Romy aurait eu 71 ans le 23 septembre 2009. Vive et sensible à la fois, c’est une star sublime mais angoissée, la cigarette à la main qui, en 1976, répondait de Berlin pour la sortie du film « Une femme à sa fenêtre » à Michel Drucker dans. Les Rendez-vous du Dimanche sur TF1. Romy était toujours sincère dans ses entretiens et nous avons décidé de vous faire partager un moment d’intimité entre un journaliste de télévision et une star à l’apogée de sa carrière puisque cette même année elle recevait le César de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans « L’important c’est d’aimer » de Zulawski. Romy a également posé pour beaucoup de grands noms de la photographie et vous la découvrez au cours des années 1960 au côté de son chien de l’époque, un magnifique Dalmatien…
Michel Drucker : Vous êtes inquiète, pourquoi êtes-vous inquiète ?
Romy Schneider : Oui très… Parce que je ne connais pas très bien cela, ce n’est pas la même caméra que je connais depuis 20 ans.
M.D. : Et la caméra de cinéma ne vous fait plus peur depuis longtemps !
R.S. : Non, elle ne me fait pas peur.
M.D. : Mais est-ce que ce n’est pas parce que cela ne s’est pas bien passé avec certains journalistes de la presse écrite que vous êtes comme ça ou parce que vous avez du mal à parler de vous, de vos rôles ?
R.S. : C’est tout un ensemble ! Déjà, j’ai beaucoup de mal à parler primo de moi-même ; secondo, en face d’une caméra de télévision j’ai du mal à faire une interview, j’ai toujours eu du mal… J’ai fait des progrès, des petits, mais pas beaucoup…
M.D. : Parce que le public qu’il y a derrière la caméra aujourd’hui, il y a 7 ou 8 millions de gens, c’est le public des salles, c’est celui qui vous aime, celui qui vient vous voir ; c’est le public qui va voir en ce moment «Une femme à sa fenêtre» ou «Mado», vous ne le connaissez pas ce public là ?
R.S. : Si je crois que je le connais ; ce public en France, je crois que je le connais parce qu’il m’a prouvé qu’il m’aime, mais j’ai quand même peur et oui…
M.D. : Mais quand vous tournez un film, est-ce que vous êtes inquiète pendant tout le tournage ? Est-ce que vous vous remettez en cause ? Est-ce que vous relisez le rôle alors que la machine est déjà en route depuis longtemps ? Sautet m’a dit que vous étiez quelqu’un d’assez exceptionnel dans la mesure où vous remettiez en cause en permanence tout ce qui se passe autour de vous…
R.S. : Et oui, je le fais ! De temps en temps, j’essaie de ne pas le faire mais je n’y arrive pas, c’est-à-dire de ne plus le faire mais je n’y arrive pas bien.
M.D. : Mais c’est épuisant nerveusement, non ?
R.S. : Oui c’est vrai mais que faire ? Je ne peux pas changer ma peau.
M.D. : C’est la raison pour laquelle vous n’allez pas voir ce que vous appelez dans le jargon du métier les «rushes», c’est-àdire ce qu’on a tourné dans la journée ?
R.S. : Oui, c’est les «rushes», les projections, je les ai toujours vues ; toujours, depuis des années et des années, j’en étais malade quand je ne les voyais pas et depuis le «Vieux fusil», je m’efforce de ne plus les voir et c’est mieux.
M.D. : Parce que vous ne vous trouvez pas bien ?
R.S. : Je ne suis jamais contente en ce qui me concerne et Claude Sautet m’a virée d’une projection une fois, il y a bien longtemps et il avait bien raison ; il m’a dit : «Cela ne sert à rien que tu ailles voir la projection, que tu ailles voir ton travail, tu n’es jamais contente, va-t-en !» Et je suis partie. Un grand merci à notre ami.
Michel Drucker
J'ai vu l'interview il y a qq années et c'est vraiment étonnant de voir qu'une grande actrice comme elle doutait sans cesse d'elle-même. On le ressent bien d'ailleurs dans ses propos. Avec tout le talent qui la caractérise, elle n'avait pourtant aucune raison de l'être.
Rédigé par : fab | 10 mars 2010 à 11h08