Source : France Culture - 24 mai 2022
Nous commémorons cette semaine les 40 ans de la disparition de Romy Schneider. Faustine Saint-Geniès, auteure et journaliste nous explique les raisons de l'attachement toujours vivace du public pour l'actrice.
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"Affaire en cours" sur France Culture - 24 mai 2022
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Le 29 mai 1982, l’actrice surnommée «La Fiancée de l’Europe» meurt dans des circonstances encore troubles, à seulement 43 ans. Sa vie personnelle et sa carrière professionnelle sont toutes deux marquées par une succession de grands écarts, entre bonheur et dépression d’un côté, films à l’eau de rose et cinéma d’auteur de l’autre. Celle qui faisait l’objet d’une admiration absolue de la part du public semblait être constamment insatisfaite de son travail. Pour en savoir plus sur Romy Schneider, Marie Sorbier s’est entretenue avec Faustine Saint-Geniès, journaliste au magazine So Film et autrice d’une biographie dédiée à l’actrice.
Icône intemporelle
Pourtant décédée il y a de cela quatre décennies, l’iconique interprète de Sissi l’Impératrice règne toujours sur le cœur du public français. En effet, certains signes ne trompent pas, « Romy » serait toujours l’un des prénoms les plus donnés en France, par des parents qui par ailleurs sont nés après le décès de l’actrice. Alors comment expliquer cet attachement du public pour Romy Schneider ?
«Il y a un attachement affectif à Romy Schneider, car c’est elle qui nous accompagnait à Noël lorsqu’était diffusé Sissi à la télévision. Et puis elle est symbolique des années 70, elle représente la femme fatale dans "La Piscine", celle que tous les hommes auraient aimé séduire et celle à laquelle toutes les femmes auraient aimé ressembler. Aujourd’hui il y a une réelle nostalgie de la quintessence que représentait Romy Schneider.» Faustine Saint-Geniès Lorsque l’on évoque Romy Schneider, on a souvent l’impression qu’il est impossible de dissocier sa carrière de sa vie personnelle. Cette porosité entre la vie et l'art s’est instaurée dès son plus jeune âge lorsque sa mère, actrice renommée du cinéma parlant de l’entre-deux guerres, l’a incitée à jouer sa fille dans l’un de ses films.
«Dans "Quand refleuriront les lilas blancs" Romy Schneider a su accrocher la lumière avec son petit visage poupon, elle incarne un vent de fraîcheur. Puis on lui propose rapidement de nombreux films à l’eau de rose, dont les Sissi*. Elle tombe dans le cinéma toute petite, grandit avec lui et échange même son premier baiser de jeune fille à l’écran.* On ne peut dissocier la vie intime de Romy Schneider de ses films, parce qu’elle vit chaque rôle qu’elle joue, elle s’y abandonne.» Faustine Saint-Geniès
Malheurs et mystères
Si nous sommes nombreuses et nombreux à avoir grandi avec les films de Romy Schneider, au point de penser tout connaître d'elle, l’actrice était toutefois assez mystérieuse. Ainsi, ses biographes se surprennent parfois à découvrir des choses que l’on ne savait pas encore à son sujet : «Dans la biographie que lui a dédié la journaliste allemande Alice Schwarzer en 2018, on apprend que Romy Schneider a subi des agressions sexuelles de la part de son beau-père, ainsi qu’un certain nombre de choses que l’on voit autrement aujourd’hui. Enfant star propulsée dans les films, elle a été abîmée, et ce n’est qu’aujourd’hui que nous avons le recul nécessaire pour se rendre compte de tout ça. » Faustine Saint-Geniès Autre fait méconnu, la «Fiancée de l’Europe» s’est aussi essayée au cinéma américain, avec des degrés de réussite aussi inégaux que surprenants pour une actrice de sa trempe : «Kirk Douglas lui propose un contrat qu’elle est obligée de refuser à cause de Sissi. L’année suivante, elle passe une audition pour les studios Disney mais se heurte à un univers qu’elle ne connaît pas du tout et rate sa chance. Elle se retrouve comme une gamine, à l’anglais hésitant, face au producteur, perd ses moyens et échoue.» Faustine Saint-Geniès
Ce n’est qu’au début des années 1960 que Romy Schneider retourne à Hollywood et y fait son entrée par la grande porte, grâce à son premier rôle dans "Le Procès" (1962) d’Orson Welles. Néanmoins, elle ne se sent pas à l’aise lors des tournages du fait du grand écart de technique entre américains et européens : «Elle se heurte aux méthodes qui ne sont pas les siennes. Elle est habituée aux fulgurances à chaque scène, alors que les acteurs face à elle analysent le rôle, l’explorent, l’interprètent. Les acteurs ne communiquent pas, sont emmurés dans leur rôle et leur technique, ils jouent côte à côte mais pas ensemble. C’est un nouvel échec pour Romy Schneider qui ne s’y retrouve pas.» Faustine Saint-Geniès
Pour en savoir plus sur la mystérieuse et regrettée Romy Schneider, retrouver "Romy Schneider, les actrices se brisent si facilement" de Faustine Saint-Geniès aux éditions Capricci Stories.
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