C’est une des premières pièces de Shakespeare, écrite semble-t-il vers 1594, constituée de cinq actes et un prologue. Certains ont en mémoire l’adaptation télévisée qu’en fit Pierre Badel en 1964, où s’affrontaient Rosy Varte et Bernard Noël dans les rôles principaux.
Quelques années plus tard Franco Zeffirelli nous en donnait une version cinématographique colorée mettant en scène les deux monstres sacrés qu’étaient alors Elizabeth Taylor et Richard Burton, jouant sur scène un duel qui aurait pu être leur vie.
Car c’est bien d’un duel qu’il s’agit ici, entre la revêche Catarina d’une part, fille aînée du riche marchand Baptista et de Petruchio, séduisant aventurier de passage qui, bravache et intéressé par la dot, relève le défi de mâter la rebelle.
De Padoue à Vérone les deux époux s’observent, se jaugent, se courtisent et finissent par s’apprécier tous deux à leur juste valeur.
Frédérique Lazarini a choisi d’en donner une version moderne et allégée, d’une heure trente environ, privilégiant les scènes de joute entre les deux protagonistes principaux.
Elle a situé sa pièce dans l’Italie des années cinquante, celle de l’âge d’or du cinéma italien, rajoutant au texte des chansons de l’époque que les acteurs entonnent avec un plaisir communicatif.
Et puis, autre trouvaille, la mise en scène alterne astucieusement théâtre et cinéma : certaines scènes filmées par la réalisatrice, sont projetées sur un écran en fond de scène rappelant les cinémas ambulants qui existaient à cette époque dans de nombreux villages. Mise en abyme où les acteurs, assis sur des bancs, se regardent évoluer sur la toile.
Sarah Biasini est Catarina. Si son visage vous rappelle quelqu’un c’est normal, car elle est bien la fille de sa mère ! On a plaisir à voir ses traits évoluer progressivement, du dégoût du début à la soumission finale.
Cédric Colas, qu’on a déjà vu la saison dernière en ce lieu dans «Les Rivaux» campe un Petruchio ambigü, plein de charme et de rouerie à la fois. Maxime Lombard nous délivre un Baptista truculent qui nous fait penser au regretté Michel Galabru.
Une mention spéciale pour Pierre Einaudi dans le rôle de Lucentio, qui, tout feu tout flamme au début de sa lune de miel avec la douce Bianca, s’éteint et perd peu à peu toute sa joie de vivre aux côtés de son épouse devenue acariâtre.
Pièce misogyne ? Sans doute à l’époque, mais Frédérique Lazarini préfère y voir la volonté de libération des femmes vis à vis du joug masculin. Et la tirade finale, rajoutée par ses soins, est bien là pour nous éloigner de tout manichéisme.
La chaîne des Yvelines Aujourd'hui, coup de projecteur sur l'actrice Romy Schneider. La star du cinéma a vécu un peu plus d'un an dans les Yvelines. Son destin a basculé dans ce département avec notamment la mort de son fils à Saint-Germain-en-Laye. Son portrait par Mickael Elmidoro.
Shakespeare immémoriel ou Shakespeare à la poubelle ? Voir ou ne pas voir cette pièce ? L’actualiser et si oui, comment ?
Dans «La Mégère apprivoisée», il est question de Baptista (Maxime Lombard), père de deux filles, qui s’oppose à marier sa douce Blanca tant que l’acariâtre et indomptable Catarina (Sarah Biasini) ne sera pas elle-même promise à un mari. Débarque alors un gaillard, arrogant et vénal, en la personne de Petruchio (Cédric Colas) qui prétend pouvoir mater Catarina et laisser le champ libre à son ami Lucentio (Pierre Einaudi) pour ravir la cadette.
La pièce a été adaptée par Frédérique Lazarini qui l’a placée sur la place d’un village italien des années 50. Dans cette adaptation, la pièce se réduit à cinq personnages sur scène tandis que quatre autres apparaissent dans de petites séquences vidéo projetées sur ce qui paraît être un cinéma ambulant. Cette trouvaille est intéressante, permettant à des personnages absents sur scène d’apparaître en second plan. De plus, les passages de pubs italiennes (joli travail d’archive!) sont de réjouissants interludes. Le décor est simple mais appréciable et les costumes mi-contemporains, mi-élizabethains font bon effet.
Dans le cinéma italien des années 50, des revendications sociales et féministes prennent forment, écho à notre mégère qui, chez Shakespeare, a bien du mal à se faire entendre. Petruchio, en la privant de sommeil et de repas entreprend de la dresser. Après quelques tours de passe-passe grâce à la complicité de son valet, il la ramène voir son père Baptista. Les hommes mariés présents parient alors sur la femme la plus soumise : Catarina devenue obéissante fait gagner son mari.
Malgré toute l’inventivité de l’adaptation proposée, ce fut pour moi, avec mon regard féminin et contemporain, un choc tant les propos de Shakespeare suintent d’une misogynie sans borne. De plus, le jeu est un peu criard et poussif, le personnage de Petruchio surtout est surjoué.
N’était survenu cet épilogue final dans lequel Sarah Biasini déclame un texte emprunté à Virginia Wolf, j’aurais gâché mon après-midi. Si cet aparté me rassure sur l’intention des acteurs et de la metteure en scène, la sensation reste désagréable.
Malgré une proposition artistique insérant astucieusement la critique par le cinéma italien des années 50 dans l’intrigue, j’ai l’impression d’être passée à côté de la suggérée modernité de cette adaptation.
THÈME À Padoue, il signore Baptista a deux filles à marier : Bianca, la cadette, est douce, docile, et donc très courtisée, alors que sa soeur aînée, Catarina, colérique et rebelle, n’attire aucun prétendant. Le patriarche ayant décidé qu’il n’accordera à personne la main de Bianca avant que Catarina ne soit mariée, l’un des prétendants de la première va présenter l’un de ses amis, l’impétueux Petruchio, prêt à épouser Catarina… pour sa dot ! Celle qui représentait tout ce qu’un homme ne voulait pas trouver en son épouse, va finalement devenir une femme soumise et tellement plus « agréable » aux yeux d’une société patriarcale, après que son époux l’a « domptée » ...
POINTS FORTS Dans cette adaptation très réussie et modernisée de la pièce de Shakespeare modernisée, le jeu des comédiens est plein d’humour. D’aucun pensent aujourd’hui qu’un génie comme Shakespeare ne pouvait être un abject misogyne, et qu’au fond sa pièce était féministe, puisqu’elle offre une place centrale à une femme rebelle et laisse apparaître son mari oppressant comme un brutal manipulateur... Il reste que Catarina deviendra une femme obéissante, soumise, et que la pièce du génial Anglais se conclue sur un passage tellement misogyne qu’il ne peut désormais que faire rire (au moins jaune) !
Les intentions de Frédérique Lazarini sont, elles, sans ambiguité : le ton subtilement adopté par les comédiens, et surtout la lecture en toute fin de pièce par Catarina d’un texte de Virginia Woolf, tiré d’Une Chambre à soi, et qui évoque la « sœur merveilleuse de Shakespeare », ne laisse pas planer le doute, et cela est bien agréable à des oreilles du XXIe siècle.
POINTS FAIBLES Il va de soi que tous ceux qui pourraient se sentir oppressés ou menacés par l’émergence des discours féministes (ou plutôt humanistes devrait-on dire), ou par les mouvements tel que Mee too, et qui pensent que c’était « tellement mieux avant » risquent de ne pas goûter l’approche de Frédérique Lazarini...
EN DEUX MOTS "La mégère apprivoisée", déjà adaptée - ainsi à l’écran en 1967 autour du couple mythique (et tout aussi tumultueux) Elizabeth Taylor / Richard Burton - donne lieu à une nouvelle proposition sur les planches, très réussie, plus actuelle, et cette fois-ci sans conteste féministe !
UN EXTRAIT Catarina: « Une femme en courroux est comme une fontaine troublée, fangeuse, sans transparence, sans pureté, et perd toute sa beauté ; et tant qu’elle est dans cet état, nul, si altéré qu’il soit, ne daignera boire ou toucher des lèvres une seule goutte de son eau ! Ton mari est ton seigneur, ta vie, ton gardien, ton souverain, celui qui prend soin de toi et qui, pour assurer ta subsistance, soumet son corps à de durs travaux sur terre et sur mer, qui veille la nuit dans la tempête, le jour dans le froid, tandis que tu reposes, bien au chaud, dans la paix du logis. »
L'AUTEUR William Shakespeare est un dramaturge, poète et acteur anglais né en 1564 est souvent considéré comme le plus grand écrivain de la langue anglaise et le plus grand dramaturge de tous les temps. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, se compose de 39 pièces, 154 sonnets et quelques poèmes supplémentaires, dont certains ne lui sont pas attribués de manière certaine.
La musique dans le cinéma de Claude Sautet Rediffusion de la chronique du 10 décembre 2014 de Rebecca Manzoni
Le duo Claude Sautet - Philippe Sarde est à l’affiche de "Pop N'co". En 69, Claude Sautet a 45 ans et il se dit que le cinéma, c’est fini pour lui. Son dernier film est un échec. En 69, Philippe Sarde a 20 ans et il se dit que le cinéma est fait pour lui.
Ces deux - là vont vivre 30 ans d’amitié et de collaboration : 11 films ensemble avec Sautet à la caméra et Philippe Sarde à la musique.
A l’époque Philippe Sarde vit encore chez ses parents. La première fois qu’il reçoit Sautet, c’est chez eux. Et il l’accueille en pyjama. Or qu’a-t-il fait jusque - là ? Deux chansons pour Régine. Pas de quoi rouler des mécaniques. A fortiori en pyjama. Mais Claude Sautet croit en ce jeune-homme. "Les Choses de la vie", c’est la naissance de Sautet comme auteur et celle du jeune Philippe Sarde comme compositeur majeur de musique de films pour Polanski ou Téchiné plus tard.
"Les choses de la vie" est aussi le seul et unique film de Sautet qui a donné une chanson avec des paroles signées Jean-Loup Dabadie. La chanson d'Hélène ouvre un disque intitulé "Le cinéma de Claude Sautet", qui réunit les musiques que Philippe Sarde a composées pour lui. Elle ne figure pas dans le film. Sautet n’aimait pas "La Chanson d’Hélène". Trop variété. Trop vulgaire. Lui, est amateur de jazz. Il fut critique musical pour le journal Combat. C’est lui, qui a sifflé ce thème de "Max et Les ferrailleurs".
Sautet inspirait des mélodies. Assistait aux enregistrements. Son ambition, je cite, était de : "Faire des films pour en arriver à la musique". La musique lui permettait de dessiner ses personnages selon le principe : « Dis-moi ce que tu écoutes. Je te dirai qui tu es. »
Dans "César et Rosalie", Yves Montand, c’est Bach : baroque, fugue et grands gestes. Son rival, c’est Samy Frey. Plus sombre, plus secret, il est associé au jazz.
L'équipe Rebecca Manzoni : Productrice Flora Bernard : Réalisatrice Hugo Combe : Attaché de production
Chaque artiste aimerait que son travail lui subsiste. Le (difficile) secret réside sans doute dans le fait de choisir un sujet intemporel, et lui permettre d’être adaptable à toutes les époques. La mégère apprivoisée en fait partie ! Venez assister à la version 2020 de l’œuvre de Shakespeare. La libre interprétation de Frédérique Lazarini est comme ses comédiens, pleine de charme, subtile, vive, terriblement actuelle et délicieusement surprenante…
En voyant la scène vide, un premier élément interpelle d’emblée. Nous y trouvons des bancs, du linge d’une autre époque et surtout, un énorme écran de cinéma. Cette adaptation semble prometteuse d’audace !
Nous sommes à Padoue, dans les années 50. Luciento et Tranio conversent avec ferveur lorsque l’écran se met en marche. Dans la plus pure tradition des films de l’époque, en noir et blanc, Baptista apparaît en présence de ses deux filles. Immédiatement, Luciento tombe amoureux de Bianca, la fille cadette, et désire la prendre en noces. Cependant, dans le respect des traditions, Baptista doit d’abord marier sa fille aînée : l’indomptable Catarina…
C’est une femme insoumise, se libérant de tout carcan et fardeau patriarcal. En effet, elle s’exprime, s’assume et le revendique haut et fort. C’est alors qu’entre en scène Pétruchio, son prétendant. Il montera tout un stratagème afin de dompter sa future épouse. S’ensuit alors une fresque, animée par la fraîcheur et le dynamisme d’une Italie enfiévrée !
Un message apprivoisé Les comédiens portent la pièce de bout en bout avec entrain et dynamisme, sans un seul instant de répit ! Aussi inquiétante qu’éclatante, Sarah Biasani exulte aux côtés d’un bien malicieux Cédric Colas. Ils forment un duo détonnant et étrangement complice. Quant à Pierre Einaudi et Guillaume Veyre, leurs facéties et tendres désillusions convainquent. Autant que Maxime Lombard en père désespéré !
La mise en abyme de la pièce grâce aux séquences vidéos est un choix judicieux et particulièrement éclairé. Ainsi, Frédérique Lazarini insuffle au texte l’énergie et le vent de libération sociale du cinéma italien de cette époque. La misogynie se veut drôle tant elle semble déplacée et la soudaine soumission de Catarina éveille les soupçons… C’est trop facile, trop lisse, quelque chose nous échappe et nous le ressentons bien.
Au final, qui se joue des autres ? Qui s’amuse ? Il faut attendre les toutes dernières minutes afin que tout s’éclaire pour un final d’une délectable finesse…
La Piscine : les coulisses du film culte avec Alain Delon et Romy Schneider
Sidonie Bonnec, Thomas Hugues et leur invité vous racontent les coulisses du film culte "La Piscine".
Le film de Jacques Deray "La piscine" qui vient de fêter ses cinquante ans, fascine toujours autant. Un couple glamour Alain Delon et Romy Schneider, un huis clos torride sous le soleil de Saint Tropez, les premiers pas d’une jeune actrice britannique Jane Birkin, Vincent Perrot nous révèle les coulisses d’un film culte.
Pourquoi "La Piscine" est considéré comme un film culte ? Comment Jacques Deray a l’idée de ce film "La Piscine" ? Comment se passe le tournage ? Comment se passent les retrouvailles entre Alain Delon et Romy Schneider ? Alain Delon a-t-il tenté de séduire Jane Birkin ? Qui compose la musique du film ?
Notre invité nous racontera également les premiers pas de Jane Birkin dans le cinéma français et l'inquiétude de Serge Gainsbourg pendant le tournage.
Arte consacre ce soir une soirée spéciale à Romy Schneider. Actrice intense, en 1975, elle évoquait sa passion du cinéma.
Le 12 février 1975, France Roche se rend sur le tournage du dernier film d'Andrezj Zulawski, L'Important, c'est d'aimer. Entre deux scènes, la journaliste s'entretient avec Romy Schneider qui tient l'un des rôles principaux. Un rôle d'actrice ratée. Ensemble, elles évoquent la place du cinéma dans la vie de la comédienne.
France Roche la présente d'emblée comme : "La comédienne la plus demandée et la plus payée du cinéma français" et lui demande comment elle a abordé ce rôle d'actrice ratée. Romy lui répond que : "Il y a ¾ de ce personnage qui se sépare complètement de moi-même et ¼ qui se rapproche de moi-même."
Elle raconte ensuite qu'elle s'est servie des émotions de ses débuts, une époque où elle a connu deux années compliquées : "on commence à se poser des questions. On a beaucoup moins confiance en soi-même. On a peur. On est très angoissé. Et on se dit : on ne veut plus de toi. Qu'est-ce qu'il faut faire ?"
Elle ajoute, que pour elle le cinéma : "c'est presque un vice, une passion telle, en tout cas pour moi, que je ne pourrais jamais faire autre chose. J'espère que je saurais arrêter au moment juste. Ne pas continuer quand vraiment rien ne va plus et quand on n'a plus rien à donner."
Elle aboie, vitupère, hurle, menace, roule des yeux méchants..la mégère est indomptable et son père bien désespéré de ne la point marier ! Suspense. Allez vite au théâtre assister à l’heureuse issue.
Scène dépouillée marquée de quelques bancs, linge blanc qui pend, on s’imagine dehors sans trop savoir. Deux individus discutent à propos de deux sœurs, une charmante Bianca et une furie Catarina…
La pièce de William Shakespeare, mise en scène et adaptée par Frédérique Lazarini, nous plonge dans les années cinquante autour d’un cinéma ambulant en Italie. Et on prend goût à cette alternance de scènes entre les acteurs devant nous et d’intervalles sur la toile, en noir et blanc. Un rythme qui dynamise la pièce, nous tient en haleine.
Le grand dramaturge passionné par l’Italie, vive Roméo et Juliette !, nous dévoile les désirs d’une femme aux aspirations résolument moderne qui entend bien vivre à sa guise, d’une libre parole, sans contrainte ni mari pesant sur le dos. Elle est rattrapée par son époque et quand un galant se présente, le père ne peut qu’accepter avec grande joie, le mariage de sa terrible fille. Issue inespérée !
Et par la fine connaissance psychologique de Shakespeare, la belle héroïne va demander grâce à son mari ! Aux spectateurs de découvrir par quel miracle ?
Quand à la soeur, par un changement d’état, pour finir prévisible, la douce Bianca, elle, se lasse de son calme et gentil époux et devient incertaine et morose.
Ah les mystères du cœur féminin !
Entre cris et rage, baisers torrides et discussions, on se plait à rire et à se laisser distraire par cette comédie originale dans son traitement, mordante, haute en couleurs. Les comédiens, mené par Petruchio alias Cédric Colas et Catarina ou Sarah Biasini sont excellents, servis avec talent par le père, la sœur et les autres comédiens.
Vraiment un bon moment passé grâce à une pièce plaisante dans le fond comme dans la forme !
Une adaptation et une Mise en Scène où le talent fait rage, de Frédérique LAZARINI, assistée de Lydia NICAUD.
Très honnêtement, c'est la première "Mégère", hors parodie, où je prends autant de plaisir.
Nous sommes en 1950, sur la place d'un village au Sud de l'Italie, un cinéma ambulant va y donner une représentation.
Nous passons souvent de ceux de l'écran à ceux qui sont sur scène. On regrette d'ailleurs de ne pas voir "en vrai" Bianca, si bien jouée par Charlotte DURAND-RAUCHER.
Sur scène: Sarah BIASINI, qui ressemble tant à sa maman. Mais, si Romy SCHNEIDER était encore là, on lui demanderait si c'est bien elle la mère de Sarah Biasini. Sarah a vraiment beaucoup de talent ! Cédric COLAS, le Petruchio que l'on imagine. Pierre EINAUDI, très "en place". Maxime LOMBARD, qui fait beaucoup penser à Michel Galabru. Guillaume VEYRE, virevoltant et très drôle.
Sur l'écran, il y a aussi : Didier LESOUR , Jules DALMAS et Hugo PETITIER. Trois très bons comédiens.
Scénographie et Lumières : François CABANAT. Costumes: Dominique BOURDE, assistée de Emmanuelle BALLON. Le film projeté est réalisé par Bernard MALATERRE.
Une soirée d'une légèreté talentueuse, c'est un sans faute ! Le comédien Bernard Ménez qui était dans la salle n'a pas boudé son plaisir. Mardi: 20H30 - Mercredi & Jeudi: 19H00 - Vendredi: 20H30 - Samedi: 17H00 et 20H30 - Dimanche: 17H00.
Une adaptation, des comédiens, dont on va garder longtemps la mémoire...
Des bancs de bois alignés de part et d'autre et les uns derrière les autres semblent prolonger les gradins de l'Artistic Théâtre nous rendant spectateurs d'un cinéma ambulant trônant sur une petite place éclaboussée de soleil et ceinte de palissades de draps immaculés sur lesquelles sont épinglées chemises, combinaisons blanches comme neige (chaude et lumineuse scénographie de François Cabanat) et d'où surgiront les comédiens.
On y respire l'ambiance de l'Italie des années 50-60 et lorsque Sarah Biasini qui interprète le personnage tempétueux de Catarina retirera quelques vêtements qui sèchent, se superposera l'image de Sophia Loren lorsqu'elle étend son linge dans "Une journée particulière" d'Ettore Scola.
La mise en scène judicieuse de Frédérique Lazarini - également majestueuse comédienne, elle était flamboyante dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo - mêle intrinsèquement différentes périodes et différents styles d'autant qu'elle s'appuie sur le matériau cinématographique de la comédie italienne pour illustrer la pièce de Shakespeare au théâtre (réalisation du film Bernard Malaterre).
Sur le plateau de l'Artistic Athévains, l'épopée burlesque et survoltée de la "Mégère" est très resserrée et se joue à cinq personnages alors que d'autres personnages prennent vie dans de piquantes séquences filmées, comme la soeur cadette Bianca (Charlotte Durand-Raucher) et les deux prétendants Hortensio et Gremio jetant à ses pieds d'éprises déclarations.
Des intermèdes savoureux comme la pantalonnade farfelue du mariage sont projetés sur l'écran où se poursuit donc une partie de la pièce, créant un décalage scénique renforcé par le saut effectué à travers des décennies différentes.
Sur le plateau de l'Artistic Athévains, l'épopée burlesque et survoltée de la "Mégère" est très resserrée et se joue à cinq personnages alors que d'autres personnages prennent vie dans de piquantes séquences filmées, comme la soeur cadette Bianca (Charlotte Durand-Raucher) et les deux prétendants Hortensio et Gremio jetant à ses pieds d'éprises déclarations.
Des intermèdes savoureux comme la pantalonnade farfelue du mariage sont projetés sur l'écran où se poursuit donc une partie de la pièce, créant un décalage scénique renforcé par le saut effectué à travers des décennies différentes.
Ainsi, on plonge dans la Commedia dell’arte avec ses fanfaronnades, on croise le personnage de Toto, très en vogue au début des années cinquante, défilent des photos de femmes des années soixante au tempérament affirmé comme La Magnani, la Mangano...faisant parallèle au caractère impétueux de Catarina.
On est dans l’Italie de «la Dolce vita» de Fellini, dans le « Mariage à l'italienne » de Vittorio de Sica, «Le lit conjugal» de Marco Ferrerro... Les époques s'enchevêtrent et les costumes des comédiens s'interchangent, tantôt élisabethains tantôt modernes (costumes Dominique Bourde).
Dans cette atmosphère italienne joyeuse et exubérante accompagnée de musiques sucrées et sensuelles, les comédiens interprètent la partition avec une ardeur puissante et une vitalité communicative.
Cédric Colas est un Petruchio plein d'énergie, à la verve endiablée, jouant le méchant avec délectation, martyrisant à souhait la fragile et néanmoins robuste Sarah Biasini, qui se défend avec fougue et donne un éclat exquis à Catarina.
Maxime Lombard au truculent accent est un père à l'obstination bornée ne fléchissant aucunement devant la volonté de marier sa fille aînée avant la plus jeune malgré les suppliques de Lucentio, l'amoureux transi de Bianca joué par Pierre Einaudi. Quant au valet Grumio - Guillaume Veyre - c'est en vrai bouffon qu'il aide son maître à humilier Catarina pour la rendre servile.
Les scènes de privation sont absolument cocasses. Cependant, lorsque la farouche épouse ravalera sa fierté, rien que parce que son corps crie famine et tombe d'épuisement par manque de sommeil, Petruchio, lui, ayant eu le plaisir sadique de faire plier le réel à son désir, finira par abdiquer devant cette résistance qui cède tout au moins en apparence.
A la fin de la pièce, l’héroïne lit un texte de Virginia Woolf, rendant hommage à la sœur de Shakespeare qui n’a pas existé et n’aurait pas pu faire sa carrière… Frédérique Lazarini assure la revanche de Catarina par cette tirade provocatrice.
Dans cette mise en scène débridée, haletante, réjouissante, la Catarina composée par Sarah Biasini n'est pas une harpie belliqueuse, arrogante et insupportable. Elle est une jeune femme vulnérable qui veut affirmer son identité, revendique le droit à la parole, se rebelle et se dresse contre la prédominance masculine et l'autorité patriarcale.
Elle semblera accepter la compromission quand elle trouvera l'homme qui, en fait, est sur la même longueur d'onde qu'elle et qu'entre eux la liaison orageuse se fera jeu amoureux où chacun devient tour à tour l'objet de l'autre. Il suffisait que Petruchio apprenne à Catarina à se faire aimer même si la manière est fort rude pour que celle-ci se décide à aimer également.
C'est frais, tout va très vite, on rit. Humour, jubilation, insolence sont de mise dans cette comédie picaresque réinventée et haute en couleurs.