L'anniversaire est un peu dépassé, Romy est morte le 29 mai, mais l'édition française (via les Editions Place des Victoires), propose aux éternels éplorés un nouvel objet propre à entretenir leur dévotion. Pour le texte, rien de nouveau, et l'on se reportera toujours à l'étude fine et perspicace de l'actrice qu'Evelyne Bloch-Dano avait rédigée l'an dernier dans "La Biographe" (éd. Grasset). L'objet, un album de près de 250 photos, rappelle à quel point Romy Schneider fut, avec Marilyn Monroe, l'actrice la plus aimée, la plus recherchée et dévorée par les photographes. Dès 1957, alors qu'elle vient tout juste de tourner Sissi et qu'elle est encore pour tout le monde la jeune fille sage, elle entame une relation visuelle étonnante avec Franz Xavier Lederle. Le décalage entre ces photos, où elle est déjà la femme qu'on connaîtra en France plus tard avec Sautet, et ce qu'elle montre à l'écran est stupéfiant. Au fond, c'est par la photo d'abord qu'elle a pu montrer son vrai visage et elle garda à cet art une éternelle reconnaissance. Il y eut bien sûr ensuite cette perpétuelle tentation de la nudité (avec les photographes George Pierre, Emil Peraner, Eva Sereny, au mitan des années 1970) chez cette femme qui ne se trouvait pas sexy, mais la séance la plus forte, la plus dramatique, demeure celle réalisée avec Will McBride. La photo de tournage sur "La Piscine" traduit très clairement la différence d'état. L'ouvrage égrène des citations extraites du "Journal de ma vie", de Romy Schneider, mais on rappellera que l'édition française, publiée en 1989, livrait une version tronquée de ce journal que Romy Schneider tenait depuis l'âge de 14 ans. Y aura-t-il un jour une édition complète?
25 ans après sa mort, le culte demeure. Le nombre de sites consacrés à l'actrice est stupéfiant. On en trouve en hongrois, en russe et même en chinois. Après un rapide tour d'horizon, on vous conseillera l'adresse suivante :
http ://site.voila.fr/RomySchneider.
On y trouve un maximum d'interviews et d'anecdotes, qui rappelle que l'actrice fut la première à être contactée par Lelouch pour "Un homme et une femme". Mais le "contact" ne passa pas entre l'actrice germanique et le jeune Parisien. Voilà comment Anouk Aimée, qui s'était pourtant endormie à la lecture du scénario, fut engagée. On retrouve aussi le récit par Robert Enrico de la scène de viol dans "Le Vieux Fusil", où Romy Schneider joua comme une furie, griffant et battant les autres acteurs. "Ses cris étaient si terribles que je dus enlever la bande-son."
Revenons à l'album, signé Johannes Thiele : une des photos les plus parlantes concerne le tournage de "La Piscine", qui marqua les retrouvailles professionnelles entre Delon et Schneider, trois ans après leur rupture. On y voit une Romy très amoureuse, heureuse de reposer sur la poitrine bronzée de son ex-fiancé, tandis que l'acteur arbore un air lointain, une mine blasée. Dans sa lettre d'adieu par Paris-Match le 11 juin 1982, Delon écrivait déjà ces mots certes destinés à être lus : "Repose-toi, je suis là. J'ai appris un peu d'allemand. Ich liebe dich. Je t'aime. Je t'aime, ma Puppelé." Mais on le dit encore aujourd'hui inconsolable, vivant avec le fantôme de Romy.
Guillaume Lorin
Le point.fr - 13 novembre 2007
ce n'est pas Franz Xavier mais Franz Xaver , Emil Peraner mais Emil Perauer
Rédigé par : Muriel | 28 juin 2018 à 22h18