Source : All access - 21 février 2009
Par Gilles Médioni (L'Express)
Jean-Loup Dabadie m'a raconté l'histoire de ses chansons. L'interview, c'est pour jeudi dans L'Express, mais d'ici là quelques infos en plus.
Déjà, je vous recommande un livre à lire d'un trait, avec un verre de rosé, le même que Jean-Loup m'a offert lors de notre rencontre... Donc, Véronique Dabadie a recueilli les confidences de son mari dans "Conversations avec Jean-Loup" (Le Cherche-midi). On est au centre de ce dialogue vif et poétique, plein de pudeur et d'anecdotes. Je vous recommande le chapitre qui mêle les deux Yves, Robert et Montand. Ou plutôt Montant. Yes, avec un t, vous verrez pourquoi dans le livre. De très belles pages aussi sur Romy Schneider. Et sur Reggiani, Ventura, Gabin....
Du coup, ça m'a donné envie de vous poster ma playlist de Dabadie, et il y a évidemment "La chanson d'Hélène" qui est vraiment "Ma préférence à moi". Et "Mon Petit garçon" parce que c'est Reggiani.
Et Jean-Loup m'a confié sa playlist, c'est une jolie boîte à chansons avec en tête : "Le baiser" de Alain Souchon "L'âme des poètes" de Charles Trénet et tout Julien Clerc ou presque. Et aussi Nat King Cole, Frank Sinatra, Joe Cocker, Leonard Cohen, La Callas. Bon goût, Jean-Loup.
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Source : Le Figaro - 10 février 2009
Jean-Loup Dabadie : «Ne m'appelez pas maître»
Avant sa réception sous la Coupole le 12 mars prochain, et à l'occasion d'un livre de conversations avec son épouse, rencontre avec un élégant jongleurde mots.
C'est tout lui. Dans "Conversations avec Jean-Loup", Véronique Dabadie rend son époux tel qu'en lui-même, charmant, charmeur, digressif. Le scénariste de Claude Sautet et d'Yves Robert, le parolier de Serge Reggiani et de Julien Clerc, s'y raconte à la façon d'une promenade, évoque Gabin et Ventura, avoue qu'il aurait aimé être Mastroianni et qu'il a mis sept mois pour trouver ces deux mots tout simples : « Ma préférence ».
LE FIGARO. - Est-ce qu'il faut vous appeler maître, désormais ?
Jean-Loup DABADIE. - Ah bah non ! Si les personnes que j'aime et qui m'aiment commencent à ne plus m'appeler Jean-Loup, là, il y aura une fêlure.
Si vous n'aviez pas pris une douche tout nu dans un tennis-club, vous ne vous seriez jamais présenté à l'Académie française…
Ni la première ni la deuxième fois. C'est authentique. Louis Leprince-Ringuet s'était pris d'affection pour moi dans les tribunes de Roland-Garros. Nous jouions au tennis ensemble. Un jour, on prend une douche. Je le revois tout ensavonné : «Dis donc, il faut que tu te présentes.» Je n'ai pas du tout fait la relation avec l'Académie. C'est quand on est montés prendre un verre que j'ai compris.
Vous n'êtes pas banal. En khâgne, vous avez annoncé à votre mère que vous vouliez écrire des romans et elle vous a répondu : «Alors là, mon chéri, quand on pense à toutes les nullités qui sortent, je ne vois pas pourquoi tu n'aurais pas ta chance.»
Ma pauvre maman ! Elle en rit encore. Sorti du contexte, ça fait la mère qui n'en a rien à foutre de son fils, mais j'étais son petit Mozart. Pour elle, je ne pouvais faire que mieux que les autres.
Vous souvenez-vous du jour où est sorti votre premier roman, "Les yeux secs" ?
Surtout du jour où mon père a signé mon contrat avec le Seuil, parce que j'étais mineur. J'ai eu certaines bonnes critiques, dont une de Kléber Haedens dans Paris-Presse : «Nous attendons avec sympathie le prochain roman de ce jeune romancier, en espérant qu'il n'y fera pas comme dans le premier une orgie de virgules» !
Très vite, pourtant, vous arrêtez d'écrire des romans.
Bah oui. J'avais abandonné mes études et commencé à faire des articles dans Arts et Spectacles. C'est là que j'ai connu Paul Guimard, qui me donnera un jour à adapter Les Choses de la vie. Après, Pierre Lazareff m'a fait venir et m'a appris le métier de journaliste. Après, j'ai arrêté pour faire mon service militaire.
Où vous étiez avec Jospin !
À Saumur, il y avait tout un groupe qui avait passé l'ENA, dont Lionel que j'appelais «Laï-onel» parce que son demi-frère qui signait Mowgli Jospin parlait de jazz dans Le Figaro. C'était aussi à cause de Lionel Hampton. Quand je le vois sur son vélo dans les marais de l'île de Ré, je lui dis : «Ça va, Laï-onel ?» Personne ne me croit quand je dis ça, mais il était très rieur.
Votre côté romancier a-t-il été utile au scénariste ?
Ça m'a plutôt joué des tours au début. Louis Malle avait acheté les droits de Thomas l'agnelet de Claude Farrère, une histoire de corsaire. Philippe de Broca devait mettre en scène. On me demande de travailler là-dessus. À la première page, j'écris : «Soixante galions entrent orgueilleusement dans le port de Saint-Malo par un jour de tempête. Toute la ville les attend avec crainte et respect.» Et je continue comme ça. Truffaut m'a dit : «Au bout de cinq lignes, on en est déjà à cinq milliards et demi d'anciens francs !»
Truffaut avait inventé pour vous l'expression « écrivain de cinéma »…
Quand j'y repense, ça me fait plaisir et ça m'émeut. C'est comme ça que je me suis présenté pendant mes visites aux Académiciens. En me recevant sous la Coupole, ils accueillent ce que j'appelle les arts frémissants.
Vous dites que vous écrivez davantage pour les metteurs en scène que pour les acteurs.
Ça n'est pas tout à fait ça. Au cinéma, le premier interprète d'un film, c'est le metteur en scène. Si je sais que le metteur en scène sera Jean Becker ou Cédric Klapisch, ça passera par leur filtre. Mais si demain j'écris pour Jacques Gamblin que je ne connais pas dans la vie, j'utiliserai son archet, ses vibrations à lui. Les acteurs sont pour moi les souffleurs des auteurs.
Vous n'écrirez jamais vos Mémoires ?
Ah non ! Je crains d'être ennuyeux, et de m'ennuyer moi-même. Je suis en admiration quand je vois des artistes, des industriels, des sportifs dire : «Dans ces années-là, à Aubenas où je suis né, il y avait un marchand de crêpes qui s'appelait monsieur Raymond. Ma tante m'y emmenait quand j'avais bien travaillé. Ah, ces crêpes aux myrtilles !» Non, je ne pourrais pas.
Quel est le pire mensonge écrit sur vous ?
On a dit que j'avais envoyé des articles qui m'étaient favorables aux Académiciens pour être élu. J'espère que personne ne l'a cru. J'aurais vraiment été un imbécile et je les aurais pris pour des imbéciles !
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Conversations avec Jean-Loup
Auteur : Véronique et Jean-Loup Dabadie
Editions : Le Cherche-Midi
Paru le: 12/02/2009
Prix = 15 euros
14 cm x 21 cm - 300 pages
ISBN : 978-2-7491-0554-3
EAN : 9782749105543
Disponible sur Fnac.com et sur Amazon.fr
Résumé : "Le petit écolier qu'il était ne l'a jamais quitté.
Aujourd'hui, je le vois ranger ses crayons de couleur le soir sur sa table, ses plumes, ses papiers, également de toutes les couleurs. Il referme ses dictionnaires et éteint sa lampe comme si l'école était finie pour la journée. Cette organisation enfantine contraste depuis toujours avec son penchant permanent pour l'improvisation des heures, des saisons, voire des années. Le lendemain, chez Jean-Loup, n'est jamais en accord avec la veille.
Michel Piccoli l'a appelé un jour "un écrivain mélancomique", c'est bien dit. Il y a en Jean-Loup un incessant désordre amoureux pour les mots, les images, les histoires. Voilà pourquoi ce livre est lui-même sans coutures ni doublures, apparemment déstructuré. C'est une conversation, où l'on passe librement d'un sujet, d'un personnage à un autre, quitte à les abandonner parfois pour mieux les retrouver mon enfant." - Véronique Dabadie.
Véritable homme-orchestre de l'écriture, Dabadie est l'auteur célèbre de scénarios, pièces, sketches et chansons qui font de lui un grand témoin de son temps. Cet ouvrage, en forme de conversations joyeuses, et complices avec son épouse Véronique, bénéficie d'une distribution impressionnante (de Serge Reggiani, Guy Bedos et Annie Girardot à Yves Montand, Claude Sautet et Yves Robert en passant par Jean Gabin, Romy Schneider, Julien Clerc et tant d'autres) et nous offre de multiples histoires inédites et savoureuses.
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