Emouvante « Lettre d'une inconnue » Le plateau est vide, plongé dans le noir. Quelques ampoules nues pendent du plafond… Sur la scène du Cado-Théâtre d'Orléans, Sarah Biasini et Frédéric Andrau interprètent, jusqu'au 15 novembre, cette... [...]
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Fruit de l’imagination de Stefan Zweig, la « Lettre d’une inconnue » retrace l’histoire bouleversante d’une femme amoureuse d’un écrivain superficiel et égoïste trop focalisé sur sa propre personne pour s’intéresser aux autres. Émouvant reflet des ravages engendrés par la passion, la pièce écrite en 1922 s’inscrit pleinement dans l’actualité tant son thème central, l’amour, demeure universel. Présentée en Principauté le jeudi 29 octobre 2015, l’œuvre mise en scène par Christophe Lidon a littéralement enthousiasmé le public du Théâtre Princesse Grace.
L’écrivain Georges Conchon connaissait bien les arcanes de la finance. Après avoir publié un roman sur la spéculation sur les matières premières, "Le sucre" (adapté en 1978 avec Carmet et Depardieu), il signe en 1980 le scénario de "La Banquière", librement inspiré par la vie de Marthe Hanau et réalisé par Francis Girod.
À l’origine d’un des plus grands scandales financiers des années 1920, cette ancêtre de Madoff devient sous les traits de Romy Schneider une aventurière libre et provocatrice qui lutte contre l’establishment en favorisant l’épargne populaire, et affirme sans complexe ses amours féminines. La nature forte et généreuse de l’actrice Allemande lui permet d’exceller dans le rôle de cette femme aimant insolemment le luxe et la puissance, au point d’affirmer à un juge incarné par Claude Brasseur que "Passé trente ans, on ne fait bien l’amour que dans la soie".
Le film décrit le Paris des années Charleston et débute au rythme virevoltant du cinéma muet, mais les scandales financiers ne tardent pas à plonger ce monde insouciant dans une ambiance de drame. Pour décrire cet univers feutré où pleuvent les coups bas, des décors et des costumes magnifiques, mais aussi une pléthore d’acteurs confirmés : Jean-Claude Brialy en avocat, Jean-Louis Trintignant dans un personnage de banquier inspiré du légendaire patron de Paribas Horace Finaly (qui avait mené la guerre contre Marthe Hanau), ainsi que Jean Carmet, impérial en directeur de gazette véreux.
Mais le plus étonnant est peut-être le nombre de jeunes acteurs alors peu connus mais promis à un bel avenir : Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte (brièvement) et surtout Daniel Mesguich, véritable révélation du film en homme de gauche tiraillé entre son idéalisme et son ambition, qui devient l’amant de la banquière. De nombreux intérieurs Art-Déco ont été créés en studio par le décorateur Jean-Jacques Caziot, mais des lieux authentiques correspondant à ce style sont également utilisés, comme le célèbre restaurant Prunier. Outre le Palais Brogniart, inévitable compte-tenu du sujet, on peut aussi voir le siège de la Banque Scalbert-Dupont, 26 Avenue Franklin Roosevelt, aujourd’hui absorbée par le CIC. Francis Girod et Georges Conchon collaboreront encore en 1990 sur Lacenaire, où Daniel Auteuil, entretemps devenu star, incarne un criminel tourmenté et sympathique.