Source : Sueddeutsche.de - 23 septembre 2008
NDLR : Traduction sous toute réserve. Merci de votre compréhension.
Raymond Danon a tourné avec Romy Schneider et était son ami - désormais il va porter sa vie à l'écran avec Yvonne Catterfeld.
SZ : N'est-ce pas un peu étrange de faire un film sur une actrice si connue ?
Danon : Vous savez, j'ai très bien connu Romy Schneider. J'étais convaincu de pouvoir le faire. J'avais j'ai du convaincre Claude Sautet, après de longues discussions, de lui donner le rôle principal dans le film "Les choses de la vie". Et c'est Sautet qui lui a donner sa chance d'actrice à Romy Schneider et qui lui a appris à parler avec un timbre plus profond et à jouer des rôles de femme moderne et multiple. Et c'était aussi grâce à moi qu'elle a fait la connaissance de son mari, Daniel Biasini. Je l'ai beaucoup aimé.
SZ : Qu'elle a été, pour vous, ce qui a concrètement impulsé le démarrage de ce projet ?
Danon : Avant tout, je veux donner au public une image vraie de Romy Schneider avec ce film. Vous savez, on a beaucoup dit et écrit sur elle et cela a contribué à noircur sa vraie nature. Ce film veut montrer qui était réellement Romy Schneider, l'autre côté du mythe.
SZ : Une difficulté était, bien sûr, de recevoir le consentement de son mari et de leur fille, Sarah Biasini.
Danon : C'était, en effet, très difficile, car malgré l'amitié qui me lie à Daniel et Sarah, c'était un gros travail, car je devais achever de travailler le scénario pour exclure chaque partie qui aurait été ambiguë.
SZ : Donc avez fait le texte du scénario en commun ?
Danon : Oui, nous avons approuvé le scénario après un travail commun intensif.
SZ : Que peut-on peut attendre maintenant de ce film ? Un mélodrame ou un documentaire ?
Danon : Non, en aucun cas un documentaire. Ce que je veux, est un film qui intéresse un large public.
SZ : Vous avez ce projet avec la jeune actrice allemande, Yvonne Catterfeld, qui va interprêter le rôle de Romy Schneider dans le film ?
Danon : J'ai fait un casting avec de nombreuses actrices et jeme suis décidé alors pour Yvonne Catterfeld, car elle a beaucoup de ressemblance avec Romy. Ensuite, j'ai montré à Daniel Biasini des essais et il a été frappé par sa manière de parler et de se déplacer. Il en a eu la chair de poule.
SZ : Cependant, il fallait encore trouver d'autres célèbres visages, je pense à Michel Piccoli ou Alain Delon, et des acteurs qui leurs ressemblent.
Danon : Avec Piccoli, il n'y a pas eu de problème car il va lui-même interprêter un petit rôle dans le film. Et pour Alain Delon, nous avons trouvé avec l'acteur Raphaël Personnaz une solution convaincante.
SZ : Simultanément avec le film que vous produisez avec l'Allemagne avec le metteur en scène Josef Rusnak, il y a un projet de téléfilm. Est-ce comme une compétition pour votre propre projet ?
Danon : Non, je ne vois pas cela ainsi. J'espère seulement que cette production télévisuelle montrera la vraie Romy Schneider.
SZ : Vous avez produit, en 1982, son dernier film, "La passante du Sans-Souci". Quels souvenirs avez-vous de cette production ?
Danon : Romy était très malade des reins. En outre, elle avait perdu peu de temps auparavant son fils de 14 ans, David, qui est mort dans un terrible accident. Pendant le tournage, il y avait un jeune acteur qui le lui rappelait d'autant plus qu'il avait environ le même âge que David, au moment de son décès. Elle a beaucoup souffert. Aussi, nous avons fait attention à ce qu'ils se ne se rencontrent pas en dehors du tournage. Mais malgré son état, Romy redevenait l'actrice professionnelle que nous connaissant dès que le tournage commençait.
SZ : C'est elle-même qui vous avait proposé cette adaptation cinématographique ?
Danon : Oui, c'est vrai. En principe, nous avions un contrat pour un autre film. Cependant Romy n'aimait pas l'actrice qui devait se faire le film avec elle. Elle me disait que l'alchimie ne marchait pas entre elles et qu'il ne valait mieux pas faire ce film. Nous étion, comme ont dit, étroitement lié d'amitié, et j'ai donc tout simplement déchiré ce contrat. Mais puisque je lui avais déjà payé une partie de son cachet, elle se sentait en faute et elle m'a proposé cet autre film.
SZ : D'après vous, elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour retarder le début du tournage en raison de sa maladie, afin d'obtenir ce rôle.
Danon : Oui, je m'en souviens bien, car j'avais certaines difficultés avec l'assurance en raison de son état de santé. Et je ne veux pas non plus vous taire que le co-producteur allemand de cette époque-là, Artur Brauner, envisageait déjà une actrice de remplacement. J'ai dû lui dire naturellement, mais elle m'a demandé avec une telle insistance ce rôle que j'ai dû le lui promettre. Voilà.
SZ : Romy Schneiders a beaucoup insisté pour faire ce film qui touche singulièrement, car le fond d'action est le nazisme sous le "3e reich". Etait-ce pour se libérer de quelque tourmente due à ses parents d'avoir été des amis des nazis et dont elle a voulu se débarraser de cette façon ?
Danon : Je ne peux rien dire de plus. Elle n'en a jamais parlé avec moi. Elle avait lu le roman de Joseph Kessel sur lequel le film est basé et il lui avait beaucoup plu. C'était la raison, pour laquelle elle m'a proposé de faire ce film.
Interview : J. Willms