Source : Madame Figaro.fr - 17 juillet 2009
Troisième chapitre de notre série d’été consacrée aux séductrices mythiques avec Laura Smet. La comédienne réinterprète le rôle de Romy Schneider, qui, en 1968, formait avec Alain Delon le couple charnel de "La Piscine". Un remake photo nostalchic qui nous replonge dans l’allure seventies.
Les yeux bleus, une silhouette de liane, Laura Smet aurait pu disparaître derrière son encombrant pedigree. Au lieu de cela, elle impose avec douceur sa figure singulière dans le cinéma français. La fille de Johnny Hallyday et de Nathalie Baye est belle, extrêmement timide et pétrie de paradoxes. Elle affiche une éducation policée digne d’une élève de pensionnat suisse mais vit à l’instinct, guidée par ses passions. Elle flirte à Saint-Tropez, au nez et à la barbe des paparazzis, et souffre des intrusions de la presse dans son intimité. Chabrol, qui l’a dirigée dans "La Demoiselle d’honneur", affirme qu’ «elle a un côté magique». C’est joliment résumer l’étrangeté charismatique de cette actrice-née qui ne vit que pour jouer.
Sept longs-métrages à son actif, pour la plupart des films graves et ambitieux, à l’image de "La Frontière de l’aube", de Philippe Garrel. Même si à 25 ans Laura n’est déjà plus une débutante, il lui arrive d’être gagnée par le doute. Travailler, progresser, attendre que le téléphone sonne. La vie d’une jeune comédienne n’est pas simple. En connaissance de cause, c’est pourtant celle qu’elle a choisie, car son goût pour ce métier n’a rien d’une lubie d’enfant de stars.
Il y a deux ans, Laura a sombré : une descente aux enfers aux airs de passage initiatique dont elle est sortie plus pondérée, plus prudente mais toujours aussi sensible. Bien sûr, elle sait qu’ «on la trouve jolie», elle acquiesce poliment mais n’y croit pas une seconde. «Laura est extrêmement photogénique. Elle est belle, mais, comme beaucoup de comédiennes, elle n’est pas amoureuse d’elle-même», confirme le photographe Gilles-Marie Zimmermann, avec qui elle a travaillé sur cette série photo.
«On sent chez elle le désir de bien faire. Elle a hésité à poser dénudée, pour ne pas choquer son fiancé, et puis elle a finalement accepté, parce que c’était bien pour la série. Si elle est en confiance, elle peut s’abandonner totalement, sans fausse pudeur. Elle a un côté sacrificiel très touchant.» Pour la petite histoire, sur le shooting, Laura reçoit un appel d’Alain Delon, à qui elle explique qu’elle pose dans un remake photo de "La Piscine". «J’espère que tu n’es pas une emmerdeuse comme Romy !» lui répond-il…
"Je suis une amoureuse passionnée"
Madame Figaro. Que ressent-on dans la peau de Romy ?
Laura Smet. Cela m’a fait très plaisir de faire ces photos. J’ai dû voir le film cinquante fois ! Et j’admire Romy Schneider. Il y a quelque chose de cassé en elle, de très touchant. Une comédienne à la beauté naturelle qui n’avait jamais besoin d’en faire trop, un peu comme ma mère.
Madame Figaro. Votre filmographie est marquée par les rôles de jeunes femmes torturées. Vous vous retrouvez en elles ?
Laura Smet. Non, mais depuis mon premier film, Les Corps impatients, de Xavier Giannoli, où j’incarne une jeune femme atteinte d’un cancer (NDLR : un rôle pour lequel elle a obtenu le prix Romy-Schneider), les réalisateurs me voient comme une fille passionnée et sombre. J’ai pourtant très envie de faire des comédies, de pouvoir me lâcher, comme dans L’Heure zéro, de Pascal Thomas.
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Béline Dolat