Source : Theatrauteurs.com - 03 février 2020
Personne bien sûr, n'a oublié le couple : Taylor-Burton. Par conséquent, Frédérique Lazarini parfaitement consciente de cet écueil se devait d'aborder le thème différemment.
D'abord, elle a choisi de recentrer l'action sur 5 personnages - ô combien essentiels ! - tout en élargissant la forme d'expression en utilisant le langage cinématographique de façon ponctuelle et en multipliant les clins d'oeil en direction des années 50-60 porteuses de talents comme ceux d'un Fellini, d'un Comencini ou d'un Vittorio De Sica ... Voilà pour l'atmosphère et il est évident que nous sommes bel et bien en Italie, là où le soleil exacerbe les passions.
Catarina a le menton carré et le front obstiné de Sarah Biasini qui incarne superbement cette rebelle passant aux yeux de tous pour une mégère ! Cedric Collas campe de façon surprenante ce Petruchio à l'allure féline. Sa souplesse et sa détermination font de lui un grand fauve mais il fallait bien cela pour affronter la tigresse annoncée… Baptista, ce père aimant mais respectueux des conventions ( à l'époque l'aînée devait obligatoirement se marier avant la cadette ) résume à lui seul le tempérament méridional dans toute sa splendeur. Maxime Lombard nous fait croire par instants que le grand Raimu est ressuscité tant il prête à ce rôle de rondeur et d'impact.
Lucentio (Pierre Einaudi) amoureux de Bianca, la soeur cadette laquelle ne saurait " brûler les étapes " est le prétendant idéal du moins à ce stade. Enfin, le valet débrouillard (Tranio) sous les traits de Guillaume Veyre intervient dans le plus pur style de la comédie italienne. Voici donc une humoristique guerre des sexes où peut-être le vainqueur ne sera pas celui que l'on croit mais en aura du moins toutes les apparences après une alternance de victoires et de défaites.
Ce, jusqu'à la morale de l'histoire bien sûr qui à l'époque actuelle peut nous paraître surprenante !
Scènes jouées en direct et scènes filmées se succèdent faisant parfois la liaison entre l'ancien temps et le nouveau nous déplaçant d'un lieu à l'autre, d'une place publique au huis-clos du mariage où le drame prend souvent des allures burlesques.
Le spectateur surpris, un peu dérouté au démarrage de la pièce se prend peu à peu au jeu brillant des interprètes et à la hardiesse avec laquelle ce classique nous est présenté. Bousculés mais séduits, nous ne pouvons que suivre et finalement adhérer.
Bravissimo !
Simone ALEXANDRE
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