Source : Une catalane à Paris - 18 octobre 2017
Au cœur de Montmartre, lieu phare de la peinture, le théâtre de l’Atelier accueille Modi. C’est pourtant dans le quartier de Montparnasse que se déroule cette pièce biographique sur Amedeo Modigliani.
De la Grande Guerre à sa mort, le peintre italien mène une vie de bohème auprès de sa muse Jeanne Hébuterne. Derrière les célèbres tableaux, le public découvre un homme aigri par le manque de reconnaissance et les rivalités, et désagréable avec le marchand d’art Léopold Zborowski et Eudoxie, sa «belle-mère» détestée. Cette dernière le lui rend bien. Fervente catholique, elle désapprouve la relation de sa fille avec cet homme de mauvaise réputation et juif, de surcroît. Porté sur la bouteille et coureur de jupons, Modigliani n’apparaît pas comme le meilleur parti pour une fille de bonne famille et reconnaît ses vices qu’il associe à sa créativité. Une vie saine ne lui inspire que des œuvres ternes. Laurent Seksik dresse le portrait de cet artiste ténébreux dans une intéressante fresque historique où se côtoient Picasso, Matisse, Apollinaire et Soutine.
Le décor sombre de Jean-Michel Adam compte deux chevalets et juste ce qu’il faut de désordre pour faire vivre le modeste logement du peintre. Si seuls deux tableaux de Modigliani apparaissent sur scène, une œuvre d’art semble exposée sur le mur. La fenêtre qui éclaire l’espace se compose d’une vitre entourée d’un cercle qui tourne au gré des scènes, si bien que les carreaux forment un rectangle tantôt vertical, tantôt horizontal. Ce mouvement cyclique pourrait aussi marquer le temps qui passe et le déclin de «Dedo», comme l’appelle Jeanne, atteint de tuberculose.
Difficile de ne pas voir dans le Modigliani de Stéphane Guillon des relents du trublion télévisuel. Il vacille entre mécontentement et lyrisme, et écrase sa discrète partenaire. Sarah Biasini interprète une jeune fille fragile, amoureuse, qui admire le talent de son homme et lui abandonne ses propres aspirations artistiques. Majestueuse, Geneviève Casile campe Eudoxie Hébuterne, la mère de cette dernière, une femme conventionnelle qui n’hésite pas à tenir tête à l’artiste. Didier Brice est impeccable en souffre douleur consentant dans le rôle de Léopold Zborowski, qui représente le côté mercantile de l’art. Didier Long met en scène les dernières années de la vie de «Modi», comme le surnommaient ses amis, et plonge les spectateurs dans le Paris du début du XXème siècle. Entre peinture et bombardement, la pièce instruit les spectateurs sur le caractère de l’artiste maudit qui peignit des portraits figuratifs devenus célèbres.
Modi est une pièce intéressante sublimée par ses second rôles.
Modi au théâtre de l’Atelier (18e). À partir du 10 octobre 2017. Du mardi au samedi à 21h et les dimanches à 15h.
Commentaires