Comme à la maison Musique enlevée, décor délabré et éclairage nuancé. C’est confortablement nichés au creux des larges fauteuils de l’ancien Théâtre du Tertre que les spectateurs de Qu’est-ce qu’on attend ? peuvent doucement s’imprégner de l’ambiance particulière créée par Salomé Lelouch et sa troupe.
Au programme, rencontre avec trois individus hauts en couleur ! Interprété par Benjamin Bellecour, Laurent est l’aîné de la famille. Un trentenaire déphasé et dépassé par les non-événements de sa vie et qui, afin d’être sûr de ne pas la rater, a préféré ne rien en faire. Ludivine la benjamine, jouée par Rachel Arditi, a quant à elle choisi le risque et l’émancipation, désireuse de « monter » à Paris afin de gravir les degrés de l’échelle sociale et de masquer ses failles personnelles sous ses succès professionnels. Enfin Marie campée par Sarah Biasini, est la sœur cadette, femme au foyer peu sûre d’elle, plus à l’aise dans son costume rétro de mère dévouée que dans sa peau de femme libérée.
Trois caractères en quête d’eux-mêmes, et qui malgré la disparition de leur mère et les absences mentales de leur père, tentent de recomposer le puzzle de leur histoire, sur fond de comédie cocasse, de petits drames et de rebondissements en tous genres.
«Au fond, qu’est-ce qu’on attend ?» Tout en mouvement, les personnages investissent l’espace, se croisent et s’affrontent lors d’intermèdes musicaux symboliques, ou s’isolent lors de prises de conscience fiévreuses. Du babyphone dénonciateur au téléphone déconcertant en passant par le hors-scène signifiant, tout ici est question de communication.
Aux incontournables monologues permettant à chacun de croquer son autoportrait, viennent s’ajouter de savoureux apartés avec le public, qui suspendent sans prévenir le drame en train de se jouer. Sorte de ronde des corps pour soliloques intérieurs où les amertumes et les espoirs se bousculent, entre semi-inconsciences et débits de paroles incontrôlés.
Intelligence d’une mise en scène qui, en enchevêtrant dialogue familial et dialogue avec soi-même, rehausse avec élégance l’écart existant entre ce que l’on tait et ce que l’on assume devant ceux qui nous sont le plus proche : cris intérieurs contre sourires de circonstances.
Nouvelle Génération On savait le dynamisme de la fine équipe emmenée par Salomé Lelouch qui, associée depuis six ans à Benjamin Bellecour, s’applique à réinventer le théâtre construit par son père Claude Lelouch, à l’occasion du tournage d’Edith et Marcel, en 1983.
Pièce familiale dans un lieu convivial, Qu’est-ce qu’on attend ? est remarquablement animée par la nouvelle génération du théâtre français, trois acteurs talentueux dirigés d’une main de maître. Au milieu des entrechats mécaniques de Rachel Arditi surprenante, et des monologues volubiles de Sarah Biasini touchante, viennent se glisser les répliques ciselées et cinglantes de Benjamin Bellecour, hilarant dans son rôle de penseur désabusé : «Quelle est la différence entre un philosophe et un raté ?» «Y’en a un des deux qui déprime !» / «Un père lâche ? Quel homme ne l’est pas ? Tout ceci est d’une banalité vexante !»
Un texte énergique qui revisite sans en avoir l’air les codes et clichés de la conversation familiale type. Une écriture dramatique et scénique qui flirte avec le drame et le drôle, les péripéties et le suspense sans cesse reconduits, sans jamais verser dans l’invraisemblable. Le tout sur fond de chansonnette gaie et entêtante : celle de Ray Ventura, fédératrice et essentielle, comme la famille.
«Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?» Question existentielle d’une célèbre rengaine qui nous trottera dans la tête encore longtemps et dont la réponse est esquissée avec goût dans ce petit jeu de massacre réjouissant, par ces jeunes acteurs passionnants. A voir et à revoir sans plus attendre. Forcément.
NDLR : Cet extrait vous est présenté ci-dessous dans l'unique but de vous faire connaître le film et vous donner envie de le découvrir dans son intégralité par le biais des supports à votre disposition (DVD, diffusion TV...). Par respect des droits liés à la diffusion d'une oeuvre, vous ne pourrez en découvrir, ici, que les premières 15 à 20 minutes.
Un frère et deux sœurs se retrouvent dans la maison familiale. Il s’agit de faire l’inventaire des tableaux de leur père parti perdre la mémoire en “maison de repos”.
La situation n’est pas des plus agréables, leur relation encore moins. Eloignés par leur vie, ils ne peuvent s’empêcher de s’envoyer piques mordantes et sous-entendus grinçants. Et quand le passé resurgit, tout fout l’camp !
Auteur et metteur en scène, Salomé Lelouch a joliment tricoté cet imbroglio familial dans lequel le spectateur se retrouve. Car ce n’est pas tant les révélations qui importent que ce que l’on en fait. Drôle et surprenant, Qu’est-ce qu’on attend ? est servi par un trio d’acteurs au charme fou. Rachel Arditi assure les tacles et la droiture, Sarah Biasini assume avec bienveillance la naïveté de celle qui a toujours un train de retard et Benjamin Bellecour excelle en frère cynique et désabusé.
31 octobre : La sortie est finalement prévue pour le 26 novembre prochain. Ajout de la couverture.
Présentation : Selon l'auteur, la carrière de Romy Schneider traduit deux orientations divergentes : la première est celle des années de jeunesse marquée par l'influence de sa mère qui l'imposa comme la jeune héroïne allemande. La seconde est plus sombre et plus complexe, une figure de tragédie autant dans la vie que dans ses rôles.
Résumé au dos du livre : Elle est l'une des plus grandes stars de cinéma du XXe siècle. Mieux : elle est devenue un mythe, une légende, l'égale européenne de Marilyn Monroe, une figure tragique autant dans la vie que dans ses rôles. Et pourtant... Les fées semblent s'être penchées sur le berceau de Romy Schneider pour la parer de toutes les grâces :dernière-née d'une célèbre famille d'artistes, la jeunne Allemande d'origine autrichienne n'a que 15 ans quand elle conquiert sont public. Romy, enfant-star ? Pas uniquement. A elle seule, elle symbolise l'Allemagne de demain, et incarne sous les traits de Sissi, la nostalgie de temps révolus. Mais Romy Schneider ne veut pas être un symbole. Elle n'aura de cesse, sa carrière durant, de détruire l'image qu'on a voulu donner d'elle. Guillaume Evin lève le voile sur une icône trop tôt disparue : "Romy Schneider voulait à la fois vivre et tourner. Au lieu de quoi, elle vivra trop peu et assez mal, mais tournera beaucoup et très bien". Alain Delon, Harry Meyen, Daniel Biasini... Les hommes de sa vie ne sauront s'imposer face à sa seule véritable passion : le cinéma. De l'actrice accomplie, égérie de Visconti et de Sautet, au "vide infini" des derniers mois, en passant par les petits bonheurs et les grandes tragédies, découvrez le destin d'une femme qui, sans rien cacher de sa vie, a su garder son mystère.
Sommaire : Introduction * La plus grande actrice du siècle ? * De Heidi à Sissi * Les hommes d'une vie * Annabella, Hélène, Marie et les autres * Star adulée, mère comblée, femme traquée * Noir, impairs et manques * Annexes
Le 24 novembre 2009 : Enfin reçu !! Vous noterez par ailleurs que le titre a légèrement changé. Mon avis : Beau livre pour un mini-prix (mais il fait le maximum !). Des photos toutes les pages et une mise en page par chapitre qui semble un peu innovante à première vue (et en attente de lecture...). Les photos sont de très belles qualité ainsi que le papier. Par ailleurs, chaque page de gauche a une impression de Romy dans "Boccace 70" qui fait vraiment un bel effet.
Sarah Biasini et Salomé Lelouch assurent la promotion de la pièce "Qu'est-ce qu'on attend ?". Elles étaient les invitées de Samuel Etienne pour son émission "7 à voir" du 22 novembre 2009 sur France 3.
La rencontre s’était déroulée quelques mois plus tôt : un grand cinéaste, Henri-Georges Clouzot, allait diriger une star montante, Romy Schneider, 26 ans, révélée par Sissi , rôle dont elle cherchait à s’affranchir. Le projet s’appelait L’enfer. Une histoire de jalousie maladive et obsessionnelle.
Nous étions en 1964. Les extérieurs avaient débuté dans le Cantal, mobilisant près de 400 personnes. En clair, une superproduction à la française. Et puis les ennuis s’amoncellent. Le retard. Le lac servant de décor devant bientôt être asséché. La colère de Reggiani, qui abandonne le plateau. Et enfin le malaise cardiaque de Clouzot. L’enfer se retrouve suspendu. Il ne reprendra jamais et le film deviendra un mythe.
Et puis, l’an passé, Serge Bromberg, qui dirige Lobster Films (société de restauration), se décide à contacter Inès, la veuve de Clouzot. Chaque demande précédente s’est soldée par un refus, mais le courant passe. Inès accepte de lui ouvrir ses malles : 185 bobines représentant quelque treize heures de rushes. Aucune trace du son, en revanche, visiblement perdu. Mais les essais avec Romy sont là. Ils témoignent du génie visionnaire de Clouzot et de cette «cinégénie» unique qui caractérisait l’actrice.
Pour ce film, le cinéaste avait les pleins pouvoirs. La Columbia lui avait donné un budget illimité. Il ne s’en prive pas et se lance dans une série d’essais sur l’image, tentant de traduire visuellement la dérive mentale que subit le héros du film à cause de sa jalousie. Sur pellicule, cela confine au délire. Des plans hypnotiques, fantasmatiques, dévoilant une Romy sensuelle ou dérangeante. Plus loin, des jeux de lumière, des effets de miroirs, des inversions de couleurs, etc.
Lecture de scènes du film Il va sans dire que Bromberg a dû avoir un choc en visionnant cela. Le même choc que nous pouvons ressentir en découvrant le documentaire qu’il en a tiré. Sobrement titré L’enfer d’Henri-Georges Clouzot, il raconte cette odyssée et laisse entrevoir ce qu’aurait pu être ce probable chef-d’œuvre. Pour affiner sa démarche, Bromberg convoque quelques rares témoins survivants de cette entreprise, qui, au final, laissera à la Columbia une ardoise de 5 millions de francs. Pour éclairer le récit, il demande à deux comédiens, Bérénice Bejo et Jacques Gamblin, de lire des scènes du film dans un décor nu. C’est de loin la moins bonne idée de ce métrage. Leur jeu n’a que peu de consistance et leur présence est éclipsée en un quart de seconde par n’importe quel gros plan d’une Romy totalement inédite !
Comédie écrite et mise en scène par Salomé Lelouch, avec Rachel Arditi, Benjamin Bellecour et Sarah Biasini.
Réunis dans la maison familiale pour faire l’inventaire des tableaux de leur père âgé et dont la mémoire s’enfuit, deux sœurs et un frère aux parcours et aux caractères très différents cherchent à en savoir plus sur une partie obscure de leur passé, tout en réglant au passage quelques comptes entre eux.
Salomé Lelouch imagine et met en scène des retrouvailles familiales. Sur le thème des relations fraternelles et des secrets, "Qu’est-ce qu’on attend ?" est un brillant et haletant scénario aux dialogues percutants, très cinématographique. L’impression est encore renforcée par le décor très réussi de Sarah Bazennerye qui laisse apparaître l’extérieur, et par tous les contrechamps et personnages qu’on ne voit pas mais qu’on imagine (derrière la porte, au bout du téléphone…) Efficace, la musique (signée Pad) met en valeur à la fois les ingrédients de la légèreté et du suspense.
Les trois interprètes sont tous remarquables dans des registres différents. Rachel Arditi donne le rythme avec une vivacité et un abattage impressionnants. Elle est parfaite en jeune femme moderne. Sarah Biasini, quant à elle, irradie totalement le plateau. Elle donne à son personnage toute la complexité d’une femme devenue sans doute mère trop vite. Enfin Benjamin Bellecour est un frère agaçant et attachant à la fois, plein de cynisme et de charme ; il livre une prestation impeccable.
Très belle surprise donc que cette pièce de Salomé Lelouch, remarquablement mise en scène, qui touche au cœur. Et si finalement ce qu’on attendait n’était pas de retrouver cette part d’enfance enfouie ? Et ce qui est finalement le secret le plus précieux que retrouveront ces trois-là, tout comme le lien fraternel qui les lient au fond plus qu’ils ne pouvaient le supposer...
Il existe des films maudits, véritables objets de culte auxquels rêvent de nombreux cinéphiles fous, recherchant désespérément quelques bribes d'images, rêvant face aux reconstitutions de quelques monteurs qu'ils auraient pu avoir s'ils avaient été mené à terme. On n'en connait certains qu'à travers l'histoire rocambolesque de leur tournage. Et certains ont simplement disparu. "L'Enfer" de Clouzot fait parti de cette catégorie. Son histoire est insensée et chaotique. Et pratiquement impensable. Si aujourd'hui ce film est pratiquement oublié, à l'exception d'une partie de la cinéphilie la plus acharnée, il mérite pourtant qu'on y revienne et le documentaire de Serge Bromberg fait merveille.
Réalisé en 1963 en plein pendant une révolution cinématographique, la Nouvelle Vague, "l'Enfer" cherchait à bouleverser le cinéma d'une autre manière. Henri-Georges Clouzot, cinéaste génial encore célébré aujourd'hui pour ses Diaboliques, son Corbeau ou le Salaire de la peur, mais à l'opposé du style des Godard, Truffaut ou Rivette qui sévissaient alors, visait un renouveau stylistique visuel et sonore. Passionné d'art - on le voit avec Le Mystère Picasso - il obtint un budget illimité de la part de la production pour réaliser un film sur une histoire simple basée sur la jalousie mais formellement novateur avec des expériences plastiques inspirées par l'art cinétique et couplées à une bande son qui tendrait vers la musique concrète naissante.
Romy Schneider, qui voulait dans se film laisser de côté son image d'impératrice lisse, accompagnée de Serge Reggiani, Dany Carrel ou Mario David figuraient au casting de ce qui s'annonçait comme le film de la décennie. Malheureusement, rien ne s'est passé comme prévu. Au bout de trois semaines (sur les 18 envisagées), le tournage s'interrompit brusquement car l'artiste devenu incontrôlable (conflit avec Reggiani qui avait quitté le tournage depuis quelques jours déjà, tensions avec Schneider et toutes les équipes techniques qui ne comprenanient pas où voulaient en venir Cluzot) eut un malaise cardiaque en plein milieu d'une scène. Les bobines furent mises sous scellés et à cause de problème de droits, les 13 heures de rushes sont restées invisibles pendant 45 ans. Seules quelques minutes ont pu être dévoilées par Fréderic Mitterrand à l'occasion du 10ème anniversaire de la mort de Romy Schneider en 1992 (images qui ont fortement inspirées Michel Gondry peu de temps après pour le clip d'Etienne Daho, "Les Voyages immobiles").
45 ans plus tard, Serge Bromberg, dénicheur de merveilles, fondateur de Lobster films et que les amateurs de films de la RKO voient régulièrement dans les préface des DVD édités chez Montparnasse, parvient à récupérer les droits de cet objet fantasmatique. Il visionne les documents et il se décide à montrer ces bribes d'images miraculeusement retrouvées mais muettes ainsi qu'une bobine d'essais sonores, dans ce documentaire où il revient sur le tournage de ce film, les relations entre les interprètes et le cinéaste ainsi que sur les problèmes survenus et le mystère global qui entoure l'œuvre. À l'aide de témoignages de personnalités ayant participé au film, il remonte aux sources de cet objet indéterminé, laissant encore planer de nombreuses zones d'ombre.
Des images du film, ce qu'on peut en dire c'est qu'elles sont éblouissantes et la frustration de ne pas avoir l'œuvre achevée est encore plus intense. Certains les trouveront trop rares dans l'heure et demie de film par rapport aux 13h de rush retrouvées mais quand on sait que Clouzot a filmé parfois pendant plusieurs heures les lèvres de Schneider pour des plans qui auraient pu n'être que des inserts d'une ou deux secondes dans le rendu final, on peut se contenter amplement des quelques minutes dont il nous gratifie. Symétries parfaites, jeux visuels étonnants, noir et blanc exceptionnel, technique jamais vue, tout laisse rêveur : un film qui aurait eu 20 ans d'avance s'il était sorti. Malheureusement la musique n'a jamais été écrite (la magnifique partition entendue sur les images a été composée pour le documentaire), et on ne saura jamais quelle utilisation véritable Clouzot aurait fait des images et du son.
À ceux qui penseraient au film de Chabrol, "L'Enfer", précisons qu'il s'agit bien d'une adaptation du scénario de Clouzot mais qui étonnamment n'est jamais mentionné dans le film de Bromberg. Un autre mystère non résolu !