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Mes films de chevet - 14 octobre 2009
Le chef d'oeuvre absolu de Luchino Visconti ? Avec "Les Damnés" et "Mort A Venise" (qui sont les deux premiers volet de la "trilogie allemande" du cinéaste, achevée avec ce film-ci), alors. Sorti en 1972, "Ludwig Ou Le Crépuscule Des Dieux" (on va dire "Ludwig" pour aller plus vite !) est un film-fleuve très ambitieux qui sera, hélas, un échec lors de sa sortie en salles. Sans doute est-ce pour ça que ce mémorable film n'existe toujours pas en DVD, ce qui est dramatique...
Que dire devant tel monument, où tout est fantastique, grandiose, demesuré, bref, viscontinien ? De l'interprétation à la réalisation, en passant par les costumes et décors, la musique, le scénario (inspiré, bien sur, de la réalité, ce film narrant la tragique histoire d'un vrai monarque), tout, TOUT est grandiose ici. Le film est coupé en deux parties d'environ 2 heures chacune (oui, presque 4 heures de projection en tout, et encore, le film dure en réalité presque 5 heures, mais la version integrale est rarissime, peu exploitée - je ne l'ai jamais vue, malheureusement).
La vie et la mort de Louis II de Bavière (Helmut Berger dans son meilleur role), qui a controlé la Bavière (une province allemande, faut tout vous dire) durant 22 ans (1864-1886, année de sa mort). Il est né en 1845, d'ailleursil était donc jeune (41 ans) à sa mort. Et ce roi, grand protecteur des arts (il a été le protecteur de Richard Wagner, comme on le voit dans le film), et cousin de l'impératrice Elizabeth d'Autriche (bref, "Sissi" - d'ailleurs, Romy Schneider reprend, dans ce film, son role fétiche), était aussi complètement zinzin.
Louis II a dépensé une grande partie de la fortune de son royaume pour batir une flopée de chateaux splendides, tel le fameux Neuschwanstein. Des demeures merveilleuses, dans lesquelles il ne vécut pour ainsi dire jamais. Des batisses à la mesure de sa démesure, de sa mégalomanie, de sa folie pure. Le roi est mort fou, enfermé dans son propre chateau par ses conseillers et ministres, de plus en plus alarmés par son état. S'enfuyant, une nuit, de son chateau, il périt noyé dans le lac attenant au domaine.
Pourquoi un tel cours d'histoire, au lieu d'un résumé du film ? Mais ce que je viens de faire est le résumé du film (enfin, dans les grandes largeurs, je ne me voit pas le courage de résumer 4 heures !). Parmi les moments forts, on pourrait citer la visite d'Elizabeth d'Autriche (Sissi) dans un des immenses chateaux de Louis II. Sissi visite, silencieusement, le luxueux et vide de sens chateau, et soudain, éclate de rire devant cette débauche de luxe inutile. Elle a apparemment compris la folie douce de son cousin... Helmut Berger est incroyable dans le role-titre, il porte le film sur ses épaules. Cet acteur autrichien, égérie de Visconti (le réalisateur et l'acteur étaient homosexuels, et amants) n'est pourtant pas le seul à etre phénoménal ici : Romy Schneider, Silvan Mangano, Umberto Orsini, Trevord Howard, Gert Frobe, Helmut Griem, John Moulder-Brown...la liste est longue !
Puissant et magistral de bout en bout, "Ludwig Ou Le Crépuscule Des Dieux" est un de ces films que l'on n'oublie jamais après l'avoir vu - impérativement en VOST, c'est à dire en allemand. On retrouve dans ce film toute la force surréaliste du cinéma de Visconti (la scène de la bacchanale des domestiques, longs travellings à 360°). Visconti use et abuse de ces fameux travellings, zooms, une mode de l'époque, mais le style de sa réalisation (sans failles) excuse ce travers. Le film, visuellement parlant, est une merveille de tous les instants, en témoigne cette photo ci-dessus. Bref, un chef d'oeuvre total, admirable, que je revois assez souvent. Ma VHS commence d'ailleurs à sérieusement patiner, à quand une édition DVD zone 2 de ce film ? Messieurs les responsables de publication, si vous me lisez, vous savez ce qu'il vous reste à faire ! Ca urge, on ne peut pas laisser un tel impérissable chef d'oeuvre ignoré du plus grand nombre par manque de distribution commerciale !
By ClashDoherty
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