"Boccace 70" (reprise)
Un prestigieux film à sketches, grande spécialité de la prodution italienne. Inégal.
Dans les années 60, le principe du film à sketches fit les beaux jours de la comédie à l'italienne ("Les monstres" de Dino Risi), mais permit également aux producteurs de réunir au même générique les noms de grands cinéastes dans des films très chics. Sous l'égide de Carlo Ponti, cinq ans avant "Les sorcières" de son rival De Laurentiis, le gratin de Cineccità se prête à l'exercice du court métrage avec des réussites diverses. Loin de moderniser les contes du "Décaméron", dont il ne s'inspire absolument pas, "Boccace 70" ne retient de l'écrivain que l'idée de dégager une morale d'un argument scabreux. Trasposition d'une nouvelle de Maupassant dans le monde de l'aristocratie milanaise moderne. "Le travail" de Visconti est un chef-d'oeuvre. Le cinéaste y met en scène Romy Schneider en jeune comtesse décidan de faire payer ses charmes à un mari volage qui l'a épousée pour son argent. Derrière le raffinement inouï des images, Visconti propose une vision marxiste du couple et raille le pouvoir aliénant de l'argent et des carcans sociaux.
"La tentation du docteur Antonio" inaugure la période baroque et onirique de Fellini, qui porte à l'écran ses phobies et ses fantasmes sexuels. Le film reste à jamais célèbre grâce à une Anita Ekberg géante échappée d'un panneau publicitaire qui poursuit de ses assiduités un prude notable dans des décors urbains factices. La direction artistique est superbe, le propos légèrement fumeux. Le segment de De Sica en chute libre n'a aucun intérêt. Quand à celui de Monicelli, il fut supprimé des copies française en raison du manque de notoriété de l'auteur du génial "Pigeon" ! La réédition inespérée de "Boccace 70" en version intégrale répare ainsi une vieille injustice.
Olivier PERE
Commentaires