Source : France Inter - 22 juin 2022
Animé par Dorothée Barba
Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider bouleversants
dans "Le train", sur Arte
Résumé
Un homme et une femme se rencontrent dans un wagon bondé, pendant l'Exode de 1940. Adapté d'un roman de Simenon, "le train" est une histoire d'amour dans le tumulte de la guerre, portée par ses deux immenses interprètes.
Ecoutez l'émission ici (~4') :
"Capture d'écrans" sur France Inter - 22 juin 2022
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Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider, que demander de mieux ? Arte rend hommage Jean-Louis Trintignant, mort la semaine dernière, en diffusant ce mercredi 22 juin un film de 1973 : "Le train". Adaptation d’un roman de Georges Simenon, réalisé par Pierre Granier-Deferre.
Nous sommes plongés dans l’exode de 1940. Jean-Louis Trintignant incarne un réparateur de postes de radio qui vit dans une petite ville des Ardennes, à la frontière belge. A l’annonce de l’invasion allemande, comme tout le monde ou presque, il s’enfuit. Il se rend à la gare avec sa femme, enceinte, et leur fille. Mais ils ne peuvent pas voyager ensemble. L’épouse et l’enfant montent en première classe, le mari est relégué tout au bout du train, dans un wagon à bestiau.
Il y a du monde qui s’entasse, assis à même le sol… et il croise le regard d’une femme, sans un mot. Romy Schneider, magnétique et mystérieuse.
La musique (cela ne gâche rien) est composée par Philippe Sarde, comme celle des films de Claude Sautet. Combien de fois a-t-on filmé une rencontre au cinéma ? A quoi cela tient-il qu’ici, on y croie dur comme fer ? Je ne sais pas. Mais ils sont si beaux, tous les deux. Ils sont inquiets, évidemment, paralysés par l’angoisse, le contexte de la guerre pèse lourd, mais on sent que la complicité, déjà, n’est pas loin. Ils n’ont encore rien dit et je fonds déjà. Je vous rassure, ils finissent par se parler…
Il est urgent de vivre
C’est un épisode tragique de l’histoire, pourtant l’ambiance est parfois festive et souriante. Le réalisateur, Pierre Granier-Deferre, s’est basé sur ses propres souvenirs, lui qui a vécu l’exode. Enfermés dans ce wagon, on chante, on rigole, on joue au carte. Les barrières sociales s’envolent. Il est urgent de vivre.
Elle est partie en vacances, avant. Il avait souvent peur de casser ses lunettes, avant. Le mot "avant", ça m’a frappée, revient souvent. Comme si ce voyage vers l’inconnu, ce trajet angoissant, était un moment hors du temps. J’ai pensé au confinement et à tous ceux qui ont compris quelque chose sur eux, à ce moment-là. Evidemment, ce n’était pas la guerre. Mais les contextes extraordinaires ont le pouvoir de nous mettre face à nous même.
Le train subit des bombardements, des avaries. Je ne veux pas trop en dire, mais on comprend assez vite qu'Anna (Romy Schneider) est Allemande. L’issue du voyage est incertaine et l’inquiétude justifiée. Eros et Thanatos se tiennent par la main, le dieu de l’amour et celui de la mort. Schneider et Trintignant. Une immense actrice, un immense acteur. Ceux qui les aiment regarderont "Le train".
Mercredi 22 juin sur Arte à 20h50. Et c’est une soirée complète d’hommage, puisque le film est suivi d’un documentaire inédit : "Trintignant par Trintignant", de Lucie Cariès et Yves Jeuland.
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