Source : A voir, à lire.com - 13 janvier 2009
D’une sensualité à fleur de peau, ce polar psychologique à succès déploie ses charmes grâce à un quatuor de comédiens inoubliables et à une réalisation fine et racée. Nous, on plonge encore !
L’argument : Jean-Paul et Marianne forment un couple idéal et coulent des jours heureux dans leur villa de Saint-Tropez, jusqu’au jour où arrive Harry, au bras de l’incendiaire Pénélope. Ancien amant de Marianne, l’homme trouble cette vie tranquille. La tension monte.
Notre avis : Alors qu’il n’a jusqu’alors tourné que des polars classiques rendant hommage au cinéma américain, le cinéaste Jacques Deray s’est imposé en 1969 grâce à "La piscine", à la fois magnifique étude psychologique et polar moite aux sous-entendus particulièrement vicieux. Loin de l’univers ricain, Deray se glisse plutôt dans un schéma typiquement européen avec un huis-clos intense opérant un glissement progressif des personnages vers un destin tragique inéluctable. Marchant sur les traces de Claude Chabrol par sa description minutieuse du cadre dans lequel va inévitablement se dérouler un drame, le cinéaste prend son temps en distillant un doux venin tout au long d’une première heure et demi dépourvue de la moindre action. Pas d’ennui pourtant grâce à l’interprétation sans faille des acteurs et à l’extrême sensualité d’une caméra qui semble amoureuse de ses comédiens. Au sommet de leur beauté, le couple Delon / Schneider illumine l’écran de son amour incandescent, ainsi que de son malaise conjugal, sur scène comme à la ville. Ils irradient l’écran de leur jeunesse, dans des personnages finalement très ambigüs. Leur imparable duo est rejoint par un excellent Maurice Ronet en ami trouble-fête comme on aime les détester et par la juvénile Jane Birkin. Autant dire un casting quatre étoiles qui est pour beaucoup dans la pleine réussite de ce polar fascinant.
D’un érotisme très osé pour l’époque, "La piscine" intrigue par son refus systématique d’expliquer les motivations profondes des personnages. Entièrement suggérée, la compétition artistique et sociale est un sous-texte qui enrichit sérieusement le propos d’une œuvre finalement moins intemporelle qu’elle veut bien le faire croire. Brillant sur le plan formel, ce très gros succès du cinéma français (plus de 2,3 millions d’entrées tout de même) est sans nul doute un des films majeurs de son réalisateur. Qui a dit le meilleur ?
Virgile Dumez
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