Source : Libération - 17 juin 2014
Figure du photo-journalisme allemand de l'après-guerre, il fut notamment l'auteur de la célèbre photo montrant un Congolais se saisissant de l'épée du roi belge Baudoin, en 1960.
«Il faut toujours sourire et persister», disait Robert Lebeck.
Grande figure emblématique du photojournalisme allemand de l’après-guerre, Robert Lebeck, né en 1929 à Berlin, y est mort le 14 juin à l’âge de 85 ans. Après des études d’ethnologie, il s'était tourné vers la photographie et fut pendant trente ans le photographe vedette du magazine allemand Stern, et quelque temps de Geo. Il s’est notamment rendu célèbre avec son reportage intitulé "Afrika im Jahre Null" (Afrique année zéro) en 1960.
Son cliché du voleur de l’épée du roi des Belges, à Léopoldville, actuelle Kinshasa, fit le tour du monde et lui servira longtemps de «carte de visite». 29 juin 1960 : le Congo fête son indépendance. Baudoin, alors roi des Belges, défile aux côtés de Joseph Kasavubu, premier président du pays, dans une voiture décapotable sous les vivats de la foule, lorsqu'un jeune homme en costume-cravate s’empare de son sabre. La scène sera immortalisée par Lebeck. «On ne devient jamais rien sans un peu de chance», expliquera-t-il à propos de cet événement.
Une histoire du XXe siècle
Son œuvre en noir et blanc retrace l’histoire de la deuxième moitié du XXe siècle. Sa manière de travailler «sur le vif» lui a notamment permis de gagner la confiance des personnalités dont il a réalisé le portrait (Alfred Hitchcock, Elvis Presley, Herbert von Karajan, Jayne Mansfield, Romy Schneider, Salman Rushdie…) et de dévoiler leur part d’humanité.
Pour son 80e anniversaire, en 2009, le Musée Martin Gropius Bau de Berlin, lui avait consacré une grande rétrospective qui commémorait ses cinquante ans de photographies, de 1955 à 2005. Robert Lebeck avait également reçu en 2007 le prix Henri Nannen pour l’ensemble de son œuvre.