Source : L'oeil d'Olivier - 17 février 2022
À deux pas de la Mairie du XIe arrondissement de Paris, à l’Artistic Théâtre, Frédérique Lazarini propose une version en cinémascope d’une pièce signée Agatha Christie, "Un visiteur inattendu". Menée par une troupe à l’unisson, l’intrigue se déroule comme dans un jeu de Cluedo et nous tient en haleine.
"Un visiteur inattendu" n’est pas une adaptation d’un roman, mais une véritable pièce. La reine du crime en a écrit huit en tout et Frédérique Lazarini a opté pour la plus aboutie de son œuvre dramatique. Signalons, l’excellente traduction signée par le duo Sylvie Perez et Gérald Sibleyras, qui met en valeur cet humour anglo-saxon qui existe dans cette intrigue, où l’on retrouve tous les ingrédients du savoir-faire d’Agatha Christie, suspenses, rebondissements, et surtout du mystère.
Qui a tué le mari ?
La pièce démarre sur un moment intense. Un inconnu pénètre dans le salon d’une grande demeure perdue dans la campagne et trouve une femme, une arme dans la main. Elle s’accuse du meurtre de son mari ! La police prévenue pourrait se satisfaire de ses aveux. Ne rêvez pas. L’inconnu démontre qu’elle ne peut l’avoir commis. Alors si ce n’est-elle, qui est-ce ? Dans la famille Warwick, après la femme, on demande la mère, le petit frère, l’amant, la demoiselle de compagnie, l’infirmier ! Est-ce une histoire de famille ? Ou bien le passé du défunt qui vient de lui sauter à la figure ? Il faudra attendre la fin pour que l’énigme se dénoue et ne comptez pas sur nous pour vous dire qui a tué l’ignoble Warwick, un être assez méprisable pour être détesté de tous, spectateurs compris.
Un casting cinq étoiles
Avec un jeu des plus précis, dans les beaux costumes de Dominique Bourde, les comédiens jouent à merveille. Sara Biasini, toute en délicatesse et en glamour, est parfaite en femme malheureuse dans son couple. Robert Plagnol est à son aise dans le personnage de l’amant, homme ambitieux et manipulateur. Françoise Pavy est formidable en reine mère qui sait combien son fils était odieux. Emmanuelle Galabru est surprenante en vieille fille qui cache bien des choses. Pablo Cherrey-Itturralde est émouvant en garçon simplet reclus dans son monde intérieur. Antoine Courtray est inquiétant à souhait en infirmier peu recommandable. L’énigmatique inconnu est fort adroitement dessiné par l’épatant Cédric Colas. Stéphane Fiévet est remarquable en fin limier de la police anglaise, cherchant les alibis et les mobiles.
Une enquête rondement menée
Dans une scénographie de toute beauté, signée par l’excellent François Cabanat, Frédérique Lazarini met en scène avec un sacré savoir-faire cet univers digne d’un Hitchcock. Sans aucun temps morts, enchaînant les actes, bougeant les pions sur le plateau, elle installe l’ambiance et laisse monter la sauce. Et l’on se fait prendre à ce Cluedo grandeur nature. Les admirateurs de la reine Christie vont être comblés et les autres vont se régaler à ce divertissant drame policier.
Marie-Céline Nivière
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