des admirateurs de Sissi qui ne lui pardonnent pas de trahir ainsi la mémoire de leur idole. Car il ne faut pas s’y tromper : il s’agit là, sans nul doute, d’une amorce d’évolution particulièrement intéressante. Mais « Montpi » n’obtiendra pas le succès escompté. Pour Romy, c’est une déception car l’étau se resserre et Marischka réapparaît : elle n’a pas fini d’honorer son contrat…

Il compte bien faire un nouvel épisode de la série qui a fait sa gloire et sa fortune et avec « Sissi face à son destin », il promène ses caméras dans toute l’Europe. Le phénomène « Sissi » ne tarde pas à attirer les producteurs américains qui achètent les trois épisodes pour former un film diffusé sous le titre « Forever my love ».

Lassée, Romy accepte de tourner dans un film simpliste « Mademoiselle Scampolo » qui lui permet de se débarrasser des lourdes robes et de tourner pieds nus dans une île paradisiaque.

1958

Romy, attirée par la grandeur d’Hollywood y fera un séjour de trois semaines pour la promotion des « Jeunes année d’une reine ». Elle n’obtiendra pas le rôle escompté. Bien que sollicitée par la MGM et la Paramount qui lui offre un contrat de trois ans, elle hésite et « Daddy Blatzheim » qui refuse de voir partir le filon, s’oppose à cette offre.

Mais peu à peu Romy se libère du carcan maternel et Magda s’efface devant sa fille. Et malgré toutes les pressions familiales et un million de marks, Romy refuse obstinément de tourner un 4^e Sissi.

L’entreprise difficile de « Jeunes filles en uniforme » séduit Romy qui entrevoit enfin la possibilité de métamorphoser son image de marque. Le personnage du professeur sera incarné par Lili Palmer que Romy retrouve avec plaisir. La confrontation Romy-Lili est un événement qui attire et réjouit le grand public. C’est la consécration. Pour Romy, ce rôle difficile, représente une expérience fascinante. Mais, épuisée, elle s’évanouira deux fois en une semaine au cours du tournage.

Malgré les protestations de sa mère (qui avait tenu le rôle principal en 1932) et à la demande de Pierre Gaspard-Huit, Romy accepte de tourner le remake de « Liebelei ». Le film est rebaptisé « Christine » et Romy y rencontrera de jeunes partenaires : Jean-Claude Brialy (qui restera un ami très proche, toute sa vie) et Alain Delon, qu’elle a choisie sur photo. Et l’encre des journalistes coulera plus sur ce début de romance avec le beau jeune homme que pour louer le film qui sera boudé par la critique et le public.

La première rencontre de Romy et Alain se déroule quelques mois avant le tournage à l’occasion d’une réception en son honneur. Venu la chercher à l’aéroport, Alain, les bras chargés de roses l’accueille sans grande chaleur. Jean-Claude est là pour faire « tampon » entre les deux jeunes gens mais les méandres du tournages et des « baisers de cinéma » vont jouer un tour au jeune couple.

Après le tournage, Romy rejoint sa mère pour des vacances à Bruxelles mais… Alain la suit. Magda est furieuse mais Romy s’en moque. Elle s’hésite plus à s’afficher avec son nouvel amour et l’embrasse sans se cacher. Magda et son mari sont furieux mais Romy ne cède pas.

Liée par contrat pour un autre film, « Eva », Romy doit accomplir son devoir à regret car l’absence d’Alain lui est intolérable. Dès la fin du tournage et au lieu de regagner Cologne, elle part pour Paris et s’installe avec Alain.

L’Autriche et l’Allemagne sont furieuses : il s’agit quasiment d’un crime de « lèse majesté » contre leur Sissi et les articles contre Alain Delon sont très virulents. Au moment de sa romance avec Horst Buchholz, Romy avait dû céder à ses parents. Alain n’est pas un caprice et les supplications de Magda sont vaines, au point que Romy rompt toute relation avec sa famille pendant plusieurs mois.

1959

Magda ne peut que se rendre à l’évidence : Romy leur échappe et, avec elle, de confortables revenus… Cette liaison est sévèrement jugée et pour régulariser la situation, Magda annonce des fiançailles « officielles » à la presse qui sont célébrées à Lugano le 22 mars 1959. Romy et Alain ; pris au piège, se soumettent à contrecoeur à cette soirée médiatique. Pendant 5 ans, pour la presse et le public, ils deviendront « Les éternels fiancés ».

« Eva » est présenté au Festival de Cannes et Romy y retrouve sa mère pour poursuivre par le tournage de « La belle et l’empereur » dont elle partage la vedette avec Jean-Claude Pascal. Mais ce film, malgré des décors somptueux ne parvient pas à intéresser.

Fin août, Robert Siodmak entame la réalisation de « Katia ». Romy et Curd Jürgens, alors au sommet de sa gloire, ont été désignés pour les rôles principaux. Les similitudes de ce film avec « Sissi » redonnent espoir aux nostalgiques. Mais tous ses films déçoivent.

Dès la fin de « Katia », elle rejoint Alain sur le tournage de « Plein soleil » (elle y fera une brève apparition). C’est le succès pour Alain qui devient une vedette à part entière.

1960

Romy est découragée : ignorée par l’Allemagne et l’Autriche qui ne lui pardonnent pas son abandon, encore méconnue des français, elle ne tourne pas. Elle accepte de jouer dans un téléfilm allemand « Lysistrata » qui est une déception. Dès la fin du tournage, elle part pour Milan afin de rejoindre Alain sur le tournage de « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti qu’elle rencontre enfin. Il est sévère mais une sincère sympathie va très vite la lier à cet homme, son « maître ».

Visconti cherche depuis quelque temps à mettre en scène une pièce de théâtre qu’il souhaite faire avec Alain. Son choix de pièce se porte enfin sur un drame « Dommage qu’elle soit une putain » et Visconti porte son choix sur Romy pour jouer le rôle d’Annabella et lui propose le rôle. Romy est interloquée : non seulement elle n’a aucune expérience de la scène mais aussi, elle ne parle pas assez bien le français !

1961

Mais il est impossible à Romy de résister à son maître. Encouragée par ses partenaires et Alain, Romy prend des cours de phonétique et de diction pour améliorer son français, puis répète sans relâche… Elle est épuisée, cette expérience est une erreur… Mais Visconti va régner en véritable desposte mais ne cesse de prouver son génie. Intransigeant, il exige le maximum de sa troupe et en particulier de Romy et d’Alain. Il pousse Romy dans ses derniers retranchements dans des scènes difficiles et des affrontements très durs.

Mais, alors que les répétitions prennent fin, à quelques jours de la générale fixée le 09 mars 1961, Romy est transportée d’urgence à l’hôpital pour une appendicite aigüe. Pendant que la presse s’en donne à cœur joie, cloîtrée dans sa chambre d’hôpital, Romy se console en lisant les nombreux messages d’amitié.

Après 15 jours, Romy, le ventre bardé de bandage reprend la route du théâtre. La première est fixée au 29 mars. Le tout Paris est au rendez-vous. Magda, qui avait pourtant prédit une catastrophe à Romy, et Wolfie sont également présents afin de clore la dispute d’autrefois. Le rideau tombe sur une ovation et Romy tombe dans les bras de sa mère.

Malgré ce triomphe, la critique parisienne réserva un accueil plutôt froid à la pièce. Malgré le talent reconnu des acteurs, personne n’est épargné. Cela n’empêche pas les spectateurs de se presser, chaque soir devant le théâtre. Interrompu pour l’été, le spectacle est repris au début du mois de septembre pour 45 représentations.

A nouveau, Romy reçoit des offres de l’Allemagne mais elles ne sont pas satisfaisantes et elles sont aussitôt rejetées. La presse allemande, qui ne digère pas ces refus, n’épargnera pas Romy.

Mais Visconti parle déjà d’un nouveau projet « Boccace 70 ». Pour jouer le rôle de la comtesse dans « Le travail » il a choisit une actrice. Pourtant, quelques jours plus tard, Romy reçoit un télégramme lui proposant le rôle. Elle pense à un canular et ne donne pas suite au message. Mais un appel téléphonique lui confirme le sérieux de cette offre. Pendant les jours de pause de la pièce, Romy est prise en mains par Coco Chanel qui lui offre une toute nouvelle image pleine de charme et d’assurance. Le tournage démarra au mois d’août et, pour la première fois, elle accepte de se dénuder sous les projecteurs. Elle est rayonnante, étonnante, sublime. A la fin du tournage, Luchino glisse au doigt de Romy un petit anneau en bois incrusté de deux diamants et d’un saphir. Elle ne le quittera plus. Le film est sélectionné par le Festival de Cannes et c’est Romy qui est demandée pour représenter le film pour son exploitation aux USA.

Dès la fin des représentations de « Dommage… », Alain se rend en Italie pour le tournage de « L’éclipse » tandis qu’elle part en Normandie pour les extérieurs du film « Le combat dans l’île ». Mais ce film, intéressant, restera méconnu.

Evoquée pendant les représentations de « Dommage… », Romy accepte de jouer le rôle de Nina dans « La mouette ». Mais, entre les répétitions du rôle et la post-synchronisation de son dernier film, Romy vit durant tout le mois de décembre, une période pénible.

1962

Les affiches rouges annonçant les débuts de la pièce sur Lyon couvrent bientôt la région où les représentations doivent commencer dès la mi-janvier et pour 5 mois. La troupe se déplace en train ou en cars et toutes les villes traversées font salle comble. La foule, curieuse, veut voir celle qui fut« Sissi » et lorsqu’elle vient saluer, les roses surgissent de partout et malgré le trac et la fatigue, Romy donne le meilleur d’elle-même, comme à chaque fois.

En avril, elle craque sous l’épuisement et est hospitalisée. Elle reprend pourtant la tournée. C’est au retour que Romy reçoit un télégramme pour un film d’Orson Welles : « Le procès ». Elle ne rencontrera que célèbre comédien que quelques jours plus tard mais, intimidée, elle n’ose l’aborder. Romy finit par obtenir le rôle convoitée, celui de Lény, la maîtresse de l’avocat. Le tournage se déroule du 26 mars au 5 juin. Romy est éblouie et propose même à Welles de jouer lui-même l’un des rôles. Elle est ravie et reçoit de Welles un dollar pour son idée. Annoncé pour le mois d’août au Festival de Cannes, le film ne sortira qu’au mois de décembre 1962 sur les écrans parisiens. Le film passionnera les « intellectuels » mais surprendra le grand public habitué à des histoires moins tortueuses et moins hermétiques. Romy recevra « Le grand prix d’interprétation féminine étrangère » pour ce rôle.

1963

Dès février, Romy se rend à l’invitation de producteurs américains qui ont acheté « Boccace 70 » afin de l’exploiter sur le marché Outre-Atlantique. La Columbia propose à Romy un contrat de 7 films en 7 ans, renouvelable. Chaque film peut lui rapporter jusqu’à 100 millions d’anciens francs et dès l’automne 1963, elle revient en force à Hollywood accompagnée d’une équipe de huit personnes attachées à son service et s’installe dans une superbe villa à Beverly Hills.

La métamorphose de Romy fait l’effet d’une bombe pour le public américain qui avait conservé en mémoire une image à « l’eau de rose ». Le film connaît un grand succès et Romy est l’invitée d’honneur de deux émissions TV et les producteurs proposent à Romy une participation dans deux super-productions hollywoodiennes, la première dans un film de Carl Foreman, « Les vainqueurs » et la seconde avec Otto Preminger pour « Le cardinal ».

Le tournage du premier commence au printemps en Suède puis à Londres et en Belgique. Pour ce rôle, Romy apprend avec application le violon comme en témoignera le film.

« Le cardinal » se tourne, lui aussi, dans de nombreuses villes en Europe et aux Etats-Unis qui se termine à Vienne et Romy passe quelques jours auprès de ses parents. Otto se déclare très satisfait de la performance de Romy dans le rôle complexe d’Anne-Marie. Un gala organisé le 19 décembre à Paris va saluer la sortie du film en France.

Pour son troisième film avec la Columbia, une folle comédie saupoudrée de gags intitulée « Prête-moi ton mari », le visage et l’allure de Romy sont remodelés aux dimensions du « moule » hollywoodien. Le maquillage est accentué, les coiffures sophistiquées et les robes audacieuses, rien de manque à la panoplie. Mais Romy qui ne semble guère avantagée par cette transformation étonne par son assurance et son professionnalisme.

Très bientôt, elle parle anglais couramment et à chaque scène, elle veut améliorer ses connaissances. Elle sait désormais qu’elle peut tout jouer et elle a confiance en ses capacités de comédienne.

1964

Après cet échec, Romy rompt son contrat avec la Columbia et dès les prises de vues terminées, Romy regagne Paris où son apparition dans « Le cardinal » emporte déjà tous les suffrages. Fin juin 1964, elle est désignée par Le Figaro et Cinémonde comme la meilleure actrice étrangère de l’année et recevra, des mains de Michèle Morgan, un prix décerné par le public : « La victoire du cinéma français ».

Fin juillet, rentrée à Paris, de nouvelles déceptions l’attendent. L’absence à fait son œuvre et la passion qui la liait à Alain s’efface peu à peu, laissant la jeune actrice dévorée d’inquiétude face à un homme chaque jour plus distant. Et un jour, trois douzaines de roses accompagnées d’un mot d’adieu… Au printemps 1963, Delon avait rencontré une jeune femme, Nathalie Barthélémy et elle attend un enfant. Mais, déjà l’été précédent, la presse avait publié une photo d’Alain assis avec une femme sur les genoux… La légende était éloquente : « Flirt ou amour ? ».

Pour Romy, le choc est brutal. La presse à sensation s’empare de l’événement. En août, Alain et Nathalie se marient.

Romy, avide de s’étourdir et oublier, commence le tournage de « L’enfer » mais le film ne sera jamais achevé. Visconti souhaite donner un rôle à Romy dans son nouveau film. On parle de Noureev et quelques séquences sont tournées. Mais là aussi, le film est inachevé. Romy, profondément déçue achète les droits du roman avec l’espoir de le proposer plus tard à un réalisateur de son choix.

Le sort semble s’acharner mais un jeune réalisateur, Clive Donner, lui propose un rôle dans « What’s new, Pussycat ? », une nouvelle comédie. Romy éprouve le besoin de se détendre et accepte. Mais un nouvel incident renforce la conviction de Romy quant à sa malchance. En effet, lors d’une scène de poursuite, l’un des acteurs trébuche sur un câble et fait basculer un projecteur sur la tête de Romy. L’intervention de Peter O’Toole lui évite une sérieuse brûlure mais Romy garde une plaie profonde sur le cuir chevelu. Le tournage s’achève ensuite sans encombre et le film est accueilli par un public favorable.

Outre son malaise d’ordre privé suite à sa rupture avec Alain, Romy subit sur le plan professionnel une éclipse assez soudaine. Car si son passage aux Etats-Unis lui a permis d’améliorer ses qualités artistiques, rares sont les acteurs européens à pouvoir rivaliser avec les stars US et les films tournés n’ont, finalement, pas eu de grandes conséquences sur sa carrière.

1965

Sans doute, Romy est prise de nostalgie et elle décide, sur un coup de tête de partir pour l’Allemagne. Au printemps 1965, à Berlin, elle fait la connaissance de Harry Meyen, un metteur en scène réputé dans les milieux du théâtre allemand, de 14 ans son aîné. Il propose à Romy d’être l’héroïne d’une pièce qu’il compte monter pour Noël. La perspective de remonter sur les planches la tente mais finalement, la pièce ne sera jamais mise en scène. Cependant, Romy et Harry ont appris à se connaître et à s’apprécier, au grand mécontentement de la presse allemande. Car Harry est déjà marié. Trois mois plus tard, Meyen est engagé dans une superproduction pour jouer dans « Paris brûle-t-il ? ». Le tournage début mi-juillet et durera 16 semaines.

Romy, elle aussi est de tournage et leur relation va évoluer. Ils décident, à la fin du tournage de passer quelques jours à Saint-Tropez. Romy trouve en Harry un grand réconfort mais l’inaction lui pèse, aussi accepte-t-elle un nouveau film « 10 heures 30 du soir en été » et le tournage se déroule en Espagne. Romy est au sommet de sa beauté mais,à sa sortie, le film passe inaperçu.

A cette même époque, Claude Lelouch lui propose d’être la partenaire de Jean-Louis Trintignant dans « Un homme et une femme » mais n’ayant aucun scénario, Romy préfère refuser. Décision que Romy regrettera beaucoup par la suite. Quelle aurait été la conséquence d’un tel rôle sur sa carrière ?

1966

Cela lui permet, cependant, d’accepter le rôle que Jean Chapot lui propose dans «La voleuse» et le tournage débute en mars 1966. C’est aussi la rencontre avec celui qui sera l’un des partenaires de Romy dans de nombreux films : Michel Piccoli.

Malgré tout, le film est un cuisant échec commercial et Romy s’épuise vainement dans une carrière qu’elle ne contrôle plus…

Parce qu’il a failli être le dernier film de Romy, « Triple Cross » marque la fin de toute une époque de sa carrière et de son existence. Contactée pour remplacer Ursula Andress, Romy demande au réalisateur d’engager Harry Meyen dans la distribution. Le tournage à lieu mi-juin en région parisienne. Romy est enceinte et profite d’un séjour sur la Côte d’Azur pour épouser discrètement Harry le 15 juillet 1966. Harry a la force du père qui lui a manqué.

Dès la fin du tournage, Romy quitte la France où plus rien ne la retient… Elle s’installe à Berlin. Le 3 décembre 1966, elle donne le jour à David-Christopher Haubenstock, son fils.

Quelques jours plus tard, « Triple Cross » projeté dans les meilleures salles à grand renfort publicitaire n’obtient qu’un succès moyen. Mais Romy, toute occupée à pouponner, ne s’en soucie guère. Comblée, elle oublie les querelles et les échecs pour retrouver l’apaisement dans les joies de la maternité.

1967

Pendant près d’un an, Romy se contentera de jouer le rôle d’une épouse et d’une mère attentive. Toute à son nouveau bonheur, elle annonce son intention de quitter le cinéma pour se consacrer à son enfant.

Le 21 février, son père, Wolf décède.

1968

Mais bientôt, Romy ne supporte plus cet anonymat dans lequel la naissance de David l’a entraînée. Elle ne peut s’empêcher de songer à son métier. Dès le début de l’année, une nouvelle proposition pour le film « Otley » se présente. Mais le film n’est qu’une parodie parfois grotesque. Romy manifeste un ennui évident.

Coup manqué donc pour Romy qui, déçue, repart pour l’Allemagne et s’enferme à nouveau dans le silence. Pourtant un coup de fil inattendu va changer sa vie et sa carrière. Le réalisateur du nouveau film d’Alain Delon, « La piscine » lui propose le rôle principal.

Le tournage début le 19 août 1968 dans les environs de Saint-Tropez. Et les retrouvailles, très médiatisées des « Eternels fiancés » font la une des journaux et les rumeurs courent malgré la présence de Harry et David sur le tournage.

1969

Car en janvier 1969, c’est une Romy transformée que le public découvre sur les écrans : nue, bronzée, svelte, Romy est superbe. Et malgré le scandale « Markovic » où Delon est soupçonné, le film remporte un immense succès.

Pour fêter son retour sur le devant de la scène, Romy accepte de jouer dans le prochain film de François Reichenbach « Le massacre » mais le projet avorte.

Romy se rend à nouveau à Londres pour le rôle difficile d’une mère dans « L’inceste ». Romy est piquée par cet obstacle.

Alors que Romy termine le doublage des versions anglaise et allemande de « La piscine », Claude Sautet, peu connu du public à cette époque, propose à Romy le premier rôle féminin dans « Les choses de la vie ». Profondément émue par le sujet, elle donne aussitôt son accord. Michel Piccoli viendra compléter le trio de complices dont Romy sera l’égérie. Les prises de vues se déroulent en juillet 1969 sur Paris et la Rochelle et le film nécessitera à Sautet onze mois de travail (6 mois de préparation, 2 mois de tournage, 3 mois de montage).

1970

En France, « L’inceste » est un échec : le film est projeté pendant l’été 1970 et passe totalement inaperçu. De plus, Romy (31 ans) semble assez peu crédible dans son rôle de mère d’un jeune homme déjà bien mûr pour incarner son fils de 17 ans…

Par contre, « Les choses de la vie » obtient dès le 09 janvier, le prix « Louis Delluc ». En mai, il est sélectionné pour le Festival de Cannes mais n’obtient aucune distinction. Pourtant, le film poursuit une carrière triomphante tout au long de l’année et va permettre à Claude Sautet de se hisser au grand jour.

Pour Romy, il s’agit de l’un de ses films préféré. A noter que Romy enregistre, aux côtés de Michel Piccoli, une chanson… C’est la troisième interprétation de Romy mais elle sera aussi la dernière.

Dès le mois de janvier 1970, elle devient la vedette de « Qui ? » où Romy retrouve Maurice Ronet mais le film laisse perplexe.

Romy enchaîne sur « Bloomfield » réalisé et interprété par Richard Harris. Rôle peu important et comme ses deux premières productions britanniques, le film est un échec. Mais Romy ne laisse personne indifférent et Richard Harris n’est pas le dernier à succomber à son charme.

Bien que « La califfa » ne laisse aucun souvenir particulier, ce film permet à Romy d’élargir d’un cran l’éventail de ses dons et affirme auprès du public une sensualité profonde. Sélectionné à Cannes pour représenter l’Italie en 1971, l’œuvre est vivement critiquée et jugée trop caricaturale et n’obtiendra guère plus de considération auprès du public.

Sautet, décidé à adapter « Max et les ferrailleurs » hésite à offrir le rôle de Lili à Romy. Romy reçoit le synopsis et supplie Sautet de lui confier le rôle. Comme d’habitude, elle met dans ce personnage ce qu’elle a de plus profond, de plus poignant. Aucun détail n’est négligeable et elle n’hésite pas à se renseigner à la source pour jouer son rôle. Le public, la presse, Sautet resteront sans voix devant sa prestation.

1971

La période noire est finie pour Romy. Sissi est oubliée, enterrée et sa vie familiale lui apporte des joies intenses, tout comme sa vie professionnelle.

Mais le monde l’idéalise un peu trop… Romy signe une pétition (« Le manifeste des 343 ») dans le journal Stern où elle reconnaît avoir subit un avortement. Partie se reposer sur la Côte d’Azur, elle rentre en Allemagne où l’attendent le Chancelier Willy Brandt et un procureur. Le tribunal à ouvert une action judiciaire contre elle et son aveu peut lui coûter un procès, une forte amende et 5 ans de prison. Elle s’en moque et son attitude lui gagne la sympathie de Jeanne Moreau, signataire du même manifeste en France, qui dans une lettre ouverte prend position pour elle. Finalement, Romy ne sera pas inquiétée et l’affaire est close. Mais elle n’a pas fini d’étonner. Peu de temps après, le même Stern publie des photos d’elle totalement nue. Non pour la mode : elle est décidée à changer son image.

A l’automne, après un tournage reporté plusieurs fois, Romy retrouve Delon au Mexique sur le tournage de « L’assassinat de Trotsky » et malgré un contenu politique décrié, le jeu des acteurs fait l’unanimité.

Lorsque Visconti envisage le tournage de « Ludwig », le choix des acteurs est facile : Helmut Berger est frappant de ressemblance avec le roi fou… mais il reste à trouver une Elisabeth d’Autriche. Invité au Festival de Cannes pour recevoir une récompense où Romy y est l’invitée d’honneur, il souhaite lui proposer un rôle qu’elle connaît déjà. Romy pense à une prostituée… Mais non, il s’agit d’Elisabeth !

Il a dit « Elisabeth »… pas « Sissi »… L’affaire est conclue et fait l’effet d’une bombe. Elle qui n’avait pourtant cesser de railler Sissi, elle accepte d’incarner à nouveau ce rôle mais Romy est ravie de rétablir la nature de la grande impératrice. Visconti obtient même des autorités bavaroises de tourner dans le palais de Louis II et la famille impériale lui prête bijoux et tableaux.

1972

Le tournage de « Ludwig ou le crépuscule des dieux » commence fin janvier en Autriche et se termine fin avril dans les studios en Italie. En février, Romy et Helmut Berger se voient contraints de tourner par une température allant jusqu’à – 10°C et bien que son rôle épisodique ne nécessite qu’un mois de tournage sur trois, il s’avère extrêmement difficile de jouer dans un corset qui lui serre la taille au point de ne plus pouvoir respirer tout en faisant le dressage d’un cheval. Romy est victime d’un malaise sur le plateau. Un médecin, appelé d’urgence, constate une tension faible et une extrême fatigue. Le tournage est suspendu sur les ordres de Visconti. Ces quelques jours de repos permettront à Romy d’être parfaitement rétablie.

Le film terminé est annoncé à grand renfort de publicité mais sa sortie est retardée par la maladie de Visconti qui espère présenter « Ludwig » à Venise.

Mais Claude Sautet revient bientôt avec un projet auquel il songe déjà depuis 8 ans : « César et Rosalie ». Car en 1964, il lui manquait non seulement l’appui des producteurs mais aussi celui de comédiens susceptibles de camper ses personnages avec vérité. Déjà on remarque la complicité qui le lie à Romy qui est devenue son actrice fétiche. Pourtant, pour le rôle de Rosalie, Sautet à d’abord songé à Catherine Deneuve puis est revenu à Romy, la seule capable de refléter le personnage. Après quelques hésitations (Romy ne s’identifie pas à cette femme hésitante), elle accepte le rôle car sa confiance en Sautet est immense. Le tournage, pourtant, n’est pas idyllique, la vie privée de Romy, en dent de scie, la rend irritable et agressive. A l’écran, rien n’y paraît. Dès sa présentation, le film est un succès foudroyant. Dans la plénitude de sa beauté, Romy symbolise la femme moderne à la fois redoutable et attendrissante, émancipée et lucide, maîtresse de ses opinions et de ses actes.

Mais bientôt, trop souvent éloigné, le couple Romy-Harry va se séparer. Délivrée, Romy s’installe définitivement en France où elle va bientôt connaître sa véritable consécration.

1973

Projeté en mars 1973 à Paris et bien que très attendu, « Ludwig » va quelque peu décevoir le public et la critique. Le jeu des acteurs divise l’opinion, sans parler de longueur de réalisation, pendant que Sautet reçoit le « Grand prix 1972 du cinéma français » pour « César et Rosalie ».

Pierre Granier-Deferre propose à Romy d’être l’héroïne de son nouveau film « Le train » et il s’applique à reconstituer, étape par étape, le trajet effectué au moment de l’exode en 1940. Le réalisateur offre au public une œuvre simple, honnête et poignante. Le film est accueilli favorablement.

En mai, après 3 ans d’errance, Romy s’installe enfin dans un appartement. Daniel Biasini, 25 ans, devient son secrétaire particulier.

A la mi-août, Romy se rend à Vittel où doit se dérouler le tournage du quatrième long métrage de Jean-Claude Brialy « Un amour de pluie ». Chacun d’eux a suivi sa route mais l’amitié est restée entre les deux acteurs. Après l’échec de ses deux derniers films, Brialy espère reconquérir le public mais sa nouvelle tentative n’est guère concluante. Après une sortie tardive, le film laisse les cinéphiles indifférents. Malgré leur bonne volonté le leur charme, Romy et son partenaire ne parviennent pas à sauver l’entreprise.

Dès la mi-septembre, Romy retrouve Paris et deviens l’une des nombreuses vedette du film de Michel Deville « Le mouton enragé » dans lequel Romy et Jean-Louis Trintignant sont réunis pour la troisième fois et le film obtient aussitôt les faveurs du grand public.

Durant l’hiver 73, Romy tourne à Paris puis à Marseille « Le trio infernal » sous la direction de Francis Girod dont  c’est le premier long métrage. Romy, d’abord, hésite, le côté trivial du sujet l’effraie sans doute, mais finalement convaincue par les arguments de Piccoli et Girod, elle accepte. Méconnaissable, le visage totalement transformé grâce à un maquillage superbe dans son outrance, Romy se déchaîne allègrement et réalise une performance inattendue qui sera tout autant applaudie que décriée.

1974

Film après film, le public et la presse s’attachent davantage à Romy. A 35 ans, elle s’affirme totalement comme comédienne et elle a atteint l’âge de la maturité et ose tous les rôles.

" Le trio infernal ", présenté au Festival de Cannes fait sensation.

Contactée, Romy accepterait de tenir le rôle de Miss Blandish dans « La chair de l’orchidée » mais déjà, Zulawski s’interpose avec son noir chef-d’œuvre que sera « L’important, c’est d’aimer ». Romy à le coup de foudre pour le rôle de Nadine Chevalier, un personnage fort et qui colle à la peau. Elle abandonne alors Mis Blandish, finalement incarnée par Charlotte Rampling. Romy dans ce film est exacerbée par Zulawski et entre eux deux il y a souvent des mots et même davantage…

Romy finira l’année par le tournage du film de Claude Chabrol « Les innocents aux mains sales » mais elle ne s’entendra pas avec lui, il ne la dirige pas comme elle en a besoin pour donner le meilleur d’elle-même et lors de sa sortie. Romy s’avouera déçue et reconnaîtra son erreur. Le film sera totalement ignoré sous la vague du succès de « L’important ».

1975

Lors de la première présentation de « L’important, c’est d’aimer » en février 1975, le film suscite les plus vifs commentaires, de l’engouement au dégoût. Mais la critique salue la création de Romy comme un événement et écrit qu’elle vient de trouver le meilleur rôle de sa carrière.

Pour Romy, l’année 1975 est décisive. Promue au titre de « Star », elle est l’une des vedettes les plus prisée du public. Elle reçoit, en février, le prix du public « L’archange du cinéma ».

En juin, le divorce de Harry et Romy est prononcé mais elle va devoir affronter un obstacle inattendu et pénible. Harry demande en effet dommages et intérêts. Pour obtenir la garde de son fils, Romy se verra contrainte de verser à son mari la moitié de sa fortune.

Après un repos de trois mois en Suisse, elle regagne Paris et reprend les chemins des studios. En été, elle obtient le prix d’interprétation féminine au festival Taormina.

Pour la première fois, sur l’insistance de Daniel, elle accepte de prendre 4 mois de vacances.

« Le vieux fusil » demeure, malgré son extrême violence, une admirable histoire d’amour et de tendresse. Dans ce film, Romy va déployer tout son charme dans un rôle assez court mais d’une profonde intensité. Le tournage se déroulera à la fin de l’année 1975 à Montauban, à Paris et Biarritz. Romy se donne à fond et dans la scène où elle est violentée, possédée par son personnage, se déchaîne au point de renverser un comédien dans les escaliers. Les prises de vue terminées, elle découvre qu’elle est couverte de contusions, ses ongles sont cassés et ses doigt sont abîmés. Robert Enrico, ébloui par son jeu avouera « J’ai coupé volontairement le son pour ne laisser agir que l’image mais les hurlements de Romy étaient terrifiants ! ». Dès les premières projections, le film reçoit un accueil étourdissant.

Le 18 décembre, Romy, qui attend à nouveau un enfant, se marie à Daniel Biasini.

1976

Rien ne viendra contrarier le succès du « Vieux fusil » et reçoit au printemps, le César du meilleur film de l’année. Pour les producteurs, le nom de Romy Schneider est devenu synonyme de succès. Elle n’a donc plus rien à prouver.

Mais début janvier, Romy perd son enfant tant espéré pour le printemps et le chagrin a du mal à se dissiper.

Professionnellement, l’année 76 sera une apothéose. En février, elle reçoit le « Grand prix international » et surtout, elle reçoit, le 3 avril, le César de la Meilleure Actrice pour son rôle dans « L’important, c’est d’aimer ». Romy profite de cet instant pour rendre un hommage à son maître et ami disparu 15 jours auparavant, Luchino Visconti, et lui dédie sa récompense.

Fin avril, Romy accepte le rôle principal de « Une femme à sa fenêtre », chronique de la vie d’une séduisante bourgeoise en 1936. Elle y retrouve Philippe Noiret. Bien que touchant, le film ne captive pas même si la maîtrise de Romy est, comme à l’accoutumée, est entière et rallie tous les suffrages.

A la fin juillet, elle rejoint Paris où elle répond à l’appel de Claude Sautet pour « Mado ». Son rôle ne lui prend que quelque jours mais elle accepte par fidélité avec son ami et car le personnage exprime un certain désarroi qui la touche profondément.

Enfin, dès septembre, elle se rend en Allemagne pour « Portrait de groupe avec dame ». Romy s’avoue très émue de retrouver, après 10 ans d’absence, la ville de Berlin où se rattache de nombreux souvenirs. Le tournage se déroule principalement en Allemagne et en Autriche dans des conditions particulièrement épuisantes puisqu’il est réduit à 10 semaines pendant lesquelles l’équipe tournera jusqu’à 16 heures par jour. Par ailleurs, Romy a des scènes très difficiles et passe de longs moments à genoux dans la neige alors qu’elle attend, de nouveau, un heureux événement.

1977

« Portrait de groupe avec dame » est en compétition au Festival de Cannes le 23 mai mais le film divise et déçoit. Et c’est donc avec surprise que Romy reçoit le 24 juin, le prix de la Meilleure Actrice de l’Année en Allemagne.

Sa joie est d’autant plus complète que Romy met au monde, le 21 juillet, une petite fille prénommée Sarah Magdalena. Née avant terme par césarienne, Sarah est placée en couveuse tandis que Romy est en observation. Romy se rétablit peu à peu et souhaite désormais profiter plus sereinement de sa nouvelle vie de famille et les propositions qui affluent sont mises en attente.

A la fin de l’automne, Romy songe cependant à reprendre les chemins des studios pour « Loulou ». Mais Liliana Cavani, fidèle à son goût prononcé de l’audace impose à sa vedette une interprétation qui la rebute. Les deux femmes s’opposent. Romy, intransigeante, s’estime trahie et rompt le contrat. Le film est finalement abandonnée quelques semaines plus tard pour n’être repris que deux ans plus tard, sans Romy, et sera un cuisant échec.