"Katia" : médiocre imagerie
Ce film en couleurs discutables l'est aussi. Ou plutôt non. Il est clair comme le jour et aussi désuet à sa naissance que s'il avait été tourné en 1925. Je crois bien que je lui préférais, de loin même, la première version de Maurice Tourneur, qui s'était toujours plu à nous conter des amours historiques, qu'il s'agisse de "Koenigsmark" ou, comme ici, des liaisons d'Alexandre II.
Inutile de dire que l'Histoire avec un grand "H", a les chevilles gonflées tant on lui fait d'entorses, très délibérément. Mais quoi ! L'essentiel n'est-il pas de savoir que le fils de Nicolas Ier abolit le servage et mourut assassiné par les nihilistes qui lui en voulaient sansdoute de ses vues humanitaires. A vrai dire, le film de M. Siodmak laisse entendre que l'attentat de 1881 était inspiré de très haut. On ne réclamait pas de cette "bande dessinée" un reflet fidèle des événements et, de toute façon, il faut voir les amours du monarque et de Katia avec des yeux aussi naïvement émerveillés que devant l'intrigue de "Mayerling".
Mais si l'on avait moins sacrifié au faste de pacotille et à la figuration historique, si l'on avait traitéce récit propre à faire pleurer Margot sur le mode intimiste, "Katia" aurait pu nous toucher.
Ce n'est, en l'occurence, qu'un prétexte àexploiter deux vedettes internationales : Curg Jurgens, comme un poisson dans l'eau sous la toque d'astrakan et les houppelandes du tsar (au-dessus du grade d'adjudant il devient acceptable), et Romy Schneider, gracieusement insignifiante.
Henry MAGNAN
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