Source : Ici.radio-canada.ca - 22 septembre 2017
Trois scènes décortiquées en apéritif à la diffusion du film culte de Claude Sautet.
En 1972, Claude Sautet, après Les choses de la vie ou Max et les ferrailleurs, réalise un concentré de charme, de sensibilité et de romance impossible… qui aurait dû être son premier film! Écrit dès 1964, le triangle amoureux entre César, Rosalie et David n’avait, en effet, pas réussi à trouver preneur à l’époque.
Mais le temps arrangeant tout et Romy Schneider, Yves Montand et Sami Frey s’étant prêté au jeu, le film, aussi tonique que délicieux, a fini par voir le jour et s’imposer comme une des œuvres les plus singulières et inoubliables du cinéma français. Un film que même les sérieux Cahiers du cinéma ont adoubé, en en parlant comme d’un "drame gai", mené tambour battant au rythme de l’incroyable musique de Philippe Sarde.
Le voici en trois scènes marquantes où se dévoilent tant les mystères que les contradictions de personnages formidablement attachants. Sans évidemment dévoiler celle de la fin, tout particulièrement émouvante.
La course en voiture
Au cœur de "César et Rosalie" : un triangle amoureux. Il y a Rosalie, d’abord, divorcée et mère d’une adorable fillette. Son amoureux, César, ferrailleur au charisme redoutable. Et David, son ancienne flamme, dessinateur de bande dessinée flegmatique et un rien ténébreux. Tout ce beau monde se retrouve au mariage de la mère de Rosalie, et en route vers la petite fête, David, au volant d’une voiture jaune, double César dans sa grosse berline. Vexé, ce dernier le double à son tour, transformant un simple trajet sur une route de campagne en concours de virilité pour gagner le cœur de la belle, qui elle, se fiche éperdument de la taille des moteurs de ces messieurs. Assise à côté de lui, une femme regarde un homme qui conduit une voiture Romy Schneider et Yves Montand dans "César et Rosalie", de Claude Sautet.
La brasserie
César, au restaurant, plaide sa cause devant sa belle, superbe Romy Schneider magnifiée par une robe en résille noire au profond décolleté en v, signée Yves Saint-Laurent, comme le reste des costumes. «Non, mais, franchement, qu’est-ce que tu lui trouves ?» lui demande César pour la provoquer, osant même un «Je ne fais pas des petits dessins comme lui. Moi, je gagne de l’argent». Si Sautet a le don des histoires d’amour simples et touchantes, et celui des scènes de restaurant, typiques de son cinéma, il a aussi celui de savoir les doubler d’un regard juste assez ironique sur les classes sociales, et le rapport que nous entretenons tous avec l’argent.
La plage de Sète
Rosalie a tranché, ce sera David. Le doux David avec qui elle vit maintenant dans le sud de la France, paisiblement. Mais César n’a pas dit son dernier mot et va venir les chercher jusque sur la plage pour annoncer qu’il a acheté la maison d’enfance de Rosalie et faire un numéro de charme fou. David, qui ne peut rien contre l’exubérance de César, renonce et part, préférant ne même plus répondre aux bouleversantes lettres que Rosalie, l’indécise, lui envoie.
Un texte de Helen Faradji
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