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Article intérieur sur le projet de film "Une femme comme Romy"
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Source : Le Figaro.fr - 13 novembre 2008
Bientôt un film sur la vie de Romy Schneider
Coup d'envoi, en mars prochain, du tournage de « Romy », joué par Yvonne Catterfeld, une jeune chanteuse allemande, véritable clone de l'actrice disparue.
Les biopics se suivent et ne se ressemblent pas… Après Sagan, Piaf, Coluche et en attendant Gainsbourg et deux films sur la vie de Coco Chanel, on prépare un long-métrage sur Romy Schneider. Coproduction franco-allemande, le film qui doit être tourné en mars 2009 sera financé pour la France par Raymond Danon et réalisé par le metteur en scène germanique Josef Rusnack. Il racontera les grandes lignes de la vie privée et de la carrière de l'actrice, des premiers Sissi à sa disparition tragique en 1982.
Pour incarner l'interprète des Choses de la vie, c'est Yvonne Catterfeld, une chanteuse allemande de 29 ans à la troublante ressemblance, qui a été choisie aux côtés du jeune acteur français Raphaël Personnaz qui jouera Alain Delon. Sa mère, Magda Schneider, sera interprétée par Gudrun Landgrebe, Jean-Hugues Anglade incarnera Claude Sautet ; Tchéky Karyo, le producteur Raymond Danon, et Clément Sibony, son dernier mari, Daniel Biasini. Et on cherche encore l'acteur qui sera Jean-Claude Brialy.
Cette saga intitulée sobrement Romy, qui traversera une quarantaine d'années de cinéma, de bonheur et de drames, devrait bénéficier d'un budget de 13 millions d'euros et être tournée en Allemagne, à Berlin, à Paris, dans le sud de la France et en Roumanie.
«L'histoire d'une jeune fille jetée dans le ciel des stars»
Selon la maison de production allemande Movie Company, dirigée par Douglas Welbat, «le film sera une sorte d'hommage à une femme et à une actrice qui a su faire rimer vie privée et vie professionnelle. L'histoire d'une jeune fille jetée dans le ciel des stars quand elle était très jeune et qui a tenté d'avoir une vie sur la terre». Et les responsables insistent : «On ne se concentrera pas sur les rumeurs et les scandales qui ont pu jalonner sa carrière. Nous mettrons plutôt en lumière ses aspects positifs, même si on évoquera quelques drames comme la disparition tragique de son fils.»
Pour sa part, le producteur français Raymond Danon précise : «Le film s'est fait avec l'accord de sa fille Sarah et de son mari Daniel Biasini. Pour l'interprète, nous avons vu une trentaine d'actrices et nous nous sommes arrêtés sur Yvonne Catterfeld. Elle est formidable. Quant à Raphaël Personnaz, il interprète Alain Delon. Moi qui ai fait onze films avec ce dernier, je l'ai prévenu pour avoir son accord. Il n'a jamais répondu mais il paraît qu'il n'est pas très content d'être interprété dans un film… Je le comprends. Mais qui peut vraiment interpréter Delon ?»
Dominique Borde
Une belle carrière ponctuée de bonheurs et de drames
Il y a vingt-six ans, l'actrice fétiche de Claude Sautet disparaissait brutalement, laissant le public inconsolable.
Le 29 mai 1982, la nouvelle tombait comme un coup de tonnerre et l'épilogue d'une tragédie : Romy Schneider était morte dans la nuit, à l'âge de 44 ans. Une vie s'arrêtait tandis qu'une autre continuait sur l'écran pour nous laisser inconsolable, frustré sans doute de ne pas pouvoir la voir vieillir, coupable peut-être aussi de ne pas avoir compris qu'une femme était passée bien avant une vedette. La nostalgie qui est souvent une mauvaise habitude renvoie toujours le portrait en pied de Sissi où la jeune fille de dix-sept ans devient à la fin des années 1950 une héroïne de roman-photo rose et or. Il faudra attendre une bonne dizaine d'années et Les Choses de la vie de Claude Sautet pour que l'image commence à s'estomper ou au moins à se déplacer.
De "César et Rosalie" à "La banquière", en passant par son rôle pathétique dans "L'important c'est d'aimer", l'autre Élisabeth d'Autriche du "Crépuscule des dieux" ou la femme sacrifiée du "Vieux Fusil", Romy devient l'égérie des années 1970. Le cinéma est alors comme le miroir qui reflétera son humanité, sa force véhémente, ses faiblesses bouleversantes. Sans oublier son charme. Celui qu'elle exprime du côté de Sautet ou en retrouvant Delon son premier grand amour dans "L'assassinat de Trotsky" de Losey ou La Piscine de Deray.
Des blessures indélébiles
Mais est-ce la femme que l'on regarde ou l'actrice que l'on applaudit ? C'est dans cette équivoque que Romy existe à la fois comme une comédienne capable de passer d'un drame à une comédie grinçante et comme une actrice populaire. Son jeu n'est peut-être qu'un dédoublement, ses interprétations l'incarnation d'un malaise plus intime et profond. Et si la tragédienne est devenue un exemple que les femmes voudraient suivre et que les hommes rêvent d'apprivoiser, la vraie Romy est au-delà de ces conventions affectives. Car sa vérité ce sont aussi les grandes douleurs de sa vie comme le suicide de son premier mari ou la mort accidentelle de son fils David en 1981. C'est beaucoup et c'est trop quand le drame vous rattrape au mauvais tournant d'un rôle que l'on n'a pas choisi.
Vingt-six ans après, que reste-t-il alors de ses bonheurs radieux, de ses blessures indélébiles ? Un souvenir toujours vivace qui s'accroche à des images. Ici l'inévitable "Sissi" qui fait toujours rêver les jeunes filles en quête de prince charmant, l'héroïne d'Orson Welles dans "Le Procès", la maîtresse révoltée des "Choses de la vie", Lily la prostituée manipulée de "Max et les Ferrailleurs", la femme perdue et pathétique du "Train", celle aimante et torturée du "Vieux Fusil", ou encore l'épouse volage d' "Une femme à sa fenêtre". Quand ce n'est pas l'actrice paumée de "L'important c'est d'aimer" ou la compagne sexy et insatisfaite de "La piscine"…
À moins que tous ces rôles célèbres se résument à un seul et à une photo prise dans les coulisses du tournage de "Ludwig, le crépuscule des dieux" de Visconti. On la voit dans la robe d'Élisabeth d'Autriche, à genoux devant son fils David, alors âgé de 6 ans, coiffé d'un casque de dragon. La promesse d'une carrière alors à son zénith, le bonheur au bord d'une future douleur et l'amour maternel bientôt endeuillé. Il y a là dans ce cliché comme la synthèse de toute sa vie : le cinéma au superlatif, le costume d'un personnage qui la poursuivra tout le temps, et une femme à genoux devant un enfant chéri qui partira trop tôt. Le spectacle et l'intimité confondus, les coulisses d'un tournage qui rejoignent celles de son existence et l'ombre d'une blessure qui ne pourra jamais se refermer.
C'est peut-être cette simple image arrachée au hasard qui restera comme la trace indélébile de Romy Schneider.