De Romy Schneider... à Sarah Biasini

1978

Déçue par cette mauvaise expérience, Romy assiste au gala d’ouverture du Festival de Cannes en mai puis regagne Paris où Claude Sautet lui a donné rendez-vous. Comme il lui avait, promis, il souhaite offrir à Romy, pour ses 40 ans, un grand rôle de femme. C’est « Une histoire simple ». Le tournage se déroule pendant 10 semaines à Paris et la pluie incessante n’arrête pas Sautet qui ne prend aucun retard. Un abcès dentaire oblige cependant Romy à quitter quelques jours le plateau.

Dès les premières semaines, le film est un immense succès et s’installe au sommet du box-office.

Romy répond également à l’appel de Terence Young pour le film « Bloodline ». Le tournage est mené tambour battant à New-York et à travers l’Europe. Le résultat, décevant, provoque l’ironie des critiques et laisse le public indifférent. Jamais un film à gros budget n’avait essuyé une telle défaite et il ne laisse que peu de souvenir dans la carrière de Romy.

1979

Le 3 février, Romy obtient pour la seconde fois le César de la Meilleure actrice pour son rôle dans « Une histoire simple ». Ce triomphe efface rapidement le souvenir de « Bloodline » tourné quelque mois auparavant.

A 40 ans, Romy porte déjà les stigmates d’une vie privée semée d’embûches. Désormais, elle ne veut plus tricher et n’hésite pas à se vieillir pour mieux se glisser dans la peau d’une femme marquée par le chagrin pour « Clair de femme ». Comme pour « L’important », le tournage est tendu et souvent difficile.

Présenté au Festival de Venise, le film divise mais attire le public en masse. On ne tarit pas d’éloge sur le couple Romy-Montand.

C’est à Mexico, où elle se repose avec Sarah et Daniel, que Romy apprend par télex la tragique nouvelle du suicide de son premier mari : Harry Meyen. Il s’est pendu, le 15 avril, dans son appartement de Hambourg. Romy retourne immédiatement à Paris où elle doit annoncer à David le décès de son père puis se rend à la cérémonie en Allemagne. Romy est anéantie et l’attaque de la presse qui l’accuse d’être responsable de cette mort ajoute encore à ce désarroi. Pour oublier, elle se livre totalement à l’étude d’un nouveau film de Bertrand Tavernier « La mort en direct ». Mais le réalisateur peine à trouver des capitaux.

Dès la mi-juin, Tavernier plante ses caméras dans le nord de l’Ecosse mais à peine la distribution établie, les ennuis se succèdent, Julie Christie se désiste ; Philippe Noiret qui devait tenir le rôle du mari subit une opération chirurgicale…

Enfin achevé, « La mort en direct » représente la France au Festival de Berlin en février et les louanges sont au rendez-vous mais n’obtient pas l’audience du public qui est dérouté.

L’été s’achève et Romy se rend au Festival de Taormina où elle est invitée. Très émue, elle y reçoit le « David di Danatello » (l’Oscar italien) pour l’ensemble de sa carrière et son rôle dans « Une histoire simple ».

1980

Quelques mois plus tard, citée pour « Clair de femme », Romy remet une récompense à Roman Polanski et se déclare très choquée par l’absence de « Miou-Miou » qui a reçue le César pour « La dérobade ». Assaillie par les journalistes, Romy se refuse à tout commentaire mais n’a nul besoin de justifier la reconnaissance qu’elle éprouve à l’égard d’une profession à laquelle elle a tant sacrifié.

Lorsqu’il songe à confier à Romy le rôle principal dans « La banquière », Francis Girod n’a pas encore réussi à s’imposer. Les producteurs se désistent et le tournage est annulé. Seule Romy lui manifeste son amitié et sa confiance. Grâce à ce soutien, Girod repart en quête et trouve. Le tournage débute le 23 février et sera rude car Girod exige le meilleur de Romy. Tourmentée par ses amours difficiles, Romy est épuisée par les nombreuses répétitions, elle fait preuve, comme toujours, d’une endurance et d’une détermination peu communes. Avec son affiche prestigieuse et une énorme campagne publicitaire, le film emporte rapidement la faveur populaire mais la presse, dans son ensemble, demeure partagée.

Tandis que les parisiens se pressent dans les salles pour voir le film, Romy participe le 28 septembre, à une soirée organisée en l’honneur de Luchino Visconti. « Ludwig » rassemblé des scènes coupées au montage sera diffusé en clôture de la « Mostra » de Venise et connaîtra un nouveau succès.

Les extérieurs de « Fantôme d’amour » seront tournés en Lombardie dès le début novembre. Romy éprouve des difficultés à s’exprimer en italien, les scènes avec Marcello Mastroianni se font donc en français. Dans ce film, Romy apparaît non seulement vieillie mais enlaidie, méconnaissable, le cheveu gras et le visage décomposé par la maladie. A sa sortie, le film laissera la critique et le public insatisfaits. Romy, tout à tour charmeuse, inquiétant et pathétique, y tire, comme d’habitude, son épingle du jeu… L’année a été difficile, le décès de sa grand-mère et d’un ami et surtout, Daniel qui s’éloigne… Déjà…

1981

Pour «Garde à vue», Romy n’a que quelques scènes mais ce rôle est l’axe central même s’il se résume à une participation de 20 minutes. Romy ne s’en soucie guère car elle ne mesure pas la qualité d’un personnage au nombre de plans ou de répliques. Romy ne rejoindra donc l’équipe que fin mars.

Quibéron. La presse annonce la séparation de Romy et Daniel Biasini. Tant épuisée physiquement que moralement, Romy doit suivre une cure de repos de quelques semaines mais elle se fracture la cheville et doit regagner Paris où elle doit préparer un nouveau film qui lui tient à cœur.

Elle a choisi elle-même «La passante du Sans-Souci» qu’elle a soumis à Jacques Rouffio. Mais le 23 mai, la veille des prises de vue, Romy est hospitalisée pour l’ablation d’un rein. La gravité de son état l’obligera à observer un repos complet pendant une période de 3 à 4 mois. Le tournage est donc interrompu et reporté fin septembre. Daniel revenu des USA où il vivait depuis quelques mois avec David qu’il considère comme un fils. Romy a un nouveau compagnon, Laurent Pétin et souhaite profiter de ce repos forcé pour profiter de ses enfants.

Romy a des projets : un nouveau film avec Delon pour «L’un contre l’autre», «Cléopâtre» qu’elle refuse…

Mais un tragique accident va tout faire chavirer. La vie lui arrache David, bientôt âgé de 15 ans. Il s’est empalé sur les grilles qui entourent la propriété des parents de Daniel Biasini chez qui il séjourne. Transporté d’urgence à l’hôpital où Romy accoure, il succombe sur la table d’opération.

Ses amis la soutiennent mais les journalistes la poursuivent, à la limite du soutenable… Les semaines qui suivent le décès de David sont une longue errance à travers appartements, comprimés et alcool.

En septembre, elle fait une réappartion pour la première du film d’Alain Delon «Pour la peau d’un flic». Les journalistes se précipitent à nouveau.

Jacques Rouffio ose à peine évoquer le début du tournage de «La passante du Sans-Souci», projet déjà maintes fois reporté. La production ne veut plus de Romy mais le réalisateur refuse. Romy rassemble ses forces et tourne jusqu’au vertige.

1982

En janvier, Romy et Laurent partent en vacances aux Seychelles. Ensemble, ils ont acheté une propriété en région parisienne où ils vivront. Romy prend la décision de moins tourner afin de soigner sa vie personnelle. Pour Sarah, elle surmonte petit à petit son désespoir.

Laurent lui redonne le goût des projets et un nouveau film « L’un contre l’autre » avec Alain Delon se prépare. Il ne se fera jamais.

Le 29 mai, Romy s’éteint sans bruit dans l’appartement qu’elle partage avec Laurent Pétin en attendant la fin des travaux de leur maison. La vie l’a quitté au milieu d’une phrase alors qu’elle écrivait à un journal féminin pour annuler une interview : Sarah a la rougeole.

Malgré les titres des journaux « Romy s’est suicidée », le procureur conclut à une mort naturelle et elle est enterrée dans le cimetière de Boissy-Sans-Avoir, quelques jours plus tard. La foule d’amis et d’admirateurs sera nombreuse pour lui rendre hommage.

Il a fallu lutter mais David a rejoint Romy quelques mois plus tard. Ils reposent désormais ensemble, côte à côte.

En ce jour...

... Merveilleuse Romy, une pensée pour toi ce 23 septembre.

Les photos en disent bien plus long que les mots. Chaque image a une histoire. Cette histoire nous l'avons tous en commun car c'est la Vie, tout simplement. (By Lény)