Source : Evene.fr - 05 mai 2011
«À toi qui ne m'a jamais connue». Sursauts dans la salle. La comédienne Sarah Biasini quitte son fauteuil et monte sur scène, dévastée, en pleurs. Le metteur en scène Christophe Lidon joue pendant une heure avec l'intimité offerte par le petit théâtre des Mathurins pour révéler toute la puissance de la nouvelle de Stefan Zweig, "Lettre d'une inconnue" (1922).
L’auteur austro-hongrois dont on ne cesse de redécouvrir l’œuvre : ces deux dernières années les éditions Grasset ont ainsi publié des textes inédits et une partie de sa correspondance. De beaux succès de librairie.
Pour l’heure, le public sent le souffle tragique de cette anonyme éperdument amoureuse d'un homme, d'un écrivain croisé à plusieurs reprises mais jamais vraiment connu. Avant de se donner la mort, la jeune femme décide de lui écrire une lettre dans laquelle elle déclare son amour, enfin, après des années de silence. R... (Frédéric Andrau) lit le manuscrit qui lui est adressé. À la fois ému et en colère, il dialogue avec cette femme fantôme qui l'a passionnément aimé, épié jusqu'à en perdre la raison.
Lui, reste sur scène, elle, n'hésite pas à crier sa détresse au milieu des spectateurs qui aperçoivent ses larmes dévaler son visage et découvrent ses yeux soudainement illuminer d'espoir. Seules quelques ampoules suspendues font figure de décor. Le texte se suffit à lui-même. Il ne manquait plus que deux comédiens talentueux pour transposer sur les planches la beauté et l'intensité de cette lettre rédigée par amour, aussi déraisonnable soit-il.
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