Christine
Après “Jeunes filles en uniforme », voici sous le titres de « Christine », « Leibelei » qui reparaît sur les écrans. Le nom de Max Ophuls est attaché au premier « Liebelei » et l’on devine assez aisément ce que le futur auteur de « Lola Montès » avait pu faire de la mélancolique histoire imaginée par Arthur Schnitzler. Les fastes et les charmes désuets de la Vienne impériale plaisaient à son cœur et convenaient à son talent. « Liebelei » remporta à l’époque un immense succès et Bardèche et Brasillach en perlent dans leur Histoire comme de l’ « Une des œuvre les plus émouvantes du cinéma ». Je ne pense pas que, vingt-cinq ans après, le film de Pierre Gaspard-Huit suscite de tels éloges, mais il n’est pas impossible qu’il charmera lui aussi un vaste public.
Après tant d’ouvrages amers, violents, cruels, comme elle va paraître touchante l’histoire si tendre et si triste de Christine et de son petit sous-lieutenant étourdi et volage ! Ils s’étaient rencontrés dans un bal et il avait suffi d’un déjeûner sur l’herbe, d’une promenade en calèche pour transformer en passion éternelle ce qui n’avait d’abord été qu’une amourette, une « Liebelei ». ils avaient quarante ans à eux deux et ils criaient leur secret aux échos sans savoir que déjà la mort les guettait, sans savoir que pour Franz et Christine le bonheur n’était pas e ce monde…
Ah ! Cette fin de « Christine », que de pleurs elle fera verser aux dames et aux demoiselles (et aux messieurs sensibles aussi) ! L’autre soir autour de moi on reniflait, sanglotait, suffoquait sans vergogne. Et les lumières revenues il fallait voir les mouchoirs tamponner les paupières meurtries. Les chocolats glacés devaient avoir un goût salé de larmes !... Mais ces pleurs sont un gage e succès et Pierre Gaspard-Huit a eu bien raison de jouer à fond la carte romantique. J’ajouterai qu’il a mis sont film en scène avec soin et que, des dialogues de Georges Neveux aux images de Christian Matras en passant par les décors de Jean d’Eaubonne, tout témoigne dans « Christine » d’un souci de qualité sympathique. C’est Romy Schneider qui succède à sa maman, Magda Schneider, dans le rôle de la jeune fille éprise du fringant officier.
La mode étant aux « mythes » sociologiques, j’ai bien envie d’écrire que Romy Schneider est très exactement l’ « anti B.B. ». Elle n’éveille en nous que des idées de pureté, de tendresse, de chastes fiançailles, de promenades côte à côte dans « la nuit verte des prairies ». Elle est jolie comme image. Elle est l’image de la jeunesse qui ne « triche » pas… Alain Delon incarne sans mièvrerie le personnage de Franz. Malgré quelques gaucheries il fait preuve dans ce rôle d’une évidente personnalité. Le beau visage de Micheline Presle nous émeut.
Fernand Ledoux, Jean-Claude Brialy Jean Galland, sont excellents. Et tous leurs camarades, de Sophie Grimaldi à Jacques Duby (Jacques Duby à qui on devrait bien confier un jour un « vrai » rôle) et de François Chaumette à Jacques Toja, méritent des compliments. Si vous ne craignez pas les entremets sucrés…
Jean de BARONCELLI
Commentaires