Scampolo : La fraîcheur sans danger de Romy Schneider
La comédie viennoise ou munichoise, selon une recette vieille de près de 30 ans, comporte un brin de sentiment, un peu d’humour et une large, très large dose de crème fraîche. Non pas fraîche quant à l’invention, car Dieu sait combien les situations dramatiques y sont conventionnelles, mais plutôt par le sourire de quelque ingénue. La crème en question emprunte ici les traits de Romy Schneider. Il paraît qu’elle serait orpheline - apitoyez-vous – seule dans la vie – venez vite la protéger – et ingénue jusqu’au bout des ongles – battez, cœurs romantiques. Un jeune architecte impécunieux (mais de talent) en saura quelque chose.
Nous n’avons rien contre Romy, ni contre les idylles innocentes à la « Sissi » ou à la « Scampolo ». Mais constatez avec moi que seul le travesti change chaque fois autour des dents blanches, amours fraîches de la jeune Viennoise. Le travesti à la napolitaine – cela se passe sur l’île d’Ischia, où Scampolo est censée gagner sa dure vie comme guide touristique – rappelle malheureusement un peu trop que la Besagliera, avec les atouts incendiaires de Gino, est déjà passée par les sentiers de « Pain, Amour… ». Rien n’empêcherait, après tout, de faire sourire Romy dans un cadre plus approprié au style germanique.
Car, traitée par l’Allemand Weidenmann, la comédie perd tout son charme à l’italienne, réduit à deux ou trois clichés indéfiniment répétés. Deux amoureux terriblement peu méditerranéens – l’un rouquin et joufflu sous l’uniforme de carabinier, l’autre (Paul Hubschmid) étant à peu près la version allemande de Jean-Claude Pascal – ne contribuent guère, par leurs silences inexpressifs, à l’atmosphère locale ni à l’attrait comique. L’histoire en devient aussi longue et sans surprise que dans un magazine de cœur. Les fidèles de Romy y trouveront aliment à leur passion. Mais les amateurs de cinéma n’y verront qu’un spectacle d’été léger par la substance, sinon par le style.
Jean d’YVOIRE
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