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Pour beaucoup, Romy Schneider restera à jamais l'inoubliable "Sissi", qui lui assura d'emblée la consécration internationale mais aussi une encombrante image qui faillit l'empêcher d'exprimer pleinement les multiples facettes de son talent.
Mais surtout Romy Schneider restera éternellement associée à Alain Delon, l'un des acteurs les plus fascinants. Leur couple a monopolisé l'attention et conservé l'affection du public au fil du temps. Deux stars aux magnétismes puissants qui ne pouvaient que s’attirer, tels des aimants, et provoquer l’étincelle fatale... Deux êtres charismatiques à la sensibilité épidermique, qui, en dépit de leur origine et leur milieu, si éloignés, se sont “reconnus”. “Les amants terribles” ou “les éternels fiancés” ont défrayé la chronique pendant cinq ans. C’est dans La Piscine, le film de leurs retrouvailles en 1968, que leur duo a éclaboussé la pellicule, atteignant le paroxysme de leur plénitude charnelle.
Alain Delon, pour la première fois, et à l’occasion de la sortie du livre Ils se sont tant aimés aux éditions Didier Carpentier met son cœur à nu et se confie en exclusivité, sur Romy Schneider, la femme ardente et sensible et l’actrice talentueuse, qui a marqué son existence, autant par sa présence que par son absence.
Un entretien ému et poignant.
Pourquoi avoir décidé de participer à ce livre maintenant ?
Je n’avais jamais jusqu’ici souhaité m’exprimer plus que ça sur un sujet qui est toujours douloureux pour moi et très personnel même si j’ai souvent été beaucoup sollicité. Toutefois, là, j’ai trouvé l’idée bonne et bien réalisée, et j’ai confiance surtout en Philippe Barbier, l’un des deux auteurs, que je connais, que j’apprécie, qui me connaît et qui a réalisé de nombreux ouvrages. Et surtout ce livre permet de continuer de la faire vivre. Et puis, j’aime la collection cinéma Stars de l’écran des Éditions Carpentier.
Est-ce que ce n’est pas avant tout pour rétablir certaines vérités et démentir certaines contre-vérités sur votre couple ?
Parfois, mais là n’était pas le propos. Je souhaitais simplement, selon un contenu éditorial décidé par l’éditeur, apporter mon éclairage sur ce que j’ai vécu avec Romy personnellement et professionnellement et dire qui était la femme et l’artiste, en donnant également quelques photos inédites de ma collection.
Qu’est-ce qui fait que votre couple est devenu légendaire ? Car, vous étiez aux antipodes : vous, un gars de banlieue et elle, une petite bourgeoise bien éduquée et souvent capricieuse ! Malgré vos origines et vos milieux éloignés, vous vous êtes “reconnus”...
C’est vrai, mais si notre couple est devenu légendaire, ce n’est pas de notre fait. C’est le public qui l’a décidé tout comme c’est le public qui a fait de nous des stars. Nous nous aimions, c’est tout. Notre liaison défrayait la chronique souvent malgré nous. Romy avait 20 ans, j’en avais 23. Je ne pensais pas que mon existence allait prendre une telle orientation sentimentale. Elle devenait le grand amour de ma vie, le premier, un amour merveilleux. On est toujours marqué par son premier amour, je pense. Avant, j’avais eu des relations mais là, c’était le premier véritable amour. Et, forcément, ça marque toujours...
Quand vous avez connu Romy Schneider, c’était déjà une star dans l’Europe entière avec la sortie des trois "Sissi"...
Tout à fait. Elle était LA star européenne, à égalité avec Brigitte Bardot. Pour beaucoup, Romy Schneider restera à jamais l’inoubliable Sissi, devenue impératrice d’Autriche par amour. Ce rôle lui assura d’emblée la consécration internationale.
Est-ce que, fondamentalement, ce qui vous unissait ce n’était pas une même sensibilité épidermique et d’avoir en commun la douleur sourde d’une enfance solitaire et un manque d’affection parentale ?
Oui et non. C’est clair que nous avions une même sensibilité et qu’à nous deux, avec nos caractères bien trempés, c’était franchement quelque chose ! (rires). Nous étions deux tempéraments et avons souffert différemment. Je ne pense pas qu’elle ait eu une mauvaise enfance. Elle avait souffert du manque d’attention de son père, ou plutôt de ses absences d’amour, de chaleur affective et des rapports difficiles qu’elle a entretenus avec son beau-père.
Qu’est-ce qui vous a d’emblée plu chez elle ?
Je savais que c’était une star quand je l’ai rencontrée mais bizarrement je ne l’ai pas aimée tout de suite. Romy Scheider était à Paris pour la préparation du nouveau film de Pierre Gaspard-Huit, "Christine", dans lequel j’allais jouer, un remake de "Liebelei" de Max Ophüls, où Magda, sa propre mère, tenait le rôle principal. C’est par la suite que nous sommes tombés amoureux. J’ai été très vite marqué et séduit par son sourire...
On la disait violente parce qu’entière...
Elle avait du tempérament, une vraie personnalité écorchée vive, ardente, sensible. Elle était violente parfois parce qu’elle était entière. Elle avait des humeurs, des emportements, des colères mais aussi une sensibilité et un tempérament à fleur de vie, de peau. Elle avait besoin d’aimer avec passion.
"La Piscine" allait être le second départ de la grande et véritable carrière d’artiste de Romy. J’avais eu raison de l’imposer et le succès du film en est la preuve. Mais ça, tout le monde l’a vite oublié ! Vous dites souvent : “Je savais qu’après elle, plus rien ne serait plus pareil !”. Pour quelle raison ?
Bien sûr. Elle devenait le grand amour de ma vie, le premier, le plus fort, le plus marquant, mais aussi malheureusement, le plus triste. On a grandi ensemble.
N’a-t-elle pas été finalement une enfant jetée trop tôt dans la fournaise de la célébrité, devenue trop tôt une star ?
Tout à fait ! C’était une enfant qui devint trop tôt une star avec des caprices, des colères et des humeurs d’enfant toujours justifiées mais avec des réactions imprévisibles. Elle n’était pas préparée à la gloire et à la dureté de ce métier. Elle ne comprenait pas toujours le jeu de ce métier de femme publique.
Après avoir tourné ensemble "Christine", vous jouerez ensemble au théâtre, dans "Dommage qu’elle soit une p..." C’est Visconti qui signera la mise en scène et qui vous annonce son intention de monter cette pièce élisabéthaine de John Ford et vous la propose... Comment avez-vous réagi car vous n’aviez jamais fait de théâtre et Romy parlait encore un français approximatif ?
Oui, en 1961, Visconti m’annonce son intention de monter cette pièce de John Ford. Je n’avais jamais fait de théâtre et je n’y songeais même pas. Quant à Romy, c’était un vrai challenge et tour de force car elle a dû apprendre en quelques semaines un texte ardu dans une langue qui n’était pas sa langue maternelle. Alors que moi je ne savais rien dire en allemand et je ne connais toujours pas cette langue.
Autant dans votre premier film "Christine", c’est votre fraîcheur qui crevait l’écran, mais c’est véritablement dans "La Piscine", en 1968, le film de vos retrouvailles, que votre duo a éclaboussé la pellicule, en ayant atteint le sommet de votre plénitude charnelle... Comment expliquez-vous cette adéquation entre la fiction et la réalité au point de se confondre de manière troublante ? On ne savait plus où était le vrai du faux...
Je ne peux pas l’expliquer. Il y avait une conjonction d’éléments qui créaient cette atmosphère : l’été 1968, la piscine, la maison à Saint-Tropez, la lumière y était magnifique et Romy sublime et incandescente... Et, moi, j’étais plus âgé, j’avais l’âge du Christ, l’âge idéal pour un homme.
Oui, car derrière l’acteur qui prenait sa dimension, c’est surtout, je trouve dans ce film, les traits de caractère de l’homme qui affleurent que l’on perçoit et qui composent la manière de votre jeu...
Ce n’est pas à moi de le dire, mais c’est vrai que je faisais davantage homme, j’étais plus mûr.
Ce qu’on découvre c’est que Jacques Deray ne voulait pas initialement de Romy Schneider et que c’est vous qui l’avez imposée. Pour quelles raisons, car vous étiez séparés depuis plusieurs années ?
J’ai tout de suite songé à Romy pour le rôle de Marianne. On voulait m’imposer Monica Vitti ou Angie Dickinson. Moi, je voulais Romy et personne d’autre, ou alors je ne faisais pas le film. Elle était sublime, séductrice, dévouée et provocante.
Comment a été la nature de ces retrouvailles ?
Notre vie, qui ne regarde personne, nous a séparés mais nous nous appelions souvent. On s’est séparés mais jamais quittés. Je ne l’avais pas vue depuis quatre ans et j’étais anxieux à l’idée de ces retrouvailles. Je me souviens qu’un journaliste m’a demandé si j’étais ému. Je lui ai fait remarqué que lui aussi devait être troublé parce que son micro tremblait sous son nez ! Ces retrouvailles étaient vraiment fabuleuses, intenses, émouvantes, et plus qu’amicales. Il n’y avait plus de passion entre Romy et moi. C’était autre chose, plus fort, plus puissant. Elle n’était plus la Romy de "Christine" puisque dix années s’étaient écoulées. Je n’étais plus non plus le jeune fauve sur lequel la presse allemande s’était acharnée. On avait changé, mais les années n’avaient pas amoindri notre amour.
Ce qu’on ne sait pas toujours, c’est que Romy Schneider était à cette période dans une certaine traversée du désert avec un potentiel commercial dévalué...
C’est vrai et "La piscine" allait être un second départ à sa grande et véritable carrière d’artiste. J’avais eu raison de l’imposer et le succès du film en est la preuve. Mais ça, tout le monde l’a vite oublié !
David, son fils, a aussi participé au film...
Tout à fait. On l’apercevait en particulier dans la scène très émouvante du cimetière. Prémonitoire et effrayante !
Considérez-vous que "La Piscine" fait partie d’un des films du cinéma français le plus physique, où l’on perçoit intensément la moiteur des épidermes, la sensualité des étreintes ? C’est ce qui en fait toute la force et la magie...
Je ne sais pas. Ce n’est pas à moi d’en juger. Toutefois, c’est vrai, comme vous dites, que ce film a une atmosphère unique, pesante parfois, immédiatement physique, captivante ...
Êtes-vous retourné dans cette maison ?
Oui, je suis retourné dans cette maison, la Loumede, et j’ai même souhaité l’acheter tant elle était magnifique. Je ne sais plus pourquoi, mais ça ne s’est pas fait...
Le regardez-vous encore ce film ?
Je ne peux pas le regarder !
Pourquoi ?
C’est une tranche de ma vie avec des amis et des gens qui ne sont plus là. Cela m’est trop douloureux et remue des souvenirs, des bouleversements, trop de choses pénibles. C’est trop dur pour moi. Surtout de revoir Maurice Ronet et Romy rire aux éclats car Romy était heureuse à ce moment-là... Tout est trop beau et les souvenirs qui s’y rattachent me font mal. Je ne garde dans le cœur que d’exceptionnels moments de tendresse partagée...
On ne me comprendra peut-être pas, mais j’attendais sa délivrance car elle ne pouvait plus vivre. Ce film reste-t-il votre préféré ?
Il en fait partie, mais je n’ai pas un film de prédilection quand on a quinze classiques comme moi. J’adore aussi "Rocco et ses frères", "Plein Soleil", "Le Guépard", "Le professeur", "le Clan des siciliens". J’ai cette chance d’avoir fait de nombreux classiques avec les plus grands.
Ensuite, vous tournerez avec Romy Schneider "L’assassinat de Trotsky". Pour le rôle de Gita Samuels, amoureuse de Franck Jackson, futur assassin au Mexique de Trotsky, Joseph Losey choisit immédiatement Romy Schneider. Pourquoi ce choix de Joseph Losey de reconstituer votre couple ?
Joseph Losey nous a choisis de lui-même parce qu’il était évident pour lui que Gita Samuels et Jackson ne pouvaient être interprétés que par Romy et moi. Pour le rôle de Trotsky, il m’a demandé si j’étais d’accord avec son choix de Richard Burton. J’ai évidemment accepté car je considère Burton comme l’un des meilleurs comédiens au monde. J’en ai une grande admiration. Je déplore juste qu’on ne voit jamais ce film britannico-franco-italien,ni à la télévision, ni en DVD.
Ce sera votre dernier film ensemble. Quels souvenirs en gardez-vous ?
De très bons souvenirs, forts. Nous ne savions pas encore, que "L’assassinat de Trotsky" serait notre dernier film et nous croyions tous deux en ce futur qui nous ouvrait les bras à l’époque dans nos métiers, aux bonheurs communs qui nous attendaient encore.
Quels sont les films de Romy Schneider que vous préférez ?
Il est toujours difficile de répondre à ce genre de question. Mais pour Romy, ma préférence va à La Piscine bien sûr. Viennent ensuite les deux films de Claude Sautet : "Les Choses de la vie" et "César et Rosalie"... Je n’oublie pas "La Passante du Sans-Souci" et "Le vieux fusil".
Pensez-vous qu’elle aurait bien vieilli ?
Je ne le pense pas. C’est difficile à avouer, mais je n’arrive même pas à l’imaginer à cet âge-là. Elle nous a quittés belle comme tout. Elle est un mythe, une légende, et le restera.
Vous étiez contre le fait qu’elle tourne "L’important c’est d’aimer "de Zulawski. Pourquoi ? Parce qu’il lui renvoyait des choses trop dures par rapport à ce qu’elle vivait ?
J’étais contre ce film. Quand elle l’a tourné, elle était déjà en train de mourir. Les drames de sa vie rejaillissaient à l’écran.
Vous deviez tourner un autre film "L’un contre l’autre" de Pierre Granier-Deferre... Inconsciemment, vous vous rendiez compte que vous ne le feriez pas ?
Nous avions ce projet de film, mais je pressentais que nous ne le ferions pas. Je la voyais s’éteindre à petit feu, elle s’étiolait. Elle ne pouvait plus vivre, plus travailler. Je la voyais diminuer, s’amenuiser. Inconsciemment, je savais sans doute que notre ultime film ne se ferait jamais.
Vous faites référence à cette période de sa vie où elle a perdu son fils David à l’âge de quatorze ans. Anéantie, elle noyait son chagrin dans l’alcool. Comment avez-vous vécu sa dernière année ?
Elle n’a plus été que l’ombre d’elle-même. Elle avait une blessure désormais béante avec la mort de son fils qui ne cicatriserait jamais. Elle avait peur et se réfugiait dans l’alcool... Le plus terrible pour moi était de ne rien pouvoir faire pour l’aider. La vie professionnelle avait tout apporté à Romy, mais sa vie privée n’avait été qu’une suite d’échecs, de cassures et de malheurs. Elle ne méritait pas ça. La vie a été cruelle. Elle ne s’est jamais remise de la perte de son fils. Comment s’en remettre ? C’est atroce ! En plus, elle n’avait plus d’homme à ses côtés. Elle était désespérément seule. Je savais qu’elle se laisserait mourir de chagrin.
Pensez-vous que si vous aviez été à ses côtés, que les choses auraient été différentes ?
Je ne sais pas ce qui ce serait passé si j’étais resté avec elle...
Regrettez-vous de ne pas l’avoir épousée ?
Oui, mais est-ce que son destin aurait changé pour autant ? Par contre, nous avons fait de très belles fiançailles à l’ancienne, à Lugano, il y a pile 50 ans.
Vous dites que vous êtes le seul à l’avoir compris car vous êtes de la même race...
C’est vrai. On se comprenait viscéralement. Nous parlions le même langage. Je suis sûrement l’homme qui l’ait le mieux compris.
Pensez-vous que le métier l’a tenue hors de l’eau ou détruite ?
Non, ce métier l’a détruite, achevée, malmenée. Elle se sentait attaquée, traquée, violée dans son intimité. Je me souviens avoir voulu me battre avec des photographes à l’enterrement de son fils. Elle se sentait poursuivie et était toujours sur ses gardes.
Vous expliquez enfin dans le livre pourquoi vous n’êtes pas allé à l’enterrement de Romy Schneider ?
Beaucoup de gens ne comprenaient pas les raisons pour lesquelles je n’étais pas présent. Je ne voulais simplement pas donner satisfaction aux paparazzis. J’avais déjà vécu cela à l’enterrement de son fils David. Je ne voulais pas montrer ma douleur et ma tristesse aux photographes. Cette journée a été vraiment horrible ! En réalité, j’étais bien là mais personne ou presque ne m’a vu. Je me suis rendu dans l’appartement de Romy et je suis resté à son chevet un long moment, seul, puis avec Claude Berri et Alain Terzian. Je n’ai pu m’empêcher de fixer pour l’éternité l’image de Romy dans son cercueil et, alors que j’étais seul avec Terzian dans la pièce, j’ai pris trois photos au Polaroïd que je garde dans mon portefeuille, sur mon cœur. Ces photos, peu de gens les ont vues. Je vais vous les montrer car je vous apprécie...
Il va chercher les photos dans son portefeuille... Il les caresse, les yeux légèrement mouillés. “Elle est belle, non ?”, me fait-il remarquer.
Pourquoi l’avez-vous prise en photo dans son cercueil ?
Pour moi, cela faisait si longtemps que je ne l’avais vue aussi belle et sereine. C’est dur à dire, mais elle était délivrée, soulagée. On ne me comprendra peut-être pas, mais j’attendais sa délivrance car elle ne pouvait plus vivre. Elle souffrait trop.
Garderez-vous toujours ces photos ?
Oui, je ne les vendrai pas, ça c’est sûr ! Je les donnerais à sa fille si elle me les demandait.
Romy Schneider a laissé tout de même sa fille Sarah Biasini...
Oui, même sa fille ne lui a pas donné la force de continuer à vivre ! C’est dire la détresse dans laquelle elle se trouvait. Je pense que Sarah a souffert que sa mère l’abandonne. Elle ne l’a sûrement pas compris.
Aviez-vous parlé de la mort avec Romy Schneider ?
Pas plus que ça mais elle avait un souhait : que Daniel Biasini ne la voit pas sur son lit de mort. Il m’a supplié. Je n’ai pas cédé.
Je me souviens par deux fois avoir vu votre loge au théâtre Marigny pour vos deux précédentes pièces de théâtre. Votre loge était, à chaque fois, emplie de photos de Romy Schneider. Comment avez-vous fait pour vivre sans elle, pour rester debout ? Est-ce à dire que vous ne vous êtes jamais remis de la perte de cet amour ?
Je ne l’ai jamais oubliée et je ne l’oublierai jamais. Elle est partout présente dans ma vie. Je n’ai pas eu le choix que d’avancer dans ma vie d’homme. J’avais ma vie. Toutefois, sa mort m’a beaucoup changé.
Le passé vous habite beaucoup...
Oui, toujours. Ceux que j’ai aimés continuent à vivre en moi. La preuve, je suis là à vous parler de Romy, 50 ans après l’avoir connue... Par nature, je vis avec ce que j’ai fait. Je ne peux pas occulter ce que j’ai vécu et qui fait ce que je suis aujourd’hui.
Il y a un mystère Delon. Est-ce que pour comprendre l’homme il faut prendre en compte trois de vos blessures : celle de la petite enfance et de l’Indochine, celle de la perte de vos amours et de vos amis ?
J’ai des blessures comme tout le monde mais je n’ai pas le droit de m’apitoyer sur mon sort. Je suis pétri de fêlures et de blessures comme beaucoup de gens dans leurs vies respectives. La vie est ainsi. Elle peut être cruelle. Je l’ai d’ailleurs dit à mon fils Anthony. Tout n’a pas été facile, ni dans son enfance, ni dans la mienne mais nous n’avons pas à nous plaindre. En ce qui me concerne, j’avance sans oublier pour autant.
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Delon-Romy, ils se sont tant aimés
Belle idée que de consacrer un livre à ces “amants terribles” ou “éternels fiancés” qui ont défrayé la chronique et que le public a porté au pinacle de la gloire. Deux stars majuscules, charismatiques et à la sensibilité épidermique, aux magnétismes puissants qui ne pouvaient que s’attirer et provoquer l’étincelle fatale...
Un ouvrage de belle facture qui permet de (re)découvrir ce couple légendaire qui a éclaboussé la pellicule dans "La Piscine". Grâce au témoignage inédit d’Alain Delon, il permet de mieux comprendre celle qui restera l’inoubliable "Sissi", qui lui assura la consécration internationale, mais qui faillit aussi l’empêcher d’exprimer pleinement les multiples facettes de son talent.
Plus encore : on y découvre en filigrane la vie de Romy, ses splendeurs et ses misères, ses douloureuses amours où rien ne lui fut épargné jusqu’au décès accidentel de son fils, à quatorze ans, qui achèvera de l’atteindre au plus profond d’elle-même.
C’est le visage rayonnant et tragique de cette femme hors du commun et du couple qu’elle a formé avec Delon qui est retracé ici, à travers plus de 110 magnifiques photos, souvent inédites. Un ouvrage brillamment nourri qui nous fait pénétrer au cœur de ce couple mythique qui a fait dire à Alain Delon : “Je savais qu’après elle, plus rien ne serait plus pareil !”.
"Delon-Romy, ils se sont tant aimés", de Philippe Barbier et Christian Dureau, chez Didier Carpentier Editions – Collection “Stars de l’écran”.
Dominique Parravano
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