Attention : Audrey Dana et Sami Bouajila, créateurs des rôles, mentionnés parfois dans les critiques ci-dessous, sont remplacés pour la tournée par Sarah Biasini et Fabio Zenoni.
Ring, comme un anneau qui nous lie quand l’amour se dilate. «Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux» (Ionesco). "Ring" devient lieu de combat où l’on s’enlise quand l’amour se délite. «À force de parler projets, on devient des projets.» soupire l’un des acteurs. Léonore Confino, de sa plume singulière, de sa pensée condensée, de son trait lapidaire, servie toujours brillamment par les mises en scène épurées, lumineuses et esthétiques de Catherine Schaub, nous entraine par saynètes dans la sarabande infernale de la vie de couple. Mais il vaut mieux battre sa coulpe que batailler en couple. Et c’est plein d’espoir et de tendresse qu’on ressort en se disant qu’il faut arroser chaque matin la plante de la relation ou ne pas s’étonner qu’elle se plante. Audrey Dana excelle de fraîcheur dans ces scènes de ménage plus idéalistes que fatalistes.
Stephen Bunard, 10 octobre 2013
Après "Building", gros succès du dernier Off d’Avignon et lors de sa programmation au Théâtre Mouffetard, Léonore Confino propose avec "Ring" une variation sur le couple pour deux comédiens.
En dix-huits tableaux décapants, drôles ou émouvants (et souvent les trois à la fois), elle dissèque les mille et une vicissitudes de la vie à deux, de la rencontre à la séparation, des petites lâchetés aux grandes sincérités.
Ils sont deux pour défendre ce texte pêchu, vrai et efficace. Deux comédiens de la trempe des meilleurs. Audrey Dana, comédienne bouleversante à la voix au bord du cœur, tantôt cynique ou fragile, brutale ou brisée, formidable dans l’excès comme dans la retenue. Et Sami Bouajila montre avec ce spectacle une palette infinie et une finesse de jeu si réjouissante.
A deux, ils forment un couple, ou plutôt des couples, infiniment passionnants et servent avec perfection toute la fantaisie de ce texte, remarquablement mis en scène par Catherine Schaub qui réalise ici un travail magnifique tout en nuances et en énergie.
Une très belle réussite mis en valeur par une bande son percutante signée Bastien Burger et par un travail vidéo sublime de Mathias Delfau. Quel bonheur !
Il ne faut en aucun cas rater ce somptueux face à face qui nous offre un feu d’artifice d’émotions où chacun peut se retrouver.
Nicolas Arnstam, octobre 2013
Adam et Eve deviennent Camille et Camille. L’homme est une femme comme les autres et inversement.
Audrey Dana prodigieuse et Sami Bouajilah excellent campent ces couples dans un décor épuré qui fait ressortir un texte brillant. Immanquable !
Un homme et une femme. Un autre homme, une autre chance. La belle histoire. Les uns et les autres… Ce pourrait presque être du Lelouch, cinéaste qu’Audrey Dana connaît bien. Adam et Eve se parlent, s’interrogent sur leur avenir, sur leurs désirs, leurs envies, leur ennui aussi. De leur peur de dégénérescence s’ils se reproduisent. Ainsi naît un canevas de situations où l’on retrouve Camille et Camille sur ce qui peut attirer, séduire, repousser un homme et une femme.
Comme l’indique le titre, nous assistons à un match de boxe. Une boxe autrement plus sensuelle que celle qui consiste à se transformer la tronche en steak tartare. Les uppercuts sont verbaux bien sûr et réservent de belles surprises. Le paradigme du couple est ici décliné à travers dix-huit saynètes où est passé à la moulinette tout ce qui constitue le rapport amoureux, de la jalousie à la trahison, de la déclaration aux regrets, de la famille aux remords… L’écriture, vive et incisive, ausculte ces diverses situations avec brio et énormément de drôlerie.
C’est un espace scénique totalement épuré qui abrite ce texte formidable. La blancheur y domine et les accessoires se limitent à un banc aux formes harmonieuses utilisé de diverses manières. Une forme de contrepoint à la coloration et aux aspérités du texte, à la fougue du jeu mais aussi à la classe absolue de l’ensemble. Une classe que rehausse la mise en scène qui joue à fond la carte de la sensualité. Les deux comédiens ne laissent pas seulement éclater leur beauté réelle et indiscutable, ils la magnifient par leur complémentarité, livrant ce jeu de l’amour dans des déplacements chorégraphiés où les corps se lovent comme dans un tango.
Sami Bouajilah et Audrey Dana forment un sublime couple de théâtre. […] ils rivalisent d’ingéniosité dans ce spectacle, offrant leur voix et leur corps à ce texte qui, loin de tout marivaudage, brille par son acuité, son objectivité et son intelligence. Leurs jeux, pourtant différents, se complètent à merveille. Avec un satisfécit tout particulier à Audrey Dana dont la puissance de jeu phénoménale, la justesse de ton et l’implication permanente peut enfin exploser ici.
Franck Bortelle
Sur le Ring de la relation entre l’homme et la femme, le combat promettait d’être rude et il le fut.
Dix-huit rounds furent nécessaires entre étreintes et uppercuts avant de faire sonner le gong. Dix-huit scènes de vie à deux pour brosser le désir, la lassitude, le mensonge, l’envie, la jalousie, l’émoi, les turpides du couple dans le rythme de la vie active, dans les brumes du quotidien, dans l’asphyxie des habitudes. Personne n’a été oublié, parents, amants, maris et femmes, divorcés, veufs et le premier couple sur terre Adam et Eve.
Léonore Confino sculpte une écriture chirurgicale du couple. Ne laissant rien passer, s’attardant sur tout, disséquant ça et là les travers et les incertitudes de chacun. Camille et Camille sont les cobayes qui vivent devant de nous cette expérience intime. Nous devenons voyeurs presque gênés de ce miroir que chacun reconnait. Images qui oscillent entre rire et drame, petit mot mal venu qui provoque un incendie, malentendu qui déclenche une guerre froide et ces regards qui allument le désir, ces bouches qui se soudent dans un baiser plein de promesse, ces corps qui réclament comme une pitance leurs danses du sexe.
La mise en scène est inventive et toujours très précise. Le blanc immaculé du décor donne l’aspect laboratoire voulu, les quelques accessoires épurés figurent les lieux, les images projetées habillent l’ensemble et installent les reliefs et les instants, la musique électro rythme les scènes.
Il faut bien entendu parler du remarquable talent des deux comédiens. Sami Bouajila (prix d’interprétation au Festival de Cannes 2006 pour "Indigènes") est un fauve, polymorphe, sensuel et attendrissant, Audrey Dana (prix Romy Schneider 2008) est magnifique dans toutes les peaux de femmes, passant de l’une à l’autre comme on change de vêtements. Ces deux là sont en osmose totale sur scène.
C’est une très belle pièce écrite sans parti pris et autant dire qu’on en ressort un peu éclaboussé, en ayant pris le coup que l’on devait prendre. Il suffit alors de panser la plaie, y réfléchir et se poser la vraie question. Même si rien n’est vraiment simple peut-on vivre l’un sans l’autre ? Mais prouve aussi qu’en amour, il vaut profiter pleinement de l’instant présent.
Patrick Rouet, octobre 2013
Quel spectacle, mes ami(e)s ! "Ring", au théâtre du petit Saint-Martin, pourrait tout à fait être ce genre de pièce ultra-classique au sujet bateau vu et revu des dizaines de fois, celui du couple, de ses joies et de ses peines, de ses doutes, de ses découvertes et aussi de ses apprentissages...
Et bien, détrompez vous ! "Ring" c'est bien plus que ça et c’est plein de choses à la fois. C'est de l'amour à l'état pur, des larmes, des rires, des cris, des crises, des jeux.. Ring, c'est aussi un combat entre 2 amis/amants et une lutte pour l'amour, un combat contre soi-même, contre l'autre et avec l'autre. "Ring", c'est tour à tour poétique, magnifique et magique. Ring, c'est une écriture quotidienne, juste et délicate. C'est également une mise en scène sobre mais efficace, sans oublier des chorégraphies aériennes, belles et touchantes.
Quid des comédiens ? Que dire de plus à part qu'ils sont sublimes ! On savait déjà qu'ils étaient talentueux mais ils ont donné à ce spectacle une réelle impulsion. Ils sont vrais, beaux et émouvants, ils regorgent d'amour et de sentiments. Comme sur un «ring» de boxe, on sent qu'un seul petit coup, un uppercut bien placé pourrait faire valser cette carapace pour nous laisser voir la faille de ces 2 Camille (homme ou femme), joués par Audrey Dana et Sami Bouajila. Ses interprètes sont bien plus qu'une représentation de pleins de petits couples, ils se racontent et nous racontent leurs histoires, celles qu'on garde pour soi, celles qu'on n'aimerait pas révéler au monde de peur d'être jugé.
Ici, pas de juges ni de témoins, juste des spectateurs attendris et ébahis par une si belle prestation ! 2 grands artistes qui méritent vraiment cette «standing ovation» d'un soir en espérant qu'elle sera suivie par beaucoup d'autres...
M.M