Source : CNC - 12 mai 2022
[...]
L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot (1964)
Bien qu’inachevé, cet "Enfer" d’Henri-Georges Clouzot appartient à la mythologie du cinéma. Le remake de Claude Chabrol en 1994 avec François Cluzet reprenant le rôle de Serge Reggiani et un documentaire sur son tournage houleux signé Serge Bromberg et Ruxandra Medrea ("L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot", 2009) en ont durablement perpétué la mémoire. Une séquence hante celles et ceux qui ont vu les rares images du film, celle de Serge Reggiani courant à en perdre haleine sur une route du Cantal sous un soleil écrasant.
Sur le visage de l’acteur à bout de souffle se lit la détresse d’un homme qui donne tout à un réalisateur dont il va pourtant contester les méthodes de forçat. L’Enfer est l’histoire d’une jalousie maladive, celle du propriétaire d’un hôtel (Serge Reggiani) envers sa femme (Romy Schneider).
L’homme est persuadé que son épouse fait tourner toutes les têtes. Chaque passage d’un train sur le viaduc déclenche des crises. Serge Reggiani fait littéralement surgir la violence intérieure de son héros à l’écran. La rage et les délires du personnage se matérialisent par des images expérimentales en couleurs (le reste du film est en noir et blanc) où Romy Schneider devient une femme fatale encerclée d’un jeu de lumière démentiel. L’infarctus d’Henri-Georges Clouzot en plein tournage va malheureusement sceller le sort maudit du film.
On peut supposer que Serge Reggiani tenait là l’un des rôles les plus intenses de son imposante filmographie. Cela reste à jamais un fantasme cinéphile.
[...]
Commentaires