Source : Première.fr
Aimer à perdre la raison… Une jeune adolescente aperçoit sur le palier son nouveau voisin. A partir de ce moment, elle voue à cet écrivain de renom, jeune et beau, un amour irrationnel, ne vivant que pour lui, sans qu'il n'en sache rien. Elle restera l'inconnue, celle qu'il croisait sans la voir dans l'escalier, celle qui a partagé sa couche sans qu'il s'en souvienne, celle qu'il retrouvera par hasard sans la reconnaître.
A travers une longue lettre, elle lui raconte sa vie, lui apprend l'existence et la mort de leur enfant. Ce grand classique de Stephan Zweig est admirablement adapté pour la scène par Michael Stampe. D'une belle élégance, le texte résonne comme une musique de chambre, laissant entendre les méandres de cette âme au bord de la folie. La mise en scène de Christophe Lidon est comme toujours d'une grande beauté.
L'artiste est vraiment doué pour mettre en images théâtrales les émotions, pour les transcender. S'appuyant sur le travail de sa fidèle collaboratrice pour les lumières, Marie-Hélène Pinon, une des meilleures de sa profession, sur la création musicale de Michel Winogradoff, sa scénographie sublime la narration. Par sa direction d'acteurs toujours aussi pointue, il offre aux comédiens la possibilité d'exprimer au plus juste les sentiments des personnages. Depuis qu'on l'a découvert dans les pièces de Diastème, Frédéric Andrau ne cesse de nous séduire par la qualité de son jeu.
Tout en finesse, en douceur, découvrant avec stupeur ce que la jeune femme lui révèle, il donne à son personnage une personnalité riche. Dans le rôle de la belle inconnue, il fallait une jeune femme capable de faire entendre le désordre affectif et l'enivrement de la passion, sans jamais tomber dans les excès. Lumineuse, irradiante de vie, Sarah Biasini interprète avec énormément de sensibilité la délicate partition de l'auteur autrichien. Une grande comédienne.
Marie-Céline Nivière
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