Source : La Gazette du Théâtre - 26 janvier 2022
"Un visiteur inattendu"
Texte Agatha Christie
Mise en scène : Frédérique Lazarini
L’histoire :
En 1958, poussée par son producteur Peter Saunders, Agatha Christie écrit la pièce originale "Le Visiteur inattendu" en quatre semaines seulement. La première a lieu le 12 août 1958 au Duchess Théâtre de Londres sous la direction d’Hubert Gregg. La pièce est un succès critique si bien que la reine Élisabeth II assiste à une représentation en février 1959.
«Le visiteur inattendu» est une pièce de théâtre policière originale qui fait partie des quelques pièces écrites par Agatha Christie en 1958 plutôt connue pour ses romans et ses nouvelles.
Comme un polar, la pièce débute pratiquement sur le crime. Un homme en fauteuil roulant est mort, sa femme (Sarah BIASINI) tient un pistolet encore braqué sur lui. Un inconnu (Cédric COLAS) pénètre alors dans la demeure, il vient pour demander de l’aide. Devant la charmante et fragile Laura Warwick, c’est lui qui en propose.
Très tôt, on apprend à connaître la victime : méchant, alcoolique, homicide, son sort nous laisse assez indifférent. Il mériterait même ce qui lui arrive et on en viendrait presque à ne pas vouloir que le mystère soit résolu pour préserver le coupable. D’ailleurs, l’inspecteur Thomas (Stéphane FIÉVET), le «Hercule Poirot» de la pièce, a bien du mal à élucider cette affaire.
Il aimerait en savoir un peu plus sur l’entourage de la victime : sa femme, son frère (Pablo CHERREY-ITURRALDE), sa mère (Françoise PAVY), son infirmière (Emmanuelle GALABRU) ou son garde malade (Antoine COURTRAY). Tous de potentiels coupables…
Meurtre, mensonge, adultère, et humour british : tous les ingrédients de la «Reine du Crime» sont présents pour concocter ce cocktail théâtral.
Les comédiens n’épargnent pas leur voix pour servir ce spectacle! Mentions spéciales à Pablo CHERREY-ITURRALDE et Cédric COLAS qui ont construit des personnages très réalistes dans des styles très différents. Le premier parvient à interpréter un adolescent psychotique, et à tenir la performance sur la durée, de manière très convaincante. Il est le centre émotionnel du spectacle et sa performance est convaincante. Le second, dessine en ligne claire un personnage de méchant veule qui semble sorti d’un album de Blake et Mortimer.
A la mise en scène, Frédérique Lazarini a choisi de mêler un décor volontairement désuet : fausse bibliothèque, tapis en peau de panthère, porte cachée dans le mur, a une scénographie presque cinématographique : des vidéos omniprésentes, projetées sur les rideaux ou les murs, des effets de lumières soulignant chaque moment fort, ou des effets sonores qui soulignent des pics de suspens ou émotionnels. Elle fait partie de ces metteurs en scène qui produisent un théâtre hybride, semblant en transition vers un cinéma de chair et d’os. D’ailleurs, au moment des saluts l’attention du spectateur et partagée entre les acteurs et un générique final en noir et blanc de vieux films hollywoodiens, projeté sur le côté du plateau
Frédérique Lazarini, sur les pas d’Agatha Christie, sait nous intriguer dès le début : pour qui est cette chaise laissée vide dans le public ? Serait-ce pour la reine Élisabeth II qui viendrait assister une nouvelle fois à représentation après être venue à une des premières en 1959 ? Chut !…
Pour le savoir, il faut voir la pièce !
Par Pascal Olivier
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