Source : Blog Première.fr - 14 juillet 2008
On l’annonçait comme l’une des pièces les plus attendues du Off. On a donc pas traîné pour y aller.
Attendue pourquoi ?
Pas pour l’affiche ça c’est sûr. Je mets au défi quiconque de me trouver plus grande kitcherie parmi les affiches avignonnaises. Quoi que… il y a quelques spécimens qui valent le coup d’œil (d’ailleurs amateurs soyez à l’affût, je compte me consacrer à ce sujet dans les jours à venir). Pas pour l’affiche donc… mais plutôt pour les têtes d’affiches. Car derrière la kitchissime rose rouge, la fille qui vous regarde de biais là, en filigrane blanc, c’est Sarah Biasini.
Son nom vous dit quelque chose ? Il y a 2 raisons possibles à cela :
a/ Vous êtes un assidu de la presse people et vous y avez appris que Sarah Biasini est la fille de Romy Schneider et boit du Dom Pérignon
b/ Vous êtes un assidu de la presse culturelle et vous y avez appris que Sarah Biasini a été nominée cette année aux Molières, dans la catégorie révélation théâtrale.
Je vous laisse en votre âme et conscience cocher la case qui vous convient le mieux, et je passe directement à la présentation de la deuxième « tête d’affiche », Christophe Lidon.
Là encore deux solutions :
a/ Son nom ne vous dit rien, et là tant pis pour lui, il avait qu’a avoir des parents glamourslui aussi.
b/ Vous êtes un assidu de la presse culturelle et blablablbabla…. bref sachez que la pièce qu’il a mise en scène cette année au théâtre Hebertot, l’Antichambre, a reçu 3 Molières.
Accompagnée sur scène de Thomas Joussier, Sarah Biasini incarne une jeune guitariste qui gâche son talent et sa fougue dans une vie trop pépère, bien au chaud auprès d’un autre musicien en galère. Tout va bien dans leur vie ratée jusqu’au jour où débarque chez eux leur ancien professeur de guitare, «Maestro» mondialement reconnu mais un peu paumé et vieilli. Les liens mystérieux qui l’unissent à Sarah, mélange de symbiose artistique et de sentiments amoureux inavoués, vont définitivement perturber leur vie à tous les trois.
On se régale d’avance des nœuds psychologiques complexes contenus en puissance dans cette pièce: la recherche de perfection artistique, l’élévation spirituelle par l’art, le dévouement total de l’artiste à son art au détriment de la construction de sa personnalité et de son équilibre, l’oubli de soi, l’emprise d’un être sur un autre, l’ambivalence des relations artistiques et amoureuses… Des nons-dit psychologiques lourds comme on les aime, qui font toute la richesse du texte de Maestro. Mais qui exigent aussi de la part des comédiens de réussir à matérialiser avec subtilité ces liens invisibles et douloureux qui unissent leurs personnages. Paradoxalement un non-dit n’a d’intérêt que s’il est rendu tangible d’une façon ou d’une autre non ?
C’est cette profondeur psychologique qu’on cherche en vain au début de la pièce -un mari benêt un peu trop benêt, un maestro manipulateur un peu trop gros sabots et une jeune pianiste un peu trop facilement destabilisable, mais qui finit heureusement par prendre forme au fur et à mesure qu’avance l’intrigue psychologique. Elle se dessine enfin quand Sarah Biasini et J.P Bouvier, en maestro déchu et égoïste entièrement consommé par son art, réussissent à donner à leur personnage suffisament d’épaisseur pour nous entraîner dans les couloirs cachés de leur intrigue.
On devrait retrouver Maestro programmé à Paris en 2009. Internautes citoyens, je fais encore appel à vous. Soyez sympas, filez-leur un coup de main ils le méritent, envoyez vos créas d’affiche sur ce blog, on se chargera de transmettre avec tact.
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