Source : Le film français.com - 20 mai 2009
Bérénice Bejo - Comédienne
Comment avez-vous réagi lorsque Serge Bromberg vous a proposé d’interpréter des scènes extraites du scénario de "L’enfer" ?
J’ai accepté immédiatement, à condition que la voix de Jacques Gamblin et la mienne ne se mêlent jamais aux images de Serge Reggiani et Romy Schneider dans le film dont le son a été perdu.
Qu’est-ce qui vous faisait peur dans ce défi ?
Je voulais éviter à tout prix de jouer, c’est pourquoi nous gardons toujours notre scénario à la main. C’était le meilleur moyen de ne pas prêter le flanc à une comparaison.
Avez-vous répété avant le tournage ?
Très peu. On a fait une lecture des scènes sélectionnées, puis j’ai travaillé deux heures avec Jacques Gamblin.
Quels sont vos projets ?
Je me suis arrêtée pendant un an et demi pour avoir un enfant. Je tournerai cet été le premier film d’Antoine Blossier, un thriller psychologique intitulé Proie, dans lequel j’aurai pour partenaires Malik Zidi et Aurélien Recoing.
J.-P. G.
Inès Clouzot - Veuve d’Henri-Georges Clouzot
Quels souvenirs gardez-vous du tournage de L’enfer ?
Après la nomination de "La vérité" à l’Oscar du meilleur film étranger, Columbia a offert un contrat à mon mari. Ils ont refusé le premier scénario qu’il leur a proposé, mais ont accepté celui de "L’enfer". Bizarrement, les Américains considéraient alors que les films français ne pouvaient être qu’en couleurs, mais il les a convaincus de mêler les deux.
Selon quels critères ?
Son idée consistait à filmer les scènes de la vie quotidienne en noir et blanc et les fantasmes du personnage incarné par Serge Reggiani en couleurs. Il a fait beaucoup de recherches à ce sujet. On a même retrouvé au laboratoire un plan mystérieux qui commence en noir et blanc et s’achève en couleurs sans qu’on sache pourquoi…
Que cherchait-il avec ce film ?
Il voulait réaliser un film irrationnel. Au début, le personnage principal était une épouse jalouse, mais mon mari pensait qu’une femme ne pouvait pas avoir suffisamment d’imagination. Il a d’ailleurs recyclé quelques plans dans son dernier film, "La prisonnière".
Que pensez-vous de l’adaptation tournée par Claude Chabrol ?
Je n’aurais jamais dû vendre le scénario à Marin Karmitz. Chabrol a massacré le film par paresse. Quant à Emmanuelle Béart, elle n’était pas du tout le personnage.
J.-P. G
Serge Bromberg - Réalisateur
Comment "L’enfer d’Henri-Georges Clouzot" a-t-il vu le jour ?
En 2006, j’ai rendu visite à sa veuve, Inès Clouzot, que j’ai trouvée sur ses gardes [rires]. Quand elle m’a raccompagné jusqu’au rez-de-chaussée de l’immeuble, l’ascenseur s’est arrêté brusquement. Cette panne a duré plus d’une heure et nous a permis de briser la glace. Il a alors fallu négocier avec la compagnie d’assurance chargée du sinistre qui nous a permis d’accéder au matériel entreposé aux Archives du Film : 185 boîtes de rushes dont certaines contenaient même des éléments apparemment étrangers au film et que j’ai visionnés en intégralité.
Comment s’est organisé le tournage ?
On a rencontré les intervenants et filmé leurs témoignages en juillet 2008, puis, en octobre suivant, des scènes au viaduc de Garabit où s’est déroulé le tournage, dont on n’a presque rien gardé à l’arrivée. Enfin, en février dernier, j’ai filmé Bérénice Bejo et Jacques Gamblin en trois jours.
Sur quels critères les avez-vous choisis pour interpréter ces scènes écrites pour Romy Schneider et Serge Reggiani ?
Je leur suis d’autant plus reconnaissant d’avoir pris ce risque qui a fait peur à beaucoup d’acteurs.
J.-P. G