Christine
Dans une Vienne d’opérette, en ce début de siècle, un joli dragon mélancolique mène une intrigue avec une jeune fille pauvre, mais ravissante. Promenades en barque sur le Danube, uniformes et dentelles, parfum et fleurs fraîches, tours de valses dans les guinguettes, marivaudages chuchotés, mousse de champagne, parades militaires, rencontres à l’Opéra sur une musique de Mozart.
Ce n’est qu’une simple amourette, innocente et naïve, dans le goût des romances sentimentales. Mais au jeu de l’amour, nos deux héros de brûlent. Bientôt le sous-lieutenant comprend qu’il aime à la folie la demoiselle. Il la veut épouser, la demande à son père, premier violon dans un orchestre. C’est alors qu’intervient le destin, sous les traits d’un mari, naguère bafoué.
Echange de cartes. Duel à l’aube. Dès la première balle, Franz s’écroule, foudroyé. Ce n’était qu’une simple amourette. Mais la jeune fille, elle aussi, en mourra. Sur ce thème, emprunté à une pièce d’Arthur Schnitzler, « Liebelei », Pierre Gaspard-Huit a composé un film aimable, un conte rose et gris, plus français que viennois et qui doit davantage au René Clair des « Grandes manœuvres » qu’à Willy Forst ou à Ophuls. Il y a, dans son œuvre, de la gentillesse, du brio, un solide métier et une absence totale de prétention. Il serait tout à fait injuste de l’accabler sous le souvenir du « Liebelei » que réalisa Max Ophuls, en 1932, je crois.
Très adroitement, Gaspard-Huit a échappé aux pièges du remake. Il a volontairement oublié l’univers amer, cynique et brillant de son illustre prédécesseur pour ne s’attacher qu’au spectacle, un spectacle qui ravira les amateurs de « Sissi ». Bon travail de l’opérateur Christian Matras. Dialogue excellent de Georges Neveux. Quant à l’interprétation, elle a les vertus de la jeunesse. Romy Schneider, égale à elle-même et Alain Delon forment un couple suave, bien agéable à regarder.
Delon a de la prestance, un physique, une voix. Et son inexpérience même a du charme. Remarqués, aussi, Jean-Claude Brialy étourdissant de fantaisie dans le r^pole de l’ami fidèle et l’amusante Sophie Grimaldi. Des comédiens chevronnés épaulent cette folle jeunesse : Micheline Presle, Fernand Ledoux, Jean Galland.
Michel AUBRIANTI
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