L’académicien Jean-Loup Dabadie est mort, dimanche 24 mai, à Paris, a annoncé son agent, Bertrand de Labbey, à l’Agence France-Presse (AFP). Il avait 81 ans. M. Dabadie est mort à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, d’une autre maladie que le Covid-19, a précisé son agent.
Né en 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie avait débuté comme écrivain et journaliste, avant de devenir auteur de sketches à grand succès, puis un immense parolier et un scénariste remarqué pour ses textes empreints de tendresse et de nostalgie.
"C’était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos ; la chanson avec Polnareff et Julien Clerc ; et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur", a rappelé M. de Labbey. M. Dabadie a écrit son premier roman, Les Yeux secs, à 19 ans, avant de débuter dans le journalisme, collaborant à la revue Tel quel au côté de Philippe Sollers, et aurait pu devenir un auteur "sérieux", s’il n’avait expédié ses premiers sketches – Paulette, Le Boxeur… – à Guy Bedos durant son service militaire.
De "La gifle" à "Vincent, François, Paul et les autres" Jean-Loup Dabadie a été parolier, écrivant plus de 300 chansons pour fournir en tubes plusieurs générations de chanteurs. Juliette Gréco, Yves Montand, Michel Sardou, Serge Reggiani… Avec là encore deux rencontres majeures : Michel Polnareff, pour lequel il écrivit un hymne au bonheur partagé, On ira tous au paradis, et Julien Clerc, avec qui il travaillera sur une dizaine d’albums et pour lequel il signera les chansons "Le cœur trop grand pour moi", "Femmes, je vous aime", et tant d’autres.
Il est également l’auteur des scénarios ou dialogues d’une trentaine de films majeurs de ces cinquante dernières années. On pense à "César et Rosalie" (1972), "Les choses de la vie" (1970) ou "Vincent, François, Paul et les autres" (1974), tous les trois réalisés par Claude Sautet. Il a aussi écrit pour François Truffaut ("Une belle fille comme moi", en 1972), Yves Robert et Jean-Paul Rappeneau ("Le sauvage", en 1975).
Le comédien laisse derrière lui des films innombrables tournés avec les plus grands cinéastes et une immense carrière théâtrale.
Il était apparu au cinéma dès 1945, avant de devenir l'un des plus grands acteurs français. Né le 27 décembre 1925, Michel Piccoli est mort à 94 ans, a annoncé sa famille lundi 18 mai. Acteur, réalisateur, producteur, metteur en scène, il a rencontré le succès sur le tard, à partir de 1963, avec "Le Mépris" de Jean-Luc Godard, aux côtés de Brigitte Bardot. Il était omniprésent depuis, sur scène et à l'écran, jusqu'à 2014, date de sa dernière apparition au cinéma.
Un homme secret et engagé Discret, voué à son art, exigeant dans ses choix, Michel Piccoli ne défrayait pas la chronique. Seul un film, une pièce, une récompense le faisait sortir de son antre, rien de plus. Secret, il a toutefois toujours prôné ses valeurs socialistes, soutenant François Mitterrand à deux reprises, ainsi que Ségolène Royal, montant au créneau contre le Front national ou pour défendre Amnesty International et les droits d'auteur sur internet.
Né à Paris d'un père violoniste et d'une mère pianiste, fille de famille fortunée, Michel Piccoli entre au cours Simon et apparaît dès 1945 à l'écran dans "Sortilège" de Christian-Jaque. Il a alors 20 ans. Si le cinéma fait tôt appel à lui, c'est le théâtre qui le passionne. Il intègre les compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot, ou l'avant-gardiste Théâtre de Babylone.
La vie privée de l'homme reste confidentielle. Si ses trois mariages sont connus, qui se le rappelle marié à Juliette Gréco de 1966 à 1977 ? Il est également le père d'une fille issue de son premier mariage et de deux filles adoptives polonaises.
L'anti-jeune premier Dès ses débuts, le jeune Piccoli passe du cinéma au théâtre, avec une accélération prodigieuse à partir de 1950. Il enchaîne jusqu'à cinq pièces (Courteline, Pirandello, Strindberg) et quatre films la seule année 1952. Il tourne pour Jean Delannoy, Jean Renoir, René Clair, Alexandre Astruc… L'acteur participe aux balbutiements de la télévision dès 1954 dans un remake de Sylvie et le Fantôme, et y fera des apparitions régulières, même si le grand rôle n'est pas au rendez-vous.
Il tourne en 1956 La Mort en ce jardin, son premier film avec Luis Buñuel, qui le dirigera cinq autres fois, dans "Journal d'une femme de chambre" (1963), "Belle de jour" (1966), "La Voie lacté"e (1969), "Le Charme discret de la bourgeoisie" (1972) et" Le Fantôme de la liberté" (1974). Remarqué dans "Le Doulos" de Jean-Pierre Melville en 1962, Michel Piccoli se fait connaître du grand public l'année suivante, grâce au "Mépri"s de Jean-Luc Godard, où, premier rôle masculin, il donne la réplique à Brigitte Bardot, en pleine "BBmania".
Il a 38 ans, l'âge de la retraite pour les jeunes premiers, rôle que ne tiendra jamais Piccoli, alors que sa vraie carrière vient de commencer.
Buñuel, Sautet, Ferreri… et les autres Ce physique mature ne l'empêchera pas de tourner avec les plus belles actrices : Bardot, on l'a vu, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve ou Romy Schneider. Les années 1960-1970 sont un boulevard pour Michel Piccoli qui va enchaîner les grands rôles. Comparable aux Gabin, Delon, Ventura de l'époque, il fait toutefois le choix de films moins commerciaux et s'il tâte du polar, c'est toujours à la marge.
Après sa rencontre majeure avec Luis Buñuel, c'est Claude Sautet qui domine dans sa carrière. Le réalisateur fait appel à lui en 1970 dans "Les Choses de la" vie qui le place au premier plan et engendrera quatre autres collaborations : "Max et les Ferrailleurs" (1971), "César et Rosalie" (1972), "Vincent, François, Paul… et les autres" (1974), puis "Mado" (1978), tous aux côtés de Romy Schneider.
Troisième réalisateur à lui être fidèle : Marco Ferreri avec lequel il tourne six films, dont le sulfureux "La Grande Bouffe", qui fit un scandale mémorable en 1973 à Cannes. Frondeur, il y incarne, aux côtés de Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Philippe Noiret et Andréa Ferréol, un homosexuel qui meurt dans ses excréments.
Il jouera aussi un homme amoureux de sa poupée gonflable ("Grandeur nature"), un locataire qui pète les plombs et détruit son immeuble ("Themroc") ou un avocat bigame, escroc et assassin "(Le Trio infernal").
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