Source : Le Figaro.fr - 12 mai 2014
Sarah Biasini accomplit une vraie performance dans Bash, la pièce de Neil LaBute au Théâtre des Mathurins, à Paris. Un spectacle remarquable et glaçant.
Après avoir été étrennée avec succès au Théâtre 14, Bash, la pièce du dramaturge américain, Neil LaBute, est prolongée aux Mathurins. Âmes sensibles s'abstenir ! Les visages ensanglantés des acteurs, Sarah Biasini et Benoît Solès, sur l'affiche laissent présager du pire. Sans dévoiler le sujet, on dira seulement que l'auteur a écrit trois monologues, soit trois histoires qui traitent d'actes irréparables. La traduction de Pierre Laville respecte la thématique : la violence ordinaire commise par des êtres monstrueusement inconscients.
Sur un fond de rideaux noirs et un pan de velours rouge -comme l'hémoglobine- et les lumières tamisées de Laurent Béal, un orfèvre, la mise en scène de Gilbert Pascal est élaborée au millimètre près. Elle place les spectateurs dans le rôle de témoins au risque de les mettre mal à l'aise ou de les transformer en voyeurs. Fascinant et glaçant! Dans une atmosphère pesante, mais non dénuée d'un certain humour, évoluent deux comédiens éblouissants de talent.
A fleur de peau
D'abord, Sarah Biasini qui offre une composition sans faille à chacun de ses personnages. A fleur de peau, en jeune femme fragile amoureuse depuis l'âge de 13 ans de son professeur. Ou, séduisante, cheveux lâchés dans la robe moulante d'une coquette.
Moins connu, son partenaire à l'origine de ce projet, Benoît Solès n'en est pas moins prodigieux. Gageons qu'il pourrait à l'avenir être sollicité par des producteurs conquis par sa performance. Cheveux courts, regard brillant, mains fiévreuses, sous la veste d'un père de famille, d'un cadre qui craint d'être licencié, puis d'un fêtard, il réussit à maintenir l'attention du spectateur jusqu'au bout. Pétrifié, ce dernier serre les dents.
Note : Théâtre des Mathurins : 36 rue des Mathurins - 75008 Paris.
Location : 01 42 65 90 00
www.theatredesmathurins.com