Source : Le Mag'Centre - 15 mai 2015
Mardi 12 mai avait lieu au Théâtre d’Orléans la présentation de la nouvelle saison du CADO. Devant une salle comble de près d’un millier de personnes, comédiens et metteurs en scène se sont succédé au côté de Christophe Lidon, nouveau directeur du Centre national de création d’Orléans, pour présenter leur spectacle au public entre intermèdes musicaux.
17h30. Théâtre d’Orléans. Backstage. Imper beige clair style trench-coat, Sarah Biasini pousse la porte des coulisses. Tout sourire – aussi pétillant que celui de sa mère, Romy Schneider – elle salue et rejoint ses collègues et amis comédiens et metteurs en scène déjà arrivés comme Catherine Jacob, Christine Pouquet, Yves Pignot ou encore Marie-Christine Danède… Dans trente minutes, chacun leur tour, ils présenteront leur pièce et spectacle au public orléanais, abonnés fidèles du CADO.
La rencontre de deux géants
«C’est un voyage en six étapes fait de mes coups de cœur, de mes enthousiasmes et de mes émotions, annonce Christophe Lidon en évoquant le programme de la saison 2015-2016. Un choix de spectacles basé sur le principe générationnel et qui touchent différentes disciplines». Première étape : "La Colère du Tigre" de Philippe Madral. «Clémenceau a été l’un des touts premiers à se rendre compte de l’importance de l’impressionnisme, explique en coulisses Claude Brasseur, alias Le Tigre. En tant que membre du gouvernement, il va faire réaménager l’Orangerie pour que monet expose ses toiles. Alors qu’il a fait dépenser des fortunes dans cette restauration, Monet va refuser de livrer ses Nymphéas. Clémenceau va alors se retrouver dans une merde noire et le prendre comme un affront personnel». Habitué de la scène du CADO ("Le Souper", "À Torts et à Raisons", "Mon père avait raison" et "Conversations avec mon père"), Claude Brasseur donnera ici la réplique à Yves Pignot (Monet), Sophie Broustal et Marie-Christine Danède.
Suivra "Lettre d’une inconnue" de Stefan Zweig, mise en scène par Christophe Lidon, avec le duo Sarah Biasini – Frédéric Andrau. «J’ai accepté cette pièce pour la beauté du texte et la très belle adaptation qui en a été faite, confiait Sarah Biasini avant de monter sur scène. Dans la nouvelle, on a juste une lettre qui aurait pu seulement être lue. Là, il y a le destinataire de la lettre donc l’objet du désir avec une confrontation entre l’être qui aime et l’être aimé. On a un regard nouveau sur cette histoire».
Une grande dimension musicale
Puis "Chat en poche" de Georges Feydeau, mis en scène par Anne-Marie Lazarini avec entre autres Jacques Bondoux. Novecento (qui a connu un immense succès au Théâtre du Rond Point à Paris) d’Alessandro Baricco où André Dussollier sera accompagné d’un orchestre de jazz, et pour célébrer le 100e anniversaire de Billie Holiday, Neige Noire, avec Samantha Lavital et Rémi Cotta ou hilippe Gouin : «C’est un spectacle monté à partir de la vie cabossée de cette grande chanteuse de blues américaine. Ça parle, ça danse, ça chante, expose au public Christine Pouquet qui signe ici le texte et la mise en scène. Samatha Lavital a une voix qui ne cherche pas à imiter celle de Billy Holiday. Elle ne fabrique pas, elle joue brut de pomme». Enfin, pour clore la saison "L’impresario de Smyrne de Carlo Goldoni", une création mise en scène par Christophe Lidon avec notamment Catherine Jacob qui joue une diva hystérique : «C’est un honneur de jouer un Goldoni, confiait la comédienne. C’est mythique, c’est chic, italien, malin comme un singe, féroce et raffiné, c’est du fleurets-mouchetés dans un écrin luxueux».
Surprendre avec des valeurs sûres
Bref, un programme haut en couleurs qui ne devrait pas, encore cette saison, décevoir les spectateurs toujours aussi fidèles (55 000 billets d’entrée en 2014-2015) : «Je suis en face d’amateurs qui aiment le théâtre avec leurs convictions : il faut faire en sorte que les abonnés ne soient pas déçus, souligne Christophe Lidon. Le CADO est un carrefour entre le divertissement et l’exigence : il faut surprendre avec des valeurs sûres». Jusqu’ici, le Centre national de création d’Orléans a toujours tenu ses promesses.
Estelle Boutheloup