Source : Snes.edu - 18 mars 2014
Jean-Pierre Mocky n’en démord pas. Il réalise coûte que coûte un film par an. En 2013, c’était "Le renard jaune", un film policier avec Richard Bohringer, Béatrice Dalle, Michael Lonsdale et Robinson Stévenin. En 2014, c’est "Dors mon lapin" avec Frédéric Diefenthal, Richard Bohringer, Sarah Biasini et quelques fidèles comme l’inénarrable Jean Abeillé dans le rôle du marchand de journaux.
Lionel, jeune futur papa criblé de dettes, est menacé d’expulsion. Il dispose d’une petite semaine pour verser soixante mille euros à son propriétaire véreux. Personne dans son entourage ne pouvant l’aider, il va, pour respecter l’échéance, commettre l’irréparable : kidnapper le bébé de ses voisins milliardaires.
Un instant d’inattention de la nurse et l’affaire est dans le sac. Mais ce ne sera bien sûr que le début d’une série de péripéties parfois bien ficelées, parfois hasardeuses, parfois "tirées par les cheveux" comme souvent dans les films de Mocky.
Est-ce un besoin viscéral de faire des films à tout prix au point de les produire, de les distribuer lui-même, de les projeter dans une salle qu’il a achetée à cet effet, "Le Brady" ?
Est-ce la nostalgie d’une époque où ses réalisations avec au générique des comédiens comme Bourvil, Michel Serrault, Jean Poiret, Jacqueline Maillan , Fernandel, Catherine Deneuve ou Charles Vanel totalisaient un nombre de spectateurs considérable qui le pousse à réaliser, à 81 ans, des films bricolés, certains diront, bâclés.
Quand on voit aujourd’hui "Le renard jaune" ou "Dors mon lapin", il est bien difficile de crier au génie et pourtant ?
Pourtant il y a bien une "musique" Mocky qui perdure, une espièglerie potache qui persiste, une façon de ficeler un scénario à la "va comme je te pousse" qui est devenue comme une marque de fabrique. Et les comédiens sont toujours là, même si les "têtes d’affiche" au générique se réduisent, pour perpétuer un cinéma populaire qui renvoie à la tradition des films du samedi soir d’autrefois.
Et la meilleure preuve que le cinéma de Mocky existe bien dans le paysage de la production française, qu’il y a sa place, c’est de se dire que du jour où ce cinéaste qui nous a divertis avec une soixantaine de films ne réalisera plus, il laissera une place vide que personne ne sera capable d’occuper.
Francis Dubois
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