Les confessions intimes de Romy Schneider
Un entretien accordé en 1976 par la star à la journaliste Alice Schwarzer sert de fil rouge à un documentaire poignant diffusé ce mercredi 31 janvier 2024 à 21h sur la chaîne Le Figaro TV Île-de-France
La nuit est tombée sur Cologne en ce 12 décembre 1976, quand Romy Schneider entre dans le petit bureau d'Alice Schwarzer. Cette journaliste, qui prépare la sortie d'un nouveau magazine féminin, a rencontré la star cinq ans auparavant pour lui demander de signer un manifeste exigeant des pouvoirs publics la légalisation de l'avortement. De ce paraphe, qui a été immédiat, sont nées une complicité intellectuelle, une amitié sans faille et une confiance, à l'origine d'une confession, fil conducteur de ce documentaire réalisé par Patrick Jeudy et narré par Denis Podalydès, de la Comédie-Française.
Plusieurs heures durant, ce n'est pas la star mais la femme qui se confie comme jamais. Avec son accord, ces confessions ont été enregistrées sur une cassette qui, dès le lendemain matin, a été enfermée sous clés dans un tiroir.
Un passé encombrant
Alice Schwarzer a en effet jugé qu'il n'était pas question de rendre public un dialogue aussi intime. Il lui a fallu trente-cinq ans pour changer d'avis et faire de ce document sonore le fil conducteur de Conversation avec Romy Schneider. La journaliste revient devant la caméra de Patrick Jeudi sur cette nuit unique lors de laquelle la star a levé le voile sur la femme qu'elle était. Le désespoir moral de Romy est alors aussi évident que poignant. À 38 ans, au sommet de sa gloire, celle qui est alors le symbole de la femme moderne et libérée évoque des images qui, loin des caméras, n'ont jamais cessé de hanter sa vie. Elle se souvient, avec horreur, du moment où elle a compris que Magda, sa mère, actrice elle aussi, avait été extrêmement proche des nazis. Pendant la guerre, elle s'est rendue à plusieurs reprises à Berchtesgaden, au Berghof, la résidence secondaire de Hitler. Sa fille se demande même, la gorge serrée, si sa mère n'a pas flirté avec le chancelier du Reich. Prise dans un tourbillon médiatique depuis le tournage, à 15 ans, de son premier film, elle n'a jamais trouvé le temps de se poser les vraies questions sur ce qu'elle appelle un passé "encombrant".
Son rêve le plus cher
Romy Schneider ne manque pas d'évoquer son dégoût pour un beau-père, hôtelier et chef cuisinier, qu'elle appelait "Daddy", au bras duquel, tout sourire, elle a monté les marches du Festival de Cannes. Quelque temps seulement après son mariage avec Magda, celui-ci a tenté d'abuser d'elle.
Elle est parvenue à lui échapper en s'enfermant dans les toilettes de la maison familiale. Elle dit son écœurement pour une presse que l'on n'appelait pas encore people, qui, en Allemagne, n'a jamais cessé de l'insulter, de la traquer, avec l'espoir de trouver la matière d'un scandale susceptible de faire exploser les ventes. Surtout après qu'elle a refusé de tourner le quatrième volet de "Sissi". Elle se remémore enfin une histoire d'amour avec Alain Delon qui s'est transformée en une amitié éternelle. C'est grâce à lui que, dans "La Piscine", elle a pu lever un coin du voile sur son véritable visage : celui d'une femme toujours sensuelle mais qui moralement avait mûri. Elle a alors formé le vœu de mener une vie heureuse, sans le moindre tourment. Le destin ne lui a pas permis de concrétiser ce qui était sans doute son rêve le plus cher.
Par Jacques Pessis
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