Journaliste et biographe des stars, Bertrand Tessier consacre son dernier volume au couple le plus glamour des sixties. Celui formé par Alain Delon et Romy Schneider. «Les fiancés de l’Europe.» En cette période de St-Valentin, voilà une lecture teintée d’un peu de romantisme qui ne peut pas faire de mal.
Dans cette biographie publiée aux éditions du Rocher, Bertrand Tessier démonte les mécanismes amoureux d’un couple devenu mythique. Celui formé par deux monstres sacrés du cinéma européen : Romy Schneider et Alain Delon. Pas sûr d’ailleurs que ce dernier apprécie les détails croustillants rapportés par l’auteur. L’acteur-réalisateur ne bénéficie pas d’un portrait très flatteur avec le détail de ses liaisons et son insoumission à toutes les règles. Mais qu’importe. Le récit se laisse lire. Et la découverte de ces deux destins apporte des détails méconnus sur les coulisses du cinéma. A l’origine de cette rencontre entre deux êtres aussi différents –l’un sort d’un milieu populaire, l’autre de la bourgeoisie allemande- il y a un film de Pierre-Gaspard Huit, "Christine". Le point de départ à une histoire d’amour dramatique faite de hauts et souvent de bas. Je t’aime, moi non plus. Malgré cela, les deux comédiens deviendront le symbole du couple idéal, au point d’être surnommés les fiancés de l’Europe.
Alors qu’au départ, Delon débute à peine sa carrière, au contraire de Romy, la situation s’inverse au fil des ans. La star française devient une valeur sûre tandis que Romy voit sa carrière décliner. Le couple se brise, se rassemble avant de se déchirer définitivement. De plus, l’un et l’autre sont marqués à jamais par des drames personnels. L’affaire Markovic pour Delon. Cette trouble histoire du meurtre de son homme à tout faire qui laissera une aura de bad boy autour de Delon. Quant à Romy Schneider, elle perd son mari et son fils. Puis sa raison. «Quand son fils David est parti, Romy est cliniquement morte. A partir de ce moment, elle n’a plus eu envie de vivre» soulignera Delon. «Son métier lui a donné beaucoup de réconfort. C’est la vie entre les films qui est difficile» ajoutera encore Jane Birkin, sa partenaire dans le film "La piscine". En mai 1982, Romy Schneider meurt, seule. Comme dans un mauvais scénario. D’une «mort naturelle consécutive à un arrêt du cœur» selon l’avis des médecins. Le jour des obsèques, Delon, son amour de toujours, est absent. Pour éviter d’être filmé en larmes. «Mais juste avant la mise en bière, il a fait trois photos de Romy avec un Polaroïd. Depuis ce jour-là, il les garde toujours sur lui. Dans son portefeuille. Sur son cœur.» Comme un culte morbide.
Philippe Degouy
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