Source : Esprit Paillettes - 07 avril 2014
Ovni théâtral, Bash, en ce moment au Théâtre 14, met en scène de la façon la plus dépouillée qu’il soit, trois récits sur la violence ordinaire, au cœur de notre société contemporaine, violence que la justice humaine n’a jamais sanctionnée et incarnée sur scène tour à tour par les comédiens Sarah Biasini et Benoît Solès.
Tragique et fascinant…
« Bash » signifie à la fois « choc », « coup de poing » et « fête ».
La première chose qui frappe, c’est l’extrême dépouillement de la mise en scène. Le comédien est seul sur scène, il est assis face au public, simplement introduit par une musique (très cinématographique, au passage) et de simples éclairages prêts à accompagner l’aveu très fort qu’il s’apprête à faire au public, son unique confident.
Chaque personnage nous invite, en effet, à une mise à nu progressive et glaçante car le protagoniste principal du récit a commis un acte de violence fou, toutefois resté impuni. Voilà la raison pour laquelle nous ressortons de ce spectacle, mal à l’aise mais en même temps fascinés par la richesse de l’introspection psychologique ici proposée, ainsi que son interprétation.
Tragédie en sous-sol
Ces trois récits sont inspirés de trois sujets de tragédies, grecques ou bibliques, auxquelles le brillant dramaturge et cinéaste américain Neil LaBute, passionné par le théâtre et son histoire, rend hommage. La richesse du texte tient tant à sa construction très rythmée, à l’originalité de la situation pourtant dissimulée dans un univers quotidien très ordinaire au sein de la société américaine contemporaine, et à cette langue très imagée qui rend le discours captivant et joue avec nos projections personnelles les plus intimes.
Le tour de force des comédiens ici est d’incarner ces personnages ordinaires sur qui soudainement le destin s’abat, les poussant à commettre l’irréparable, en le jouant avec une extrême simplicité (la démarche du personnage en scène n’est-elle pas de se montrer le plus sincère possible ?), tout en révélant les sombres méandres de leurs motivations, leurs interrogations, leurs doutes et leurs souffrances.
Et c’est justement cette mise en scène toute simple qui permet la belle mise à nu de ces âmes et renforce la violence du drame, et la force des mots.
Tout en mystère, en élégance et en humour aussi, Sarah Biasini et Benoît Solès nous entraînent dans cet univers dramatique mi-théâtral, mi-cinématographique autant glacial qu’hypnotisant.
Âmes sensibles s’abstenir…
Bash de Neil LaBute
Adaptation : Pierre Laville
Mise en scène : Gilbert Pascal
Avec Sarah Biasini et Benoît Solès
Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier - 75014 Paris
Réservation : 01 45 45 49 77
Site du théâtre: http://theatre14.fr/
Du mardi au samedi à 19h
Du 4 mars au 26 avril 2014