Source : Culturopoing.com - 18 février 2012
On pourrait très facilement présenter Jacques Duby, mort le 15 février 2012 à 89 ans, comme l’archétype du second rôle. Mais, au cinéma, durant les années 50, il était plus que ça ; mais jamais davantage non plus que le faire-valoir des vraies vedettes masculines de l’époque. Son rôle favori, à l’époque ? Celui du mari cocu et/ou de l’amoureux éconduit.
Après des débuts au théâtre à l’orée de la décennie et à peine quelques apparitions au cinéma (dont Casque d’or), Marcel Carné lui confie l’un des rôles principaux de son adaptation contemporaine du Thérèse Raquin de Zola dès 1953. Jeune mari de Simone Signoret, le latin lover Raf Vallone était alors le coupable de son infortune conjugale. Jacques Duby allait vite retrouver l’univers de Zola puisque, dans le Pot-Bouille de Julien Duvivier en 1957, c’est cette fois Gérard Philippe qui allait faire de sa femme Dany Carrel sa jeune maîtresse. Dans Christine (1958), adaptation de Schnitzler par Pierre Gaspard-Huit, il était amoureux transi de Romy Schneider (pour son premier rôle en France) mais cette dernière lui préférait Alain Delon, évidemment (et pas seulement à l’écran, comme chacun sait)…
Mais Jacques Duby a excellé dans d’autres registres. Sa petite taille et son allure assez chétive faisait par exemple de lui l’idéal jockey complice de l’escroc Fernand Gravey dans Courte tête (1956), de Norbert Carbonnaux. Dans les films policiers ou d’action de l’époque, en revanche, son physique le condamnait davantage aux plus petits rôles. Citons par exemple Les Salauds vont en enfer (1955), la première réalisation de Robert Hossein, Une gueule comme la mienne (1960), le seul film jamais réalisé par Frédéric Dard, ou bien encore Le Clan des Siciliens (1969), d’Henri Verneuil, avec son trio de stars Gabin/Delon/Ventura.
A partir de la fin des années 60, ses apparitions au cinéma se font plus rares et on le voit davantage à la télévision (et toujours au théâtre, presque invariablement dans le registre du boulevard, mais aussi dans la dernière mouture des Branquignols de Robert Dhéry au début des années 70). La "cause" en est-elle ce fameux spot de publicité qu’il tourna en novembre 1968 pour Boursin ? Cette pub est en tout cas restée fameuse, à la fois comme étant l’un des premiers spots pour une marque commerciale diffusée à l’ORTF (le deuxième, en fait, et pas le premier, comme on le croit souvent), pour son utilisation d’un comédien très familier du public et pour sa répétition de la marque (Duby y prononçait "Boursin" pas moins de 18 fois !). Malgré quelques rôles pour Jean-Pierre Mocky (Un linceul n’a pas de poches, 1974), Roger Hanin (Le Faux-cul, 1975), Alexandre Arcady (Le Coup de scirocco, 1979), ou, plus tard, Francis Girod (Lacenaire, 1990) ou Diane Kurys (Je reste !, 2003, sa dernière apparition à l’écran), c’est surtout grâce à la sitcom au long cours Maguy (1985-1994) * et à son rôle de Paul Cruchon, maire du Vézinet, que Jacques Duby restera encore longtemps une figure bien connue du petit monde des comédiens français.
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