Source : L'expansion - 21 avril 2011
De Stefan Zweig, adaptation de Michael Stampe sur la base de la traduction de Alzir Hella et Olivier Bournac mis en scène par Christophe Lidon au Théâtre des Mathurins à Paris.
Lorsque la lumière s'éteind dans la toute petite salle du théâtre des Mathurins, le noir vous écrase déjà. Une voix grave (car malade ce soir-là) se fait entendre. La silhouette cintrée dans un imperméable noir, les cheveux blonds remontés d'une auréole, Sarah Biasini (fille de Romy Schneider, doit on encore le rappeler !) est plaquée contre le mur. Elle fait déjà corps avec son texte, fragile et forte à la fois, elle est déjà toute à sa souffrance.
La lecture de la "Lettre d'une inconnue", se fait à deux voix, sur une mise en scène faite d'ombres et de petites lumières, comme des petites étoiles, éclairant tout à tour le visage grave et blessé de la jeune femme et celui du lecteur. Toute la vie de cette jeune femme tient en 12 pages écrites fiévreusement, écrites avant de partir à jamais. Une lettre où le mensonge n'a pas de place.
A 13 ans, dans l'immeuble ou elle vit seule avec sa mère, elle croise celui qu'elle va aimer toute sa vie, un jeune auteur qui la fascine. Elle le regardera vivre, aimer toutes les femmes qui défilent chez lui. Elle l'espionnera, avec une parfaite connaissance dans les moindres détails de sa vie, et surtout sans qu'il n'en sache jamais mais jamais rien. Ils s'aimeront, elle se donnera 4 fois, par le plus grand des hasard, hasard organisé par elle même, elle portera un enfant de lui, qui vient de mourir lorsqu'elle écrit cette lettre.
Le face à face est poignant. Cette femme qui a donné sa vie pour cet homme volage, léger, insouciant, croquant la vie et les plaisirs au gré du vent, qui découvrira à travers cette lettre que cet enfant était le sien. D'abord il s'étonne, puis s'agace, se révolte aussi mais surtout ne comprend pas.
Toute la profondeur et la sensualité du texte, l'amour de l'autre, pour l'autre, l'oublie de soi, le don de soi, résonnent sur cette toute petite scène. La lettre s'interrompt... Les applaudissements n'en finissent pas !!!
Martine Acabo
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