Source : Comme au cinéma.com
Au cinéma le 27 octobre 2010
"Blind Test", un film en crise ?
Les ‘cinéchiffres’ le montrent, on ne peut remonter le "moral des français au plus bas dans les sondages" à coup de comédie sucrées dans lesquelles les personnages ont des problèmes de cœurs, de maris trompés, où de "qui je quitte pour aller dans les bras de qui ?". Il faut faire face, ne pas nier l'évidence : nous sommes déjà des enfants de la crise.
"Blind test " arrive à point.
Dans un monde où la crise n'en finit plus de "sortir de la crise", de faire trembler dans les chaumières attaquées au RMA, alors que les nuages plombés de taxe carbone s'amoncellent dans le ciel "des jeunes générations", il faut faire volte-face et lancer de francs coups de griffes, ricaner sous la torture de la bourse, renvoyer à la crise le reflet de son hideux visage mais, affublé d'un nez de clown.
"Blind test" surfe donc sur la dame noire des indices avec Bertrand, un trader enrichi au délit d'initié, Vinko, un bosniaque euro-rancunier et Joyce, une cadre sup bobo, égoïste, voulant se ranger des voitures de course à la prime par un mariage en bonne et due forme !
Mais le réel de "Blind test" est un rien grossi, un rien décalé, juste de quoi exploiter les ressorts de la comédie jusqu'au délire et décrire la tragédie moderne de l'individualisme avec le sourire en coin d'une petite revanche. "Blind test" est donc une comédie pas sage et… pour rire de son malheur !
L'humour, la dérision, la cruauté du "détail qui tue" et dont les personnages sont les seules victimes, sont autant d'armes que l'on peut brandir pour se souvenir "qu'il vaut mieux en rire".
Je n'ai donc renoncé à aucun excès pour écrire "Blind test" en poussant les situations le plus loin possible, en gardant pourtant une moralité sauve sur le mode de "tel est pris qui croyait prendre". Le réalisme vient en fait des convictions du protagoniste – Bertrand – à échapper au naufrage d'une société auquel il a contribué.
Pour défendre ce réalisme, le casting joue un double contraste. Les personnages de comédie – Bertrand et Vinko – sont interprétés par des comédiens issus de la comédie dramatique – Johan Libéreau et Manuel Blanc (voir leur présentation) alors que le rôle de Joyce, rôle tragique, est incarné par une interprète habituée au rôle de comédie (voir la présentation).
Le deuxième renfort de contraste est que les situations comiques sont plausiblement amenées. Il ne s'agit pas de faire des gags pour forcer le rire au risque de voir la tentative tomber à plat, mais de montrer que les situations douloureuses de la vie peuvent avoir leur côté cocasse et qu'il est bon de s'en rappeler. Malgré son contexte, son déroulement calamiteux et ses personnages détestables, "Blind test" est un éclat d'euphorie dans un ‘ monde Pompes funèbres’. Vous pouvez également relire cette dernière phrase en remplaçant "Malgré", par "Grâce à"… Bon test.
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