NDLR : Cet extrait vous est présenté ci-dessous dans l'unique but de vous faire connaître le film et vous donner envie de le découvrir dans son intégralité par le biais des supports à votre disposition (DVD, diffusion TV...). Par respect des droits liés à la diffusion d'une oeuvre, vous ne pourrez en découvrir, ici, que les premières 15 à 20 minutes.
Philippe Noiret manque vraiment au cinéma français. Ce film, réalisé par Robert Enrico, sorti en 1975, sacré film préféré des Français, et ayant obtenu le premier César du meilleur film (en 1976, lors de la première cérémonie), est probablement son meilleur, ou un de ses meilleurs avec "Que La Fête Commence". Son nom ? "Le Vieux Fusil".
Philippe Noiret, Romy Schneider et Jean Bouise sont magistraux dans ce film dur et émouvant, prenant place pendant la seconde guerre mondiale, pendant l’Occupation, plus exactement en 1944. La scène où Romy Schneider est tuée en se faisant incendier vivante est incroyable, marquante, troublante, choquante. Rarement la cruauté nazie aura été aussi bien montrée, exception faite, bien sûr, des films et documentaires sur la Shoah (précisons qu’aucun des personnages du Vieux Fusil n’est de religion juive). Le film fait penser, surtout dans la scène de l’église transformée en charnier, à la tragédie du village d’Oradour-sur-Glane, entièrement dévasté et massacré par les nazis, vers la fin de la guerre.
"Le Vieux Fusil" peut-être vu comme un film de survie, de vengeance, une sorte de Justicier braque les nazis, sans faire de mauvaises allusions. Noiret est incroyable de sobriété et de conviction dans le rôle de ce médecin paisible et non-violent qui bascule dans la barbarie (il exécute les nazis avec un sang-froid réellement impressionnant), sans pour autant sombrer dans la folie. A ce titre, la scène finale est touchante et émouvante, en même temps que très forte : François (Bouise), dans la voiture avec Julien, lui dit que maintenant, c’est fini. Julien, sonné, fatigué, dit que oui, maintenant, c’est bien fini, et pour fêter ça, il invite François chez lui, afin de déjeuner, parlant de sa femme qui préparera un bon petit plat, de sa fille… avant de s’arrêter, brutalement, et de pleurer, se rendant compte réellement que sa femme et sa fille ne sont plus.
Comme s'il avait vengé sa famille en étant dans un état second, sans vraiment se rendre compte. Mais à la fin, une fois la vengeance finie, là, oui, il se rend vraiment compte de ce qui s’est produit. Et là, pour lui, ça fait mal. Contenant un lot de scène d’une dureté incroyable (le film est toujours interdit aux moins de 12 ans, si je ne m’abuse), Le Vieux Fusil est assurément un chef d’œuvre total du cinéma français. Tout le monde peut se reconnaître dans le personnage campé par Noiret, jusqu’à se demander si, dans pareilles circonstances, on agirait de la même manière.
Impossible de jubiler en voyant Noiret flinguer, fracasser la tête d’un nazi contre un lavabo (scène dure), poignarder les envahisseurs. Impossible. En revanche, on comprend chacun de ses gestes, bien qu’il ne devienne, le temps de sa vengeance, qu’un assassin. Mais il y a des gestes qui, en temps de guerre, deviennent réellement indispensables. Et puis, face à la barbarie nazie, que répondre, sinon par les détonations d’un vieux fusil ?
Servi par une musique exceptionnelle, ce film est une bombe émotionnelle (les personnages sont extrèmement attachants), un monument. A voir absolument, à revoir encore plus absolument.
Parcours d’une icône du cinéma Cette exposition dédiée à Romy Schneider dépeint le parcours artistique de cette icône du cinéma, jusqu’à sa mort en 1982 à Paris. Ce parcours de photographies, extraits de films et installations organisé par la cinémathèque de Berlin, s’étend sur plus de 450m² dans l’enceinte du musée, livrant un vibrant hommage à l’actrice.
Jusqu’au 30 Mai 2010 Deutsche Kinemathek – Museum für Film und Fernsehen Potsdamer Straße 2 - 10785 Berlin (Allemagne) Tel. : +49-30-300 903-0 [email protected] www.deutsche-kinemathek.de
NDLR : William Leymergie dit une phrase que j'ai trouvé très jolie à la fin du reportage : "Romy Schneider était belle en 3D : vous pouvez faire tout le tour, ça marche à tous les coups..."
Info intéressante du reportage : Il est possible que l'exposition vienne à Paris !
Une exposition réhabilite Romy Schneider dans une Allemagne jamais remise du départ de sa Sissi chérie... Romy a quinze ans lorsque sa mère, en 1953, lui fait effectuer sa première apparition au cinéma. Magda Schneider est alors une grande vedette, très populaire, du cinéma allemand qui a été découverte par le cinéaste Ernst Marischka, futur réalisateur de la série des Sissi.
Pour le film "Lilas blancs", il faut une fille à l'héroïne. Maman Magda propose la sienne, Rosemaria Magdalena née en 1938 à Vienne en Autriche. D'emblée, l'adolescente, fraîche comme un rhume de coeur, fait excellente impression sur les spectateurs d'outre-Rhin qui l'adorent et l'installent dans leurs admirations. Au générique, la demoiselle porte le nom de sa mère, accolé à celui de son père, Albach, qu'elle abandonnera par la suite.
Grâce à cette bluette et à celles qui vont suivre, la petite Romy devient vite l'idole chérie du public germanique. Et les tribulations de Sissi la couronnent à travers toute l'Europe. A la Cinémathèque de Berlin, une exposition, ouverte jusqu'au 31 mai prochain, raconte les années Romy Schneider. Elle évoque les émotions, rires et larmes mêlés, que suscita chez chacun d'entre nous cette actrice qui, hors des normes, donnait des palpitations à la pellicule. Sur 400 mètres carrés, l'événement consacre les retrouvailles de la comédienne avec son pays.
Chacun ne sait pas qu'à la suite de "Sissi face à son destin", troisième film de la série, Romy refusa avec obstination d'en tourner un quatrième. Non qu'elle n'aima point les épisodes, mais elle souhaitait passer à autre chose, montrer d'autres aspects de son talent. Trois, c'était bien, mais quatre, cela aurait été trop.
Au grand désappointement de ses admirateurs qui finirent par s'en montrer furieux, Romy partit travailler en France, rencontra Delon et ne revint jamais tourner en Allemagne. Une sorte de longue bouderie s'était donc installée. Et voir, aujourd'hui, à Berlin, le musée du cinéma qui consacre trois salles à la carrière de Romy ravit et émeut.
La vie personnelle de la comédienne est volontairement ignorée mais, d'une pièce l'autre, sont montrés et racontés les débuts de carrière dans le cinéma allemand, puis la continuation en France et enfin la fascination exercée par l'aura de "Sissi". Vienne, Berlin, Paris sont les villes concernées par l'exposition alors que Rome, Londres et Hollywood sont passées sous silence.
Sarah Biasini, d'abord réticente à l'idée d'une manifestation étalant la vie de sa mère, a envoyé les deux César gagnés en France, des collectionneurs privés ont prêté des tenues, essentiellement des tailleurs, confectionnés par Coco Chanel. Il y a des lettres, des portraits, des affiches. Refusant l'émotion facile, s'attachant à retracer un parcours dramatique, dans le meilleur sens du terme, l'expo se révèle, pour un spectateur français, instructive à l'extrême. On y découvre le visage poupin d'une enfant de la balle qui évolue au fil des années, s'affine, perd ses bonnes joues rondes et un peu de sa blondeur naturelle. On voit clairement la papillonne sortir de sa chrysalide.
D'une grande richesse, la partie allemande de cette célébration est palpitante car elle demeure la plus mal connue. Les images de ses premiers films, de ses soirées et de ses sorties familiales sont, maintenant, de véritables documents. Les romances sentimentales de Romy, notamment avec le jeune et félin Horst Buchholz, l'un des Sept mercenaires qui campa également Marco Polo et Cervantès, font partie de l'Histoire.
Jamais encore les plans de travail du tournage de ses films, les lettres avec ses producteurs, les clichés-souvenirs, une robe immaculée de Sissi collée à une robe noire de l'impératrice Elizabeth d'Autriche n'avaient été présentées en public. La France, où l'exposition viendra faire un tour l'an prochain, découvrira l'accent d'outre-Rhin d'une créature de rêve qui leur fit croire, après des années de guerre et d'horreur, à la réconciliation profonde et touchante de deux nations découvrant, grâce à Romy, pardon et rédemption.
Interview - TF1 News décrypte le destin bouleversant de Romy Schneider, en compagnie du journaliste Guillaume Evin, auteur d'un livre sur cette actrice trop tôt disparue.
Alors que des images inédites de Romy Schneider ont été dévoilées dans le documentaire "L'enfer de Henry-Georges Clouzot", il y a peu (voir notre article "Romy Schneider : ses images inconnues", ici) et qu'un film intitulé "Eine frau wie Romy" ("Une femme comme Romy") vient d'être tourné, TF1 News s'est penché, en compagnie de journaliste Guillaume Evin, auteur du livre Les mystères Romy Schneider (aux éditions Timée), sur le destin de cette actrice chère au cœur des Français.
TF1 News : Dans votre livre, vous décrivez une Romy Schneider dont l'existence "à lentement viré à la tragédie", face à la difficulté de "concilier plaisirs d'actrice et bonheur intime". Que voulez-vous dire par là ? Guillaume Evin, journaliste : Toute sa vie, Romy Schneider a fuit la réalité face à la caméra. Elle a tourné quasiment non-stop, à l'exception de ses deux grossesses, 59 films en 30 ans. Elle ne s'est jamais sentie aussi bien que devant un objectif, face à une vie sentimentale tumultueuse.
TF1 News : Vous dépeignez, dans votre ouvrage, une actrice entièrement dévouée à son métier, "au-delà du raisonnable". G. E. : Romy Schneider était perfectionniste à l'extrême, terriblement exigeante. Il lui fallait pousser le mécanisme jusqu'au bout. C'était son tempérament et cela servait son art. Mais à la fin de sa vie, elle a été rattrapée par le stress et le trac, une composante essentielle de sa personnalité. C'est l'héritage de son père, décédé d'un infarctus par excès de trac. Les américains la surnommaient, d'ailleurs, "Miss worry" ("Mademoiselle inquiète"), tant elle avait toujours l'air préoccupée et angoissée. Elle était écorchée vive. Cette peur qui l'habitait était paralysante, même si cela ne transparait pas dans ses rôles mais plutôt dans sa vie privée, où elle était taraudée par le stress.
TF1 News : Comment expliquez-vous cet éta d'esprit ? G. E. : Sans vouloir faire de la psychologie simplifiée, les causes de son mal-être trouvent peut-être leur origine dans sa tendre enfance. Après le divorce de ses parents, elle a été livrée à elle-même dans un pensionnat où ils venaient à peine la voir. Son père, lui, n'est jamais venu.
TF1 News : Peut-on parler d'un père absent ? G. E. : Oui, le manque de ce père l'a poussé à chercher son idéal masculin, sans jamais le trouver, notamment dans des passions excessives comme avec Alain Delon qui la quittera brutalement ou dans des relations avec des hommes plus âgés comme Harry Meyen, de quatorze ans son ainé. Elle divorcera de ce dernier qui se suicidera. Elle n'a jamais trouvé son alter-égo et passera d'échec en échec, en ayant du mal à se reconstruire. Elle portera le fardeau du suicide de son premier mari toute sa vie.
TF1 News : Vous évoquez également un autre fardeau, celui de la "culpabilité allemande" d'après guerre... G. E. : D'un point de vue global, Romy Schneider fait partie de cette génération d'allemands, nés dans les années quarante, qui a intégré cette culpabilité de la barbarie nazie, comme une trace indélébile de l'histoire. Mais d'un point de vue personnel, elle a également dû vivre avec la relation ambigüe que sa mère avait entretenue avec le pouvoir nazi. "Je crois que ma mère avait une relation avec Hitler", a-t-elle déclaré, en 1976. Même si nous ne connaissons pas la nature exacte de cette relation, Romy Schneider jouait, petite, avec les enfants de Martin Bormann, la future éminence grise du parti nazi. C'est sans doute la raison pour laquelle elle a endossé quantités de rôles de victimes de la barbarie nazie, tout au long de sa carrière, comme dans "Le vieux fusil", par exemple. C'était peut-être une manière de tenter d'évacuer cette culpabilité.
TF1 News : Comment était-elle perçue en Allemagne ? G. E. : Elle a vécu avec ce pays une histoire d'amour-haine, un peu comme une épouse choyée que l'on répudie. Elle était adulée avec les films "Sissi" mais quand elle est partie rejoindre Alain Delon à Paris, l'Allemagne ne lui a jamais pardonné. Il y avait un océan d'incompréhension entre elle et ce pays. C'est en France qu'elle a trouvé la sérénité, pays dans lequel elle a apporté la preuve de son talent, en se débarrassant de l'étiquette mièvre et sucrée de "Sissi" qu'elle vivait comme une véritable camisole.
TF1 News : Pourtant, à sa mort, en 1982, un quotidien français titrera : "Sissi est morte, Sissi s'est tuée." G. E. : Toute sa vie, ce rôle lui collera à la peau. Romy Schneider sera souvent comparée à Elizabeth d'Autriche dans sa manière dont, comme elle, elle refusera de porter le masque des apparences.
TF1 News : Peut-on dire que la mort de son fils, empalé sur les grilles d'un parc, à Saint-Germain-en-Laye, en 1981, sera le coup de grâce ? G. E. : Oui, d'autant plus qu'à l'horreur de la disparition de son fils, s'est ajoutée une pression médiatique énorme. Un journaliste indélicat n'a pas hésité à se faire passer pour un brancardier pour photographier la dépouille de son enfant. Elle était traquée. La mort de Romy Schneider demeure auréolée de mystère, puisqu'il n'y a pas eu de témoins. Mais elle ne s'est pas suicidée. L'usure, le trop-plein et les excès de la vie ont eu raison d'elle. Elle a lâché prise. Elle est morte, fatiguée de tout. Il fallait tirer le rideau. On retiendra son jeu, ses expressions, ses fêlures, sa gravité..., ceux d'une star populaire toujours brillante dans le cœur des Français.
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