Profondément insoumise, résolument moderne, la Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Ici, l’histoire se noue (dans des costumes mi-contemporains, mi- élisabéthains), autour d’un cinéma ambulant sur la place d’un village, dans les années 50 en Italie.
L’aube du XVIIème siècle, l’espace, le monde, deviennent lieu d’exploration et de mythes et révèlent aussi chez Shakespeare un triple attachement à la tradition, au fantasme et à la modernité.
Shakespeare, en son temps, rompt de façon cruciale avec les décennies précédentes, en donnant à voir les paysages de Venise, de Vérone, ou de Padoue sur la scène londonienne. Il ne cesse de décliner cette relation d’amour qui le lie à l’Italie dans beaucoup de ses comédies ou dans le fameux drame de Roméo et Juliette.
Ici, Frédérique Lazarini propose une nouvelle vision de La Mégère apprivoisée en la mettant en relation avec la comédie italienne au cinéma des années 50-60, qui elle aussi traite de la critique sociale de façon bouffonne et avec une certaine insolence de ton. La comédie italienne au cinéma trouve ses sources dans plusieurs traditions théâtrales : la commedia dell’arte bien sûr, dont l’influence reste prépondérante quant à la typologie des personnages et le récit picaresque pour la trame générale du récit, mais aussi dans les intermèdes comiques du Music-Hall populaire, très en vogue à la fin de la guerre (référence à Totò, le célèbre et mythique comique napolitain).
Il semble dès lors intéressant pour cette nouvelle approche de La Mégère apprivoisée, de prendre les choses à l’envers et de s’inspirer d’un matériau cinématographique, en l’occurrence ici de la comédie italienne, pour traiter et illustrer la célèbre comédie de Shakespeare au théâtre. Dans la comédie cinématographique italienne des années 50-60, des aspirations sociales se font jour et, surtout, des revendications féministes pointent à l’horizon.
L’art cinématographique, grâce à des metteurs en scène comme Vittorio De Sica, Mario Monicelli, Luigi Comencini, Dino Risi ou Federico Fellini, porte enfin la voix à des personnages de femmes qui affirment leur besoin de liberté et d’indépendance dans un monde qui ne le permet pas encore, tout comme Catarina dans la pièce de Shakespeare.
La Mégère apprivoisée
De William Shakespeare
Adaptation et mise en scène Frédérique Lazarini assistée de Lydia Nicaud
Scénographie et lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde
Assistée de Emmanuelle Ballon
Réalisation du film Bernard Malaterre
Avec : Sarah Biasini Catarina, Cédric Colas Petruchio, Pierre Einaudi Lucentio, Maxime Lombard Baptista, Guillaume Veyre Tranio
Images tournées : Charlotte Durand-Raucher Bianca, Didier Lesour Le prêtre, Hugo Petitier Gremio, Jules Dalmas Hortensio
Artistic Théâtre
à partir du 14 janvier 2020
mardi 20h30 ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi 20h30 ; samedi 17h et 20h30 ; dimanche 17h ; relâche lundi
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