Source : Cinémathèque - 10 février 2022
Télécharger ici le dossier de presse de l'exposition
«En réalité, j'étais simplement en avance sur mon temps. À une époque où il n'était encore nulle part question de libération de la femme, j'ai entrepris ma propre libération. J'ai forgé moi-même mon destin, et je ne le regrette pas» (Moi, Romy : Le journal de Romy Schneider, éditions Michel Lafon, 1989).
L'INVENTION DE LA FEMME MODERNE
Quarante ans après sa disparition, Romy Schneider (23 septembre 1938 / 29 mai 1982) est toujours aussi aimée et populaire. Actrice européenne, avec une carrière débutée en Allemagne et poursuivie en France, elle est devenue une star grâce à des films qui ont marqué à jamais l'histoire du cinéma.
Pourtant, depuis quelques années, la tragédie de la fin de sa vie prend le pas sur le reste. Il est toujours plus vendeur de présenter une femme comme un paquet de névroses, sujette à la mélancolie et désespérée jusqu'à l'os. Surtout si celle-ci était d'une beauté fracassante et l'une des plus grandes actrices de l'histoire du cinéma.
Avec Romy, on n'a voulu s'attacher qu'à cela : la tragédie d'une vie trop courte qui devait obligatoirement cacher d'autres drames, d'autres douleurs que ses films permettaient d'exorciser, de transcender. Comme si elle devait à tout jamais payer le prix de sa beauté, de ses amours flamboyantes avec Alain Delon, de ses films, de sa jeunesse et de sa liberté. Tenter de retrouver tous les petits cailloux comme des indices qui allaient conduire à l'issue fatale, c'était écrit, cela ne pouvait que se passer ainsi. Les États-Unis avaient bien eu leur Marilyn, on pouvait en rêver tout autant.
Mais tout ceci n'est-il pas un peu réducteur pour une actrice d'exception ? Elle, qui a fait rêver des millions de spectateurs, qui est devenue la muse d'immenses réalisateurs, et qui par son travail, par sa grâce face à la caméra, a inventé un style de jeu qu'aujourd'hui encore on admire et honore.
Alors, si nous tentions plutôt de révéler l'immense actrice qu'elle fut ? Derrière l'image de la jeune ingénue de ses débuts, dévoiler son goût du risque et des ruptures, la façon dont elle a bâti sa carrière pour casser l'image de porcelaine de cette princesse autrichienne grâce à qui elle était devenue une star a à peine 16 ans. La façon dont elle a pris en main sa destinée d'actrice et a su, tout au long de sa carrière, aller là où on ne l'attendait pas, surprendre toujours, se réinventer et s'entourer des plus grands. Alain Cavalier, dont elle tourna le premier film, Claude Sautet, bien sûr, Luchino Visconti, Orson Welles, tous s'accordent à parler de son génie. Dévoiler les secrets de cette virtuosité, son sérieux, qu'elle mettait en tout et dans son travail en premier. Toujours pleine de trac, de doutes, elle ne cessait de se questionner sur sa légitimité, son jeu, sa beauté, son charisme.
Montrer aussi, dans cette exposition, comment la carrière de Romy Schneider a écrit une histoire du cinéma de son époque, celle de grands cinéastes du monde entier, qu'ils soient français, américains, italiens, allemands, autrichiens.
Il y avait chez elle une quête d'absolu qui a sans doute contribué à son génie et à sa grâce.
On peut le découvrir à travers ses lettres et ses notes et quelques-uns de ses témoignages aux journalistes, dont elle se méfiait beaucoup. Ce sont pourtant eux, qui depuis près de quarante ans, commentent, dissèquent et inventent des histoires autour de sa destinée.
Ne serait-il pas mieux de lui redonner la parole à elle, Romy Schneider ? Tenter de la faire revivre à travers ses rôles, bien sûr, mais aussi ses textes, ses interviews radios, télévisés, son journal, grâce aux making-of des tournages où on la découvre vibrante toujours et si gaie, pleinement heureuse de faire son métier.
Avec une vie si romanesque, des ruptures si marquées, des rencontres si déterminantes, c'est à nous, à travers cette exposition, de comprendre de quelle manière elle est devenue cette icône, cette femme moderne qui, quarante ans après sa mort, fait toujours autant battre les cœurs et dont l'image, elle, n'a pas pris une ride. La montrer parfaitement vivante, en pleine lumière, si sensuelle, si belle, et tenter de percer son mystère. En tout cas, tenter de le faire et surtout, sans effraction.
Clémentine Deroudille
Commissaire de l'exposition.
La Cinémathèque Française - 51 rue de Bercy - 75012 Paris
HORAIRES :
- Lundi : 12h00 - 19h00
- Mercredi à vendredi : 12h00 - 19h00
- Samedi à dimanche : 11h00 - 20h00
- Vacances scolaires (zone C) et jours fériés : 10h-20h
- Fermeture les mardis et le 1er mai
TARIFS :
- Plein tarif : 12 €
- Tarif réduit : 9,50 €
- Moins de 18 ans : 6 €
- Libre Pass : Gratuit
Commentaires