Source : Le mille-pattes.com - 06 novembre 2017
Le Théâtre de l’Atelier propose actuellement la découverte d’une très belle pièce, « Modi » de Laurent Seksik.
Dès les premiers instants, nous nous retrouvons dans l’appartement d’artiste d’Amedeo Modigliani et de sa compagne Jeanne. Sarah Biasini et Stéphane Guillon incarnent à la perfection ces deux personnages complexes. Une histoire d’amour forte. L’art et la folie créatrice se conjuguent au présent.
Ils sont comme des siamois. Semblables. Inséparables. Et si différents.
En 1917, Modigliani est un peintre en quête d’une reconnaissance qui peine à venir. À Montparnasse, il côtoie d’autres artistes de sa génération. Kisling, Apollinaire, Picasso ou Soutine. Ils sont jeunes et brillants. Paris leur appartient.
Amedeo vit avec une femme depuis peu. Elle s’appelle Jeanne Hébuterne. Elle devient sa muse. Avec lui, Jeanne partage tout. Ses angoisses, ses doutes sur son devenir. Il ne croit plus en rien. Un jour, elle s’émerveille devant un paysage qu’il a réalisé. Elle le trouve beau, puissant. La toile a une âme réelle. Amedeo pense le contraire. Il est voué à la mort si son imagination n’est pas plus inspirée.
Autour du couple, deux autres protagonistes sont importants. D’abord la mère de Jeanne, Eudoxie, très inquiète pour sa fille. Elle ne comprend pas son choix. Pourquoi s’est-elle éprise d’un homme alcoolique et instable ? Jeanne ne l’entend pas. Elle vit pour Modigliani et décide d’arrêter de peindre. Selon la jeune femme, il est un dieu du pinceau. Elle se sacrifie pour jouer le rôle d’une épouse attentive et compréhensive. Elle n’exploite plus son propre talent.
Léopold Zborowski est marchand d’art. Ami d’Amedeo, il l’aide à vendre ses tableaux. Les difficultés sont nombreuses. Modigliani intéresse peu les collectionneurs.
Amedeo est tuberculeux. Il est exempté de service militaire et ne peut donc se rendre sur le front durant la Première Guerre mondiale. Il se sent faible et inutile.
Avec Jeanne et Eudoxie, il fuit Paris pour Nice. La Côte d’Azur lui redonne une assurance certaine. Il est conquis par la lumière méditerranéenne. Jeanne lui annonce qu’elle est enceinte.
Une obsession s’empare alors de lui ; celle de retourner à Livourne en Italie, ville de son enfance. Un rêve. Un songe.
Le temps passe. Modigliani n’a plus qu’un seul désir, regagner Paris. Une petite fille est née. Jeanne. Deux Jeanne attachées à la vie et un Amedeo ne pensant qu’à la mort.
L’artiste a sombré. Une fois encore. Définitivement.
Eudoxie, qu’il ne supportait pas auparavant, lui devient sympathique. Pour Amedeo, c’est le signe de sa perte. Il ne cherche plus à se battre.
Il sombre dans la drogue et l’alcool.
Jeanne, Eudoxie et Léopold veulent le sauver. En vain. La vie s’en va.
La mise en scène de Didier Long est remarquable. Les spectateurs sont plongés au cœur du Paris des années 1910. Stéphane Guillon est impressionnant de sincérité. Il est Amedeo. Sarah Biasini, Geneviève Casile et Didier Brice sont merveilleux. Soutiens indéfectibles du peintre.
L’humour noir est partout dans cette pièce envoûtante !
À voir sans modération !
Marion Allard-Latour
Commentaires