Source : Le Parisien - 17 juin 2022
Le comédien s’est éteint vendredi à 91 ans. Il a été un mythe pendant plus d’un demi-siècle, au cinéma comme au théâtre.
Il aura marqué l’histoire du cinéma français et tourné avec les plus grands. L’acteur Jean-Louis Trintignant, comédien depuis les années 1950, présent notamment dans le cinéma d’auteur, et pilote automobile, s’est éteint à l’âge de 91 ans, a annoncé son épouse Mariane Hoepfner Trintignant via un communiqué transmis par son agent à l’AFP, ce vendredi.
De cette génération de géants qui disparaît comme si toute une époque allait baisser le rideau, certains ont démarré tard, comme Noiret, Piccoli, Galabru, Marielle ou Rochefort. On ne les remet pas jeunes. D’autres ont finalement ralenti assez tôt, comme Belmondo, qui a tourné ses ultimes chefs-d’œuvre à la cinquantaine, voire Delon, de plus en plus rare à partir de cet âge-là aussi. Et il y a Trintignant, éblouissant à 25 ans dans "Et Dieu créa la femme", bouleversant à 80 ans passés dans "Amour".
Une ligne de vie différente, brisée souvent, mais qui ne cède jamais. Il monte sur scène comme à cheval, et ne dételle jamais dans un rodéo qui l’empêchera toujours de sombrer malgré les épreuves. Avec l’amour comme fil rouge du début à la fin, de la folie des sens du brûlot passionnel de Roger Vadim avec Brigitte Bardot en 1956, à la folie de vieillir et de mourir de l’élégie de Michael Haneke en 2012. Deux films de couples, à l’aube et au crépuscule, l’un de jeunots, l’autre de vieillards, et à plus d’un demi-siècle d’écart, Jean-Louis Trintignant y est d’une justesse absolue.
On parle peu du vieillissement des hommes au cinéma. Lui a merveilleusement tenu, mieux et plus qu’aucun autre. Il a su vieillir comme un visage éclairé différemment par le soleil à différentes heures du jour ou de la vie. Il a même su vieillir jeune. Dans "Trois couleurs : rouge", de Kieslowski, en 1994, l’acteur n’a après tout que la soixantaine, mais son visage est déjà très marqué, vingt ans avant "Amour", dans ce rôle d’un juge aigri et solitaire à la retraite qui espionne ses voisins et à qui une jeune femme, jouée par Irène Jacob, va redonner le sens de la vie. Son visage est un livre qui a vécu, à l’image de la bibliothèque de sa maison dans le film, avec ses reliures dorées, ses peaux magnifiques et bronzées par le temps, son cuir dur et doux à la fois. Les rides du visage comme celles de la main, routes d’un roman ou du temps.
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