La nouvelle série allemande dédiée à "Sissi" et dont le titre français sera "L'impératrice" sera disponible sur Netflix le 29 septembre prochain !
Résumé : Dans l'Autriche des années 1800, l'amour passionnel entre Sissi, la rebelle, et l'empereur Franz se heute aux complots et luttes de pouvoir au sein de la cour viennoise.
L'histoire : L’intrigue c’est qu’elle se concentre sur la rebelle Elisabeth (alias Sissi) mais aussi sur son époux, Franz, empereur d’Autriche : elle aborde des thèmes comme l’anorexie et les dépressions de la jeune femme. Par ailleurs, l’union et l’amour passionnel du couple ne tarderont pas à faire vaciller la structure même du pouvoir au sein de la cour viennoise ; une cour particulièrement marquée par la révolution de 1848. Une fois mariée, la jeune impératrice devra également apprendre à s’affirmer, non seulement auprès de sa belle-mère, la souveraine avide de pouvoir Sophie, mais également auprès du frère de Franz, Maxi, qui convoite lui aussi le trône, ainsi que Sissi. Tandis que les troupes ennemies se rassemblent le long des frontières de l’empire des Habsbourg, le peuple de Vienne se soulève contre l’empereur. Élisabeth devra identifier ses vrais alliés et comprendre le prix à payer pour devenir une vraie impératrice et un symbole d’espoir aux yeux du peuple.
Distribution : Devrim Lingnau, Philipp Froissant, Melika Foroutan, Johannes Nussbaum, Elisa Schlott, Jördis Triebel, Almila Bagriacik, Wiebke Puls
[...] Plus que le nom de l’actrice ici, c’est le nom du personnage qu’elle incarne qui attirera l’attention du grand public. Vicky Krieps prête en effet dans "Corsage" ses traits à l’impératrice Elisabeth de Bavière, plus connue sous le surnom de Sissi. Personnage emblématique des représentations historiques du septième art, évidemment grâce à Romy Schneider qui l’incarna à trois reprises devant la caméra d’Ernst Marischka, Sissi, héroïne tragique et romantique devant l’éternel, méritait bien un petit relooking modernisé comme l’ont eu en leur temps Marie-Antoinette ainsi que la moitié des reines d’Angleterre.
"Corsage" débute en décembre 1877, alors que l’impératrice s’apprête à fêter son quarantième anniversaire la veille de Noël. A quarante ans, on est déjà une vieille femme aux yeux du monde, plus encore à la fin du XIXe siècle où il s’agissait de l’espérance de vie féminine moyenne. Mais plus que le poids des ans, c’est l’usure de la vie de cour et de ses intransigeantes exigences qui épuisent Sissi. Elle dont on guette le moindre écart de poids, le moindre faux pli, la moindre variation de teint, elle n’en peut plus. Elle n’en peut plus de son mari trop occupé à faire la guerre, et de ce couple qui ne peut s’aimer. Le temps défile, faisant défiler avec lui les regrets de la mort de son premier enfant et de la santé fragile de sa petite dernière. Ce temps qui défile, on lui demande surtout de le faire oublier, et de faire tenir cet édifice de conventions qu’elle n’arrive plus à faire tenir debout.
Comme son nom l’indique "Corsage" est avant tout un film sur la charge mentale qui pèse sur les grandes femmes de l’histoire, celles qu’on a héroïsé et glorifié, celles dont les portraits et les légendes ont contribué à fortifier les canons de beauté et de bienséance qui les ont elles même oppressé toute leur vie. C’est l’histoire d’une rébellion interne qui finit par craqueler, fissurer la carapace impeccable d’une femme qui ne s’en relèvera pas. Comme beaucoup de films historiques récents ("Un peuple et son roi", "La favorite", "Mademoiselle de Joncquières", "Love and Friendship"…), "Corsage" va ausculter physiquement la laideur pernicieuse derrière le vernis propret des livres d’histoire (ou plutôt de roman national), battant en brèche l’austérité classiciste du film en costumes. Dans ces palais et ces maisons de campagne aux salons luxueux mais aux couloirs et alcôves décrépis où la moisissure ronge les murs, Sissi dépérit de ne pouvoir être autre chose que ce que l’on attend d’elle.
"Corsage" applique malheureusement trop souvent sa recette de manière un peu scolaire, au risque de tomber par moment dans la redite, le ronronnement. Ironiquement, ce film sur une cour trop corseté aurait gagné à se raffermir autour de ses fulgurances visuelles, comme autant de pulsions, de cris de liberté qui s’égarent dans le vide. Corsage n’est jamais aussi bon que quand il ausculte directement le corps contraint, engoncé de son actrice, et que la réalisatrice décide de le tordre, de le maculer de chocolat fondu, de le confronter à la psychiatrisation destructrice de la santé féminine de l’époque. "Corsage" n’est surtout jamais aussi bon que quand il laisse le champ libre à Vicky Krieps, dont l’époustouflante versatilité lui fait revêtir une multitude de féminités. Comme la Diana de Spencer, la Sissi de "Corsage" est presque le film d’un fantôme qui n’est pas encore là, la peinture d’une souffrance que personne n’entend sinon le spectateur. Un film doucement rock’n’roll, presque punk sans l’être, à l’image de sa playlist où vient se glisser, comme un écho des temps à venir, As Tears Go By.
"Corsage" de Marie Kreutzer avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Finnegan Oldfield, sortie en salles prévue le 14 décembre.
L'histoire : A bord d’un cargo de marchandises qui traverse l’Atlantique, l’équipage décide un jour, d’un commun accord, de s’offrir une baignade en pleine mer, brèche clandestine dans le cours des choses. De cette baignade, à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage. Le bateau n’est-il pas en train de prendre son indépendance ?
Le livre a reçu les prix suivants : Prix littéraire Frontières-Léonora Miano 2022. Prix des lecteurs de Villejuif 2022. Prix Hors concours des lecteurs 2021. Mention spéciale du prix Marine Bravo Zulu 2021. Prix des lecteurs de L’Usage du monde. Prix des lycéens de Sceaux.
Le 25/06/2022 : Ajout de l'extrait N° 3
Extrait : D’abord ils tracent un cercle pour en être le centre. Un grand cercle englobant tout : le bleu, ses masses noires, ses crépitements blancs. Borné par rien d’autre que l’horizon devenu rond. Depuis le bateau, ils tracent un cercle avec leurs yeux. Ils espèrent le silence. Leurs regards se perdent sur la courbe qui les entoure. Ils espèrent l’abstraction. Ils font de ce rond bleu un tissu rigide, un sol où faire leurs premiers pas. Ils plissent les paupières, maintiennent l’illusion jusqu’à l’apparition d’une vague, un clapotis qui de nouveau rend tout liquide, profond. Ils tracent un cercle à la surface, on dirait qu’ils prennent la mer pour du papier, leurs bras pour les compas de leur enfance. Ils ne se posent pas la question de ce qu’il y a en dessous, ils recherchent la perfection du cercle et de la plongée en son centre. Ils imaginent les ondes concentriques que produira leur minuscule corps humain. Ils croient qu’on peut plonger dans un miroir sans être engloutis par la vague, disparaître du côté du monde où la lumière ne passe plus. Ils espèrent le silence en coupant les moteurs : c’est sans compter sur le jeu de l’eau, ses battements sur la coque, la revanche du bruit du vent une fois les machines éteintes. Alors tout ce qui grince et souffle n’est plus dû qu’aux forces mécaniques, aux rafales, aux masses d’eau, à l’acier balloté par la houle et aux respirations des hommes en réponse à ces grands chuintements. Quand les moteurs s’arrêtent, ils perdent l’équilibre qu’ils avaient fini par trouver, ils sont rétrogradés dans leur apprentissage, ils redeviennent chiens fous se cognant partout, vomissant leurs tripes, mais ils sentent comme une euphorie d’en être arrivés là. Tous sortent de leur cabine à l’heure convenue, sont fidèles au rendez-vous, pas un ne s’est posé la question de faire faux bond. Ils ne sont libérés bien sûr de rien, encore moins de l’inquiétude. Tendus, ils guettent la moindre anomalie, l’embarcation qui penche ou craque, une infiltration peut-être. Incertains de pouvoir déceler le danger quand il y en aura un. Dépourvus de leurs réflexes. Pour se détendre, ils font de ce vacarme vidé de toute habitude une musique. Ils n’ont plus de métier quand ça s’arrête, plus de trajectoire programmée. Ils n’ont plus beaucoup de connaissances quand ils quittent les tableaux de bord. Sans chaussures le long des coursives ils perdent de l’assurance, mais ils aiment comme le soleil les brûle. Ainsi commence le travail des sensations. Ils se retiennent de glisser en se moquant d’eux-mêmes, ils font de leurs déséquilibres un nouveau jeu. Dans le tangage, ils se suivent sans commenter, posent leurs mains sur le froid des rambardes pour se rassurer : sensation connue. Ils rient un peu du frémissement identique qui se met à les parcourir, tous. Ils avancent sur les ponts vers un des canots en mesurant leur degré d’inconscience, en effleurant la question de la nécessité, mais ils exécutent les gestes prévus : déplier les échelles, s’agripper aux cordages, se découvrir d’autres muscles dans la tension des bras. Se préparer à descendre vers la mer.
NDLR : La pièce est prévue pour la fin d'année en région parisienne et déjà une tournée ! Comme d'habitude, cette note sera actualisée régulièrement à chaque nouvelle date trouvée.
Chambéry (73) - Mercredi 18 janvier 2023 - Malraux
Source : France Inter - 22 juin 2022 Animé par Dorothée Barba
Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider bouleversants dans "Le train", sur Arte
Résumé Un homme et une femme se rencontrent dans un wagon bondé, pendant l'Exode de 1940. Adapté d'un roman de Simenon, "le train" est une histoire d'amour dans le tumulte de la guerre, portée par ses deux immenses interprètes.
En savoir plus Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider, que demander de mieux ? Arte rend hommage Jean-Louis Trintignant, mort la semaine dernière, en diffusant ce mercredi 22 juin un film de 1973 : "Le train". Adaptation d’un roman de Georges Simenon, réalisé par Pierre Granier-Deferre. Nous sommes plongés dans l’exode de 1940. Jean-Louis Trintignant incarne un réparateur de postes de radio qui vit dans une petite ville des Ardennes, à la frontière belge. A l’annonce de l’invasion allemande, comme tout le monde ou presque, il s’enfuit. Il se rend à la gare avec sa femme, enceinte, et leur fille. Mais ils ne peuvent pas voyager ensemble. L’épouse et l’enfant montent en première classe, le mari est relégué tout au bout du train, dans un wagon à bestiau. Il y a du monde qui s’entasse, assis à même le sol… et il croise le regard d’une femme, sans un mot. Romy Schneider, magnétique et mystérieuse.
La musique (cela ne gâche rien) est composée par Philippe Sarde, comme celle des films de Claude Sautet. Combien de fois a-t-on filmé une rencontre au cinéma ? A quoi cela tient-il qu’ici, on y croie dur comme fer ? Je ne sais pas. Mais ils sont si beaux, tous les deux. Ils sont inquiets, évidemment, paralysés par l’angoisse, le contexte de la guerre pèse lourd, mais on sent que la complicité, déjà, n’est pas loin. Ils n’ont encore rien dit et je fonds déjà. Je vous rassure, ils finissent par se parler…
Il est urgent de vivre C’est un épisode tragique de l’histoire, pourtant l’ambiance est parfois festive et souriante. Le réalisateur, Pierre Granier-Deferre, s’est basé sur ses propres souvenirs, lui qui a vécu l’exode. Enfermés dans ce wagon, on chante, on rigole, on joue au carte. Les barrières sociales s’envolent. Il est urgent de vivre. Elle est partie en vacances, avant. Il avait souvent peur de casser ses lunettes, avant. Le mot "avant", ça m’a frappée, revient souvent. Comme si ce voyage vers l’inconnu, ce trajet angoissant, était un moment hors du temps. J’ai pensé au confinement et à tous ceux qui ont compris quelque chose sur eux, à ce moment-là. Evidemment, ce n’était pas la guerre. Mais les contextes extraordinaires ont le pouvoir de nous mettre face à nous même. Le train subit des bombardements, des avaries. Je ne veux pas trop en dire, mais on comprend assez vite qu'Anna (Romy Schneider) est Allemande. L’issue du voyage est incertaine et l’inquiétude justifiée. Eros et Thanatos se tiennent par la main, le dieu de l’amour et celui de la mort. Schneider et Trintignant. Une immense actrice, un immense acteur. Ceux qui les aiment regarderont "Le train".
Mercredi 22 juin sur Arte à 20h50. Et c’est une soirée complète d’hommage, puisque le film est suivi d’un documentaire inédit : "Trintignant par Trintignant", de Lucie Cariès et Yves Jeuland.
Nicole Garcia lit "Soudain Romy Schneider" Le dimanche 26 juin à 17h30 Durée : 1h15
Une grande actrice rend hommage à une comédienne de légende, à travers les mots d’un jeune et talentueux écrivain, fasciné par l’aura de ces deux femmes de scène.
Guillaume Poix voue une double admiration à Romy Schneider, morte il y a quarante ans et à Nicole Garcia. Avec elles, il nous entraîne dans les coulisses de la création artistique.
Le comédien s’est éteint vendredi à 91 ans. Il a été un mythe pendant plus d’un demi-siècle, au cinéma comme au théâtre.
Il aura marqué l’histoire du cinéma français et tourné avec les plus grands. L’acteur Jean-Louis Trintignant, comédien depuis les années 1950, présent notamment dans le cinéma d’auteur, et pilote automobile, s’est éteint à l’âge de 91 ans, a annoncé son épouse Mariane Hoepfner Trintignant via un communiqué transmis par son agent à l’AFP, ce vendredi.
De cette génération de géants qui disparaît comme si toute une époque allait baisser le rideau, certains ont démarré tard, comme Noiret, Piccoli, Galabru, Marielle ou Rochefort. On ne les remet pas jeunes. D’autres ont finalement ralenti assez tôt, comme Belmondo, qui a tourné ses ultimes chefs-d’œuvre à la cinquantaine, voire Delon, de plus en plus rare à partir de cet âge-là aussi. Et il y a Trintignant, éblouissant à 25 ans dans "Et Dieu créa la femme", bouleversant à 80 ans passés dans "Amour".
Une ligne de vie différente, brisée souvent, mais qui ne cède jamais. Il monte sur scène comme à cheval, et ne dételle jamais dans un rodéo qui l’empêchera toujours de sombrer malgré les épreuves. Avec l’amour comme fil rouge du début à la fin, de la folie des sens du brûlot passionnel de Roger Vadim avec Brigitte Bardot en 1956, à la folie de vieillir et de mourir de l’élégie de Michael Haneke en 2012. Deux films de couples, à l’aube et au crépuscule, l’un de jeunots, l’autre de vieillards, et à plus d’un demi-siècle d’écart, Jean-Louis Trintignant y est d’une justesse absolue.
On parle peu du vieillissement des hommes au cinéma. Lui a merveilleusement tenu, mieux et plus qu’aucun autre. Il a su vieillir comme un visage éclairé différemment par le soleil à différentes heures du jour ou de la vie. Il a même su vieillir jeune. Dans "Trois couleurs : rouge", de Kieslowski, en 1994, l’acteur n’a après tout que la soixantaine, mais son visage est déjà très marqué, vingt ans avant "Amour", dans ce rôle d’un juge aigri et solitaire à la retraite qui espionne ses voisins et à qui une jeune femme, jouée par Irène Jacob, va redonner le sens de la vie. Son visage est un livre qui a vécu, à l’image de la bibliothèque de sa maison dans le film, avec ses reliures dorées, ses peaux magnifiques et bronzées par le temps, son cuir dur et doux à la fois. Les rides du visage comme celles de la main, routes d’un roman ou du temps.