Source : Christophe Lidon.fr
de Stefan ZWEIG Avec Sarah Biasini et Frédéric Andrau Théâtre des Mathurins à partir du 15 avril 2011
Comment aimer jusqu'à la folie un fantasme ? Stefan Zweig nous livre le portait d'une femme plongée dans un amour obsessionnel pour un romancier de renom, qui fait de l'attente le sens ultime de sa vie. Ses paroles fébriles dévoilent les ravages de la passion qu'elle a porté pendant toute sa vie au destinataire de cette lettre ...
Une sublime descente aux enfers.
NOTE D’INTENTION
Certaines rencontres avec des textes s’imposent d’elles-mêmes quand les thèmes qu’ils abordent recèlent les qualités d’émotion théâtrale dont les metteurs en scène nourrissent leur imaginaire.
«Lettre d’une inconnue» de Stefan Zweig est un de ceux-là.
Mon envie de mettre en scène ce texte qui m’a accompagné pendant de longues années, m’a conduit à imaginer une interprète féminine faite de fragilité et d’enfance, de lumière et d’abîmes.
J’ai proposé à une comédienne exigeante et passionnée d’être celle-ci : Sarah Biasini, avec laquelle j’ai travaillé dans «Maestro» d’Hrafnhidur Hagalin au Festival d’Avignon, et dans «l’Antichambre» de Jean-Claude Brisville (son interprétation de Julie de Lespinasse lui a d’ailleurs permis d’être nommée aux Molières).
J’ai proposé à Frédéric Andrau, acteur aérien, d’interpréter l’écrivain, nommé R***, qui a hanté l’auteur de la lettre.
J’ai demandé à Michael Stampe, adaptateur de «La Serva Amorosa» de Goldoni, d’adapter à deux voix «Lettre d’une inconnue» en étant d’un extrême respect face au texte et à sa structure tout en dégageant la théâtralité dont j’avais besoin. Rien ne doit être transformé ou ajouté dans la création du dialogue inhérent à la structure théâtrale que j’ai choisie. Marie-Hélène Pinon, complice de toujours, éclaire ce spectacle d’ombres et de clartés comme un parcours de lumières : petites lucioles que l’émotion de cette inconnue fait étinceler dans la boite noire du théâtre, accompagnées des notes de piano sensibles de Michel Winogradoff.
Ce spectacle, que nous souhaitons empreint d’émotions mais aussi révélateur d’une manipulation féminine que le romanesque de l’histoire a souvent dissimulée, trouvera son écrin sur la scène du Petit Mathurins.
Christophe Lidon